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Le monde amateur face à la crise : "On va tous être dans la merde"

Martin Mosnier

Mis à jour 11/04/2020 à 09:49 GMT+2

Alors que le monde professionnel doit faire face à la suspension des droits télé, la crise risque d'être au moins aussi violente dans le football amateur. Deux présidents de clubs de National 2 nous ont exprimé leur grosse inquiétude, et somment la FFF de mettre fin au championnat pour y voir plus clair.

Les Herbiers lors de la Coupe de France 2018

Crédit: Getty Images

Les droits télés suspendus, un mercato qui s'annonce atone : le football professionnel va subir une crise économique dévastatrice. Si le haut du panier va souffrir, la base va, au moins, autant trembler. Le monde amateur est secoué de toutes parts depuis que la pandémie de Covid-19 a mis à l'arrêt la France et son économie. Ici, ce ne sont pas la suspension des droits télé qui angoissent les présidents, mais l'arrêt du mécénat. Le budget des clubs de National dépend de près de 50% du sponsoring. Si les entreprises ne tournent plus, le football des divisions inférieures aura beaucoup de mal à survivre.
"Nous sommes un club partenaire avec beaucoup d'entreprises importantes", nous renseigne Michel Landreau, président du club des Herbiers, pensionnaire de National 2 et finaliste de la Coupe de France 2018. "On ne peut pas connaître leur niveau d'engagement pour la saison prochaine et ce n'est pas le moment de les interroger. On ne sait pas si, la saison prochaine, ils nous donneront 10 000, 50 000 euros ou rien du tout. On n'a aucune visibilité. Les entreprises souffrent énormément et dans ce cas-là, ce qu'on coupe en premier, c'est le mécénat et la communication. Donc on est en première ligne." "On va tous être dans la merde", résume efficacement François Clerc, ancien joueur de l'OL et des Verts devenu président du club d'Andrézieux, en National 2 et dont le budget dépend à 50% du mécénat.

Le risque de "metttre la clé sous la porte"

Pour répondre à l'angoisse de présidents dont les entreprises sont elles aussi touchées de plein fouet par la crise, Noël Le Graët a précisé dans L'Equipe qu'il travaillait à "mettre en place un fonds de solidarité pour le début de saison prochaine." Car ce n'est pas le court mais le moyen terme qui risque d'être fatal aux clubs de National. "J'espère que la FFF prévoit un temps de latence pour qu'on puisse se retourner, on ne peut pas s'engager sur des budgets de l'année prochaine. C'est l'avenir qui est angoissant", continue Landreau. "Si les partenariats ne se renouvellent pas et qu'on engage des budgets au-delà de ce que l'on peut faire, on n'ira pas loin et on risque de mettre la clé sous la porte."
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Les infrastructures du club d'Andrézieux

Crédit: Getty Images

Un des gros sujets qui animent les clubs est, évidemment, celui des contrats de joueurs. Si un grand nombre d'entre eux s'achèvent le 30 juin, d'autres courent sur une saison supplémentaire. Mais de nombreux clubs qui se sont engagés sur cette voie craignent de ne pouvoir honorer ces contrats signés quand tout allait pour le mieux. "La FFF doit aider les clubs à rompre les contrats sur deux ans pour éviter d'aggraver les situations", préconise Landreau.
Nous sommes les seuls à prendre notre temps
Alors que la plupart des sports ont mis fin à la saison de leurs divisions amateurs (et parfois professionnelles), le football fait exception. L'attentisme de la FFF crispe certains présidents, qui voudraient en finir. "Nous sommes les seuls à prendre notre temps", peste François Clerc. "La plupart de nos joueurs sont sous contrat jusqu'au 30 juin. Ensuite, ils ont des congés payés. S'ils ne les prennent pas, il faudra qu'on les paie. On ne peut pas reprendre dans deux ou trois semaines après tant de semaines de confinement puis jouer trois fois par semaine, nous ne sommes pas des pros. Est-ce que tout le monde a envie de replonger dans la compétition vu le climat ambiant ? Les joueurs et les coaches ne sont pas trop motivés. Il faut tourner la page."
La FFF s'est donné jusqu'au 15 avril pour prendre une décision, mais "l'attente est insupportable" pour Clerc, qui poursuit : "On ne peut pas se projeter sur la saison prochaine, or c'est le plus important." En cas d'arrêt des compétitions, faut-il geler le classement ou annuler les résultats ? "Ça ne fera que des mécontents", prévient Landreau. Clerc : "Peu importe, de toute façon le championnat est faussé, l'important c'est de repartir l'an prochain." Repartir et survivre.
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Deux gros dangers guettent les clubs : la crise... et leur égoïsme

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