La Liga - "Il mérite de jouer" : au FC Barcelone, la classe de Lamine Yamal ne compense pas la tristesse du cas Ansu Fati

Pour faire plaisir à son ami, Lamine Yamal a fait un peu peur à tout le monde. Ce mercredi soir, dans les toutes dernières minutes de l'autre quart de finale aller de Ligue des champions de la soirée, le prodige du FC Barcelone s'est mis à faire de grands gestes en direction du banc quelques instants après avoir scellé la victoire en marquant le but du 4-0. Dans les travées de Montjuïc, on touchait du bois pour que l'ailier, devenu au coup d'envoi le premier joueur à disputer 20 matches de Ligue des champions avant ses 18 ans, ne soit pas blessé.

Tout prit sens dans la foulée, lorsque ce fut son "grand ami" Ansu Fati qui le remplaçait. Cinq ans que l'Europe n'avait pas vu le revenant en phases finales de la plus belle de ses scènes. Et comme un fantôme, un vrai, son visage toujours aussi poupon donnait l'impression d'être figé dans le temps. Comme s'il n'avait pas pris une ride, depuis quatre ans qu'il n'est que l'ombre de lui-même. "C'était une bonne chose que Lamine puisse se reposer, et que Ansu Fati puisse jouer, a expliqué l'entraîneur du FC Barcelone Hansi Flick après la rencontre. C'est important pour lui d'avoir des minutes de jeu, il s'entraîne bien et mérite de jouer."

Cela faisait un moment qu'il n'en avait pas eu : toutes compétitions confondues, l'Allemand n'avait plus fait appel à lui depuis début janvier, face aux amateurs de Barbastro en Coupe du Roi pour une petite demi-heure en fin de match. Alors même les abonnés étaient surpris de son entrée, même un peu émus pour beaucoup, et se sont levés pour lui offrir une ovation. Lui qui avait fait le choix cet hiver de rester dans son club formateur, alors même qu'il aurait reçu des offres et était poussé vers la sortie, était enfin récompensé.

Quelques jours avant la rencontre, Mundo Deportivo rapportait que l'ancien wonderkid de la Masia était "psychologiquement détruit", et aurait fini par accepter de quitter son club de cœur cet été. Le staff du FC Barcelone ne le trouverait pas au niveau physiquement, selon Relevo. Lui qui était si explosif avant sa déchirure du ménisque en 2020 ne semble jamais avoir retrouvé ce qui le rendait insaisissable. Malgré tout, pour sa persévérance, Montjuïc en a fait sa coqueluche. Plusieurs fois cette saison, tout un stade a attendu de le voir enfiler ses protège-tibias et son maillot toujours floqué du numéro 10, comme si rien n'avait changé.

Et ces derniers mois, les quelques fois où Ansu Fati est parti s'échauffer pour du beurre, rappelé par Hansi Flick et son staff à se rasseoir, les Blaugranas ont copieusement sifflé le coach qui a refait d'eux une équipe qui compte en Europe. Sûrement savent-ils, au fond, que ce club a une sorte de dette envers ce joueur. Que son utilisation excessive à un âge adolescent est certainement l'une des raisons de la blessure qui lui a coupé les ailes. Il en est même devenu une sorte de jurisprudence, qui suscite les inquiétudes quand les compteurs de matches de Yamal, et Pau Cubarsi approchent les 50 matches.

Et malgré tout, lui n'a gardé aucune rancune, ni superstition sur son destin. Si ce n'est d'être un peu déçu de ne jamais se voir sur les images des entraînements partagées sur les réseaux sociaux du club. Selon Mundo Deportivo, il serait souvent le meilleur aux exercices de tirs, sans jamais être mis en avant. Heureusement pour lui, Ansu Fati a des amis suffisamment puissants dans le vestiaire pour souffler au coach de lui laisser sa chance. Et qui sait, peut-être même assez pour remettre une pièce dans la machine.