Real Madrid - Osasuna : Modric, l'inattendu cas épineux pour Carlo Ancelotti

Sa vista et la délicatesse de son extérieur du pied commencent à manquer. Luka Modric est un artiste muselé ces dernières semaines au Real Madrid. Cela ne peut pas passer inaperçu tant le milieu croate a fait la pluie et le beau temps depuis dix ans à la Maison Blanche. Le crépuscule serait-il arrivé pour le joueur de 38 ans ? L'hypothèse alimente les conversations de l'autre côté des Pyrénées. Car Modric n'a pas joué la moindre minute lors des deux dernières sorties du Real en Liga. Et il était encore sur le banc au coup d'envoi du choc face à Naples en Ligue des champions.

Carlo Ancelotti a toujours géré les minutes de son stratège, compte tenu de son activité débordante sur le terrain, de son âge avancé, et de sa présence toujours essentielle dans les grands rendez-vous. Mais la situation paraît totalement différente, surtout depuis son remplacement dès la mi-temps du derby perdu face à l'Atlético (3-1). Le temps de jeu de Modric est devenu famélique. Depuis le début de la saison, il n'a été titularisé que trois fois sur dix possibles, pour un total de 312 minutes toutes compétitions confondues. Soit une moyenne à peine supérieure à 30 minutes par match.

Une situation qui peut surprendre, au-delà de ce que représente Modric au Real. Le changement de système opéré par Ancelotti en début de saison, avec le passage à un 4-4-2 losange, a en effet ouvert un poste supplémentaire dans l'entrejeu. Malgré l'arrivée de Jude Bellingham, rapidement devenu indispensable en pointe haute du milieu de terrain, les perspectives n'étaient pas forcément à une réduction du temps de jeu de Modric. Et son niveau, encore très élevé la saison passée, n'appelait pas non plus à un éventuel déclassement dans la hiérarchie mise en place par Ancelotti.

Le Croate est essentiellement victime d'une concurrence assez démentielle dans son secteur avec Bellingham, Aurélien Tchouaméni, Toni Kroos, Fede Valverde, Eduardo Camavinga et Dani Ceballos. C'est du moins ce que l'entraîneur du Real a avancé lundi en conférence de presse. "Modric a joué en Ligue des champions, dans le derby, a-t-il rappelé. Il y a beaucoup de concurrence au milieu de terrain, il n'y a pas de problèmes avec Modric, mais je dois prendre certaines décisions, et parfois, elles ne sont pas faciles. Il y aura toujours un joueur qui sera sur le banc, on ne peut pas me demander à chaque fois pourquoi certains ont joué, pourquoi pas."

C'était à la veille du choc de Ligue des champions face à Naples, pour lequel Modric a une nouvelle fois été victime des choix d'Ancelotti. Remplaçant au coup d'envoi, il est cependant entré dans la dernière demi-heure de la rencontre. Et a été impliqué sur le but de la victoire madrilène inscrit par Fede Valverde. Mais cela n'a pas vraiment refroidi les médias espagnols au sujet du cas du Croate. Un départ au mois de janvier a ainsi été évoqué dans l'émission El Chringuito pour le milieu madrilène si sa situation n'évolue pas.

Ancelotti a réfuté cette hypothèse. "Il ne partira pas en janvier, a-t-il insisté vendredi devant la presse. Je parle à Modric tous les jours parce que je le vois tous les jours. Il est évident qu'il n'est pas heureux de ne pas jouer, parce qu'il a joué toute sa vie. Mais il est toujours enthousiaste à l'idée d'apporter quelque chose à l'équipe. Ce que Modric apporte au vestiaire, personne d'autre ne peut l'apporter, il a un charisme impressionnant dans le vestiaire. Pour ses coéquipiers, il est fondamental et bien sûr, quand il ne joue pas, cela affecte Modric et ceux qui aiment Modric, les fans, les coéquipiers, l'entraîneur... qui l'aiment beaucoup".

Le contexte pourrait favoriser un retour du Croate dans le onze de départ du Real pour la réception d'Osasuna samedi. David Alaba venu rejoindre Eder Militão à l'infirmerie, Nacho suspendu, Ancelotti se retrouve avec un seul défenseur central de métier, Antonio Rüdiger. Il a indiqué vendredi la possibilité de faire redescendre Aurélien Tchouaméni d'un cran pour évoluer en charnière, ce qui libérerait un poste au milieu de terrain, éventuellement pour Modric. Mais l'entraîneur madrilène a aussi évoqué l'option Ferland Mendy pour compenser l'absence d'Alaba.

Il appartiendra au technicien italien de faire son choix. Et peut-être de relancer un monument du Real, club dont Modric porte les couleurs depuis 2012 et avec lequel il a remporté cinq titres de champion d'Europe. Histoire d'apaiser les tensions autour d'un cas épineux qui pourrait bien ternir la fin de la fabuleuse aventure du Croate dans la capitale espagnole, où son contrat expire en juin prochain.