Les dix dérapages qui ont plombé José Mourinho au Real Madrid

LE MYSTERIEUX POUVOIR ATTRIBUE AU BARCA

Furieux après l’expulsion de Pepe en demi-finale aller de la C1 contre le FC Barcelone en avril 2011 (0-2), Mourinho se lance dans un long monologue où il souligne une connivence supposée entre le club catalan et les arbitres. "Sur chaque demi-finale, il se passe la même chose, analyse-t-il. Nous parlons d’une équipe, le Barça, absolument fantastique. Mais pourquoi le Barça a un tel pouvoir sur les arbitres ? Je ne sais pas si c’est celui de Villar (président de la Fédération espagnole de football, ndlr) à l’UEFA ou le fait de porter le nom de l’UNICEF sur leurs maillots. Je ne comprends pas. Félicitations au Barça pour son équipe, mais aussi pour son pouvoir, il doit être compliqué à obtenir. Guardiola est un entraîneur fantastique mais il a gagné une Ligue des champions dont je serais embarrassé après le scandale de Stamford Bridge. Et cette année, s’il gagne, ce sera le scandale de Bernabeu." Il écopera de 50 000 euros d’amende et de trois matches de suspension pour ses propos.

"PITO VILANOVA ? JE NE SAIS PAS QUI EST CE PITO"

Suite à la défaite de son équipe en Supercoupe d’Espagne contre le Barça, dans un contexte houleux, Mourinho se moque de Tito Vilanova, alors adjoint de Pep Guardiola sur le banc catalan. Au cours d’une échauffourée en toute fin de match retour, l’entraîneur du Real Madrid met son doigt dans l’œil de Vilanova. Et il ne se prive pas de le railler en conférence de presse. "Pito Vilanova ? Je ne sais pas qui est ce Pito". Après ces événements, Iker Casillas avait appelé Xavi pour s’assurer qu’ils n’aient aucune conséquence sur la sélection espagnole. Une attitude que Mourinho fera payer à son gardien en le mettant sur le banc des remplaçants pour le Trophée Bernabeu.

PEPE AU PLACARD AVEC CASILLAS

Pourtant considéré comme l’un des fidèles soutiens de Mourinho dans le vestiaire du Real, Pepe critique le comportement de son entraîneur vis-à-vis d’Iker Casillas, mis sur la touche au profit de Diego Lopez depuis fin janvier. "Il faut avoir un peu plus de respect envers Iker, lâche le défenseur international portugais après un succès madrilène contre Valladolid début mai (4-3). Les propos de l'entraîneur n'ont pas été les plus adéquats. Iker est une institution au Real Madrid. Dans ce club, mais aussi en Espagne. Il faut qu'il sache qu'il a le soutien des joueurs." La veille, Mourinho avait déclaré qu’il aurait "recruté Diego Lopez dès [s]a première saison au club" s’il avait pu. Dans la foulée des déclarations de son joueur, le Special One avait rétorqué dans son style caractéristique. "C'est très simple d'analyser ce qui arrive à Pepe. Son problème porte un nom et il s'appelle Raphaël Varane. C’est simplement de la frustration." Pepe n’a plus participé au moindre match du Real depuis.

UN ARBITRE ATTENDU DANS UN PARKING

Après l’élimination du Real Madrid en quart de finale de la Coupe du Roi par le FC Barcelone, Mourinho craque. Très mécontent de l’arbitrage lors du match retour au Camp Nou (2-2), il lance "Barre-toi l’artiste, puisque ça te plaît tant d’enculer les professionnels", selon les témoignages de personnes présentes aux alentours. Remonté durant la partie contre les ramasseurs de balle, coupables selon lui d’avoir permis aux Blaugrana de gagner du temps, il s’en était aussi pris violemment au quatrième arbitre. A l’issue de la rencontre, il avait même attendu l’arbitre, Monsieur Teixeira Vitienes, pour s’expliquer avec lui dans le parking. Il s’en était expliqué une vingtaine de jours plus tard en conférence de presse. "J’ai été très poli et silencieux, au vu de ce qui s’était passé auparavant. Je suis fier de m’être contenu."

LE "PLEBISCITE" DE BERNABEU

Largué par le Barça en championnat et sous pression en phase de groupes de la C1, Mourinho lance un défi aux supporters madrilènes avant le derby contre l’Atletico le 1er décembre dernier. "S’ils veulent me siffler, je serai seul sur la pelouse de Bernabeu samedi à 21h20." Cette provocation produira l’effet escompté par le coach du Real. Devant une toute petite affluence (environ 10 000 spectateurs), Mourinho sort du tunnel sous les applaudissements, quarante minutes avant le coup d’envoi de la rencontre. Conspué par les supporters des Colchoneros, il emporte néanmoins l’adhésion des fans des Merengue, même si le public clairsemé de Bernabeu diminue la portée de ce plébiscite.

LE MOU SNOBE LE BALLON D’OR

Ces deux dernières saisons, Mourinho n’a pas assisté à la cérémonie de remise du Ballon d’Or. Il a notamment prétexté un match de Coupe du Roi contre le Celta Vigo pour ne pas se présenter à Zurich en début d’année. "Je n’y serai pas. Je dois travailler, j’ai un match important avec le Real Madrid en Coupe ce mercredi." Les raisons avancées par les médias pour justifier ces absences à répétition sont bien différentes : ego touché par ses revers pour le titre de meilleur entraîneur, volonté de ne pas assister à la consécration de Lionel Messi et du FC Barcelone ou encore mauvaises relations avec ses propres joueurs. Toujours est-il qu’il brouille encore son image et celle de son club par son attitude.

"L’HUMILIATION" INFLIGEE A PEDRO LEON

Irrité par les questions des journalistes, qui se demandaient les raisons de l’absence de Pedro Leon dans le groupe pour affronter Auxerre en Ligue des champions en septembre 2010, Mourinho n’avait pas hésité à piquer le joueur formé au Real Madrid. "Pedro Leon est un excellent joueur mais il y a encore deux jours il jouait à Getafe. Il n'a pas été convoqué pour un match et on dirait qu'on parle de Maradona, Zidane ou Di Stefano." Une "humiliation" selon le quotidien généraliste Publico.

VALDANO SUR LA TOUCHE

Après la victoire du Real Madrid sur le FC Séville (1-0), Mourinho sort une liste où sont notés treize erreurs d’arbitrage de Clos Gomez (encore lui) au cours de la rencontre. Un procédé que l’entraîneur des Merengue utilisera à plusieurs reprises durant son mandat. Il en profite pour tacler Jorge Valdano, dont il finira par avoir raison. "Mon équipe a besoin d’un club qui la défend." Au terme d’une saison d’un conflit larvé avec Mourinho, le directeur sportif du Real est viré le 25 mai 2011.

LA CASTILLA DANS LE VISEUR

En réponse à des journalistes lui demandant pourquoi il ne fait pas appel à certains joueurs de l’équipe B du Real en cas de blessures dans le groupe professionnel, Mourinho se paye Alberto Toril, coach de la Castilla madrilène. "Vous devez décider si votre priorité est d’entraîner des joueurs pour l’équipe première ou si elle est de terminer en bonne position avec la Castilla", lâche-t-il en octobre 2012. Il regrette notamment que le système de jeu utilisé ne soit pas le même et que certains joueurs ne soient pas utilisés à leur poste de prédilection. Le Portugais assure alors avoir débattu de ce sujet avec Toril, mais "il a son indépendance", précise-t-il. Comme quoi, il pouvait vraiment déclencher un conflit avec tout le monde au Real.

UNE DEFAITE AU GOUT TRES AMER

Expulsé durant la finale de la Coupe du Roi, après s’en être pris verbalement à l’arbitre de la rencontre, Monsieur Clos Gomez, José Mourinho ne digère pas la défaite face au voisin de l’Atletico (2-1). Le coach du Real Madrid, qui a assisté à une partie de la seconde période et à la prolongation depuis le vestiaire, ne revient sur la pelouse de Santiago Bernabeu pour la cérémonie protocolaire. Comme Cristiano Ronaldo, il ne se présente pas sur le podium pour recevoir sa médaille de finaliste et envoie son adjoint, Aitor Karanka, pour le remplacer, à l’instar de ce qu’il a fait régulièrement pour les conférences de presse au cours de la saison.