Xavi: "Pas invincibles"

Entretien exclusif avec Xavi, élément moteur du FC Barcelone et finaliste du ballon d'or aux côtés de ses coéquipiers Andres Iniesta et Leo Messi, finalement vainqueur. Le milieu de terrain catalan savoure la période faste du Barça. Mais il reste humble.

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Crédit: Eurosport

Avec le recul, comment avez-vous vécu le Ballon d'or et le fait de figurer parmi les trois derniers prétendants?
X. : Pour moi, ça a été une très belle expérience. Je suis heureux et fier de m'être retrouvé parmi les trois meilleurs joueurs du monde. C'était un plaisir et j'ai savouré ce moment. Il y a eu un petit moment de stress avant l'annonce du résultat. C'était le mystère total, personne ne savait qui allait gagner. Et c'est Leo qui a été désigné. Pour moi, c'est juste. Il est le meilleur joueur du monde.
Vous étiez-vous imaginé avec le Ballon d'Or dans les mains?
X. : Je n'étais pas très optimiste quant à mes chances d'être Ballon d'Or. Pour être honnête, je ne me suis jamais imaginé en vainqueur. Parce que Andres avait marqué le but de la victoire en finale de la Coupe du monde, et parce que je savais que Leo recevrait beaucoup de votes. J'aurais plutôt misé sur Andres Iniesta, pour l'image de son but. Mais au final, c'est celui qui ne semblait pas favori qui a gagné. La vérité, c'est que nous avons tous apprécié ce moment, parce que nous sommes amis, nous sommes coéquipiers. Pour Barcelone, c'est une véritable célébration. Avoir trois joueurs du Barça dans les trois premiers, c'est un privilège.
Quelle a été votre réaction lorsque Guardiola a annoncé que le vainqueur était Messi?
X. : J'ai été un peu surpris, parce que la rumeur parlait surtout d'Iniesta, ou moi à la rigueur. Mais une très grande majorité parlait d'Andres. Mais encore une fois, pour moi, c'est clair, Leo est le meilleur joueur du monde.
Vous dites même que Leo pourrait devenir le meilleur joueur de l'histoire du football. Vous le pensez vraiment?
X. : Oui. Cela dépend de lui. Il a été fantastique lors des trois-quatre dernières années. Les médias disent qu'il lui manque une Coupe du monde. Mais je crois que ça tient à peu de choses, c'est aussi une question de chance. Dans chaque match qu'il joue, il montre à quel point il est extraordinaire. Il fait la différence. C'est difficile de dire s'il est le meilleur joueur de l'histoire, mais il sera dans les cinq meilleurs quand il se retirera, c'est une certitude. Il n'a que 23 ans et il a presque tout gagné. C'est un privilège de le voir jouer.
Ce match à trois pour le Ballon d'Or créé aucune rivalité entre vous trois?
X. : Non, parce que nous sommes amis. On a rigolé avec ça. Nous voulions gagner tous les trois, bien sûr. Mais c'était dans un très bon esprit. Nous savons pertinemment que nous dépendons les uns des autres. C'est un sport collectif. Les trophées individuels sont beaux mais secondaires. Le plus important, c'est ce que nous gagnons collectivement.
Le Barça parait intouchable en ce moment. Vous avez battu le record du nombre de points marqués dans un grand championnat à mi-saison.
X. : Oui, et c'est pour cela que nous devons profiter de ce que nous vivons. Nous savons que nous sommes en train de placer la barre très haute et il ne faut pas ralentir la cadence. Nous devons exiger toujours plus de nous mêmes. Nous sommes des privilégiés de jouer pour le Barça. C'est ce que je me dis tous les matins quand je me lève.
Ce Barça semble capable de battre tous les records...
X. : Avec la génération que nous avons, nous pouvons gagner encore beaucoup de titres. La Liga, la Ligue des champions, la Coupe, nous pouvons tout gagner. On ne doit rien laisser de côté. Et nous devons savourer le football que nous jouons. En ce moment, tout le monde m'arrête dans le rue et me félicite pour notre jeu, c'est ce qui me rend le plus fier.
Qui peut arrêter la machine Barça? Le Real?
X. : Beaucoup d'équipes peuvent nous battre. Mais ça dépend tout de même beaucoup de nous. Nous croyons en nous. Si nous sommes à notre meilleur niveau, si nous restons humbles et prudents, nous continuerons à gagner des titres. Mais dès que vous relâchez votre attention, n'importe quelle équipe peut vous battre.
Après votre victoire 5-0 dans le Clasico, pensez-vous que le Real puisse encore être champion?
X. : Bien sûr, ils ont leurs chances. La saison est encore très longue. Nous devons encore aller à Bernabeu. Ils peuvent encore nous battre. Comme beaucoup d'équipes en Espagne et en Europe. Nous ne sommes pas invincibles. Mais nous sommes conscients de nos possibilités.
Quel regard portez-vous sur le Real?
X. : C'est une grosse équipe, différente de Barcelone. Leur façon de jouer est moins basé sur des combinaisons, comme nous. C'est un football plus direct, plus individuel devant. Ils ont des grands joueurs. Selon moi, historiquement, le Real a toujours eu une grande équipe. Nous devons les respecter, ils ont gagné tant de titres en Espagne et en Europe. Et ils nous rendent toujours la vie difficile.
L'autre gros objectif du Barça, c'est évidemment la Ligue des champions. La défaite contre l'Inter l'an dernier reste-telle un de vos pires souvenirs?
X. : Oui, d'autant que la finale avait lieu à Bernabeu et nous aurions adoré jouer là-bas. Il nous a juste manqué un but. Au match aller, je crois que l'arbitrage a joué contre nous. Mais c'est le football. Ca s'est joué sur des détails. On ne peut pas toujours gagner.
Cette année, la finale a lieu à Wembley, un autre lieu symbolique pour le Barça...
X. : Oui, ce serait magnifique de retourner là-bas. C'est là que le Barça a remporté sa première Ligue des champions, sur un but de Koeman. Ce serait vraiment beau. Mais nous savons tous à quel point la Ligue des champions est difficile. Nous verrons bien. Nous savons que nous pouvons aller au bout, mais il faut aussi être conscient, même si ça semble être un cliché, que beaucoup d'équipes peuvent nous mettre en difficulté à ce niveau.
Où étiez-vous en 1992, le soir de la finale de Wembley?
X. : Je voulais aller à Wembley avec mes frères. Mais je n'avais que 12 ans, et mes parents ont estimé que j'étais trop jeune. Alors j'ai regardé le match à la maison, avec mes parents et mon grand-père. C'était un moment historique pour le club.
La route de Wembley passera d'abord par Arsenal, en huitièmes de finales. Vous aimez jouer contre eux?
X. : Oui, parce que c'est une équipe qui joue au football. Ils nous ressemblent beaucoup. Nous les avons affrontés l'année dernière et ça s'était bien passé pour nous. Je pense qu'Arsenal a des joueurs de très haut niveau, Nasri, Fabregas, Arshavin, Chamakh, van Persie... Ce sont des joueurs qui font la différence. Je crois que ça va encore être très attractif comme confrontation.
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