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Ami de Mendes, apôtre du beau jeu : voici Nuno Espirito Santo, le nouvel ange-gardien de Valence

Nicolas Vilas

Mis à jour 04/04/2015 à 10:13 GMT+2

Au terme d’une carrière de gardien-doublure, Nuno est devenu Espirito Santo, un entraineur (re)connu. Le technicien de Valence est carrément l’une des attractions de la Liga. Portrait de celui qui tente de prouver qu’il est bien plus que le pote de Jorge Mendes et qui porte en lui du Mourinho.

Nuno Espirito Santo avec Valence - 2015

Crédit: Panoramic

S’il n’est actuellement "que" troisième de la Liga, Valence cavale à un rythme de champion. 60 points en 28 journées. Jamais les Naranjas n’ont été aussi pressés. Pas même lorsque Rafael Benitez les avaient menés au titre en 2002 et 2004. Celui qui fait mieux que Rafa se nomme Nuno Espirito Santo. Sa nomination en début de saison a étonné l’Espagne. Le Portugais n’avait dirigé jusqu’ici "que" le Rio Ave. Deux exercices plutôt réussis au Portugal. Une sixième place dans l’autre Liga - performance surpassée par le seul Félix… Mourinho (père de) - et, surtout, deux finales nationales en 2014 (perdues face au Benfica).
NES démontre qu’il sait tenir les manettes. Il a été nommé meilleur coach de la Liga en septembre, décembre et février. Fin 2014, le technicien de Villarreal en est jaune : "C’est une arnaque." Marcelino qui a gagné plus de matches (3 contre 2) que son voisin parle d’un "manque de respect." Nuno reste calme, lucide : "Je comprends que les gens aient été surpris par mon arrivée ici et je comprends que je ne peux pas plaire à tout le monde mais je suis convaincu que j’arriverai à gagner le respect et l’admiration de tous." Ça vient plus tôt que prévu. En janvier, ses dirigeants qui l’avaient d’abord embauché pour un an, lui ont fait signer une rallonge jusqu’en 2018.
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Nuno Espirito Santo, Valence 2015

Crédit: AFP

Jorge Mendes, "l’ami de vingt ans"

L’été dernier, Espirito Santo était attendu à Braga mais c’est à Mestalla que Jorge Mendes, l’a casé. Jorge est bien plus que son agent. Nuno ne s’en cache pas : "Avec Jorge Mendes, j’ai une relation de vingt ans et c’est un privilège qu’il travaille pour moi." Leur histoire débute en 1996. Jorge est proprio d’une boite dans le nord du Portugal. Nuno est gardien à Guimarães. Mendes parvient à convaincre Lendoiro, le patron du Depor, de l’embaucher. Il vient de boucler sa première affaire pour quelques 2 millions d’euros. De cette union va naitre la toute-puissante Gestifute. Celle qui aujourd’hui gère la carrière de CR7 ou… Mourinho.
"Ce n’est pas moi qui l’ai lancé", tempère NES. Le duo est depuis inséparable. JM va faire voyager Nuno de Moscou à Porto. Son client a ainsi pu s’inspirer des Jaime Pacheco, Carlos Alberto Silva, John Toshack, Mourinho, Scolari, Jesualdo… "Je ne suis pas étonné par ses résultats, commence Jorge Ribeiro qui fut son coéquipier en Russie et en Seleção. Il a beaucoup appris avec ses entraîneurs et en tant qu’adjoint de Jesualdo à Malaga et au Panathinaikos." Et le frère de Maniche qui a eu le même représentant "pendant cinq ou six ans" le concède : "Ça aide un peu, parce que Jorge a des entrées dans beaucoup de clubs mais il sait aussi que Nuno a des qualités et ce sont les résultats qui parlent pour lui, aujourd’hui."
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Nuno Espirito Santo avec Daniel Parejo, Valence 2015

Crédit: AFP

Jouer à la Barça
A peine arrivé, Espirito Santo assure "vouloir jouer à la Barça." Il tente toutefois de dribbler les clichés du Tiki-taka et explique aux journalistes de Marca : "Ce fut un plaisir de voir jouer les équipes de Guardiola. Ce fut le meilleur football des derniers temps. Mais il a transmis une idéologie à vous, aux spectateurs et aux entraîneurs que le football n’est que ça. Mais le football va au-delà de ça." "Ca", c’est la possession du ballon. Il poursuit : "Notre idée est bien pensée au moment où nous n’avons pas le ballon." Valence possède la deuxième défense (22 BC) de son championnat. Derrière… Barcelone.
A l’image de la nouvelle génération d’entraîneurs, le coach de 41 ans est un passionné-rationnel. "C’est un entraineur moderne, décrit l’un de ses anciens joueurs au Rio Ave. Il individualise beaucoup ses séances, il sait déléguer, il travaille beaucoup avec le ballon. Comme avec Mourinho. Tout est pensé, réfléchi." Il poursuit : "Son staff est très compétent. Son préparateur physique, Antonio Dias, doit être l’un des plus performants au monde, actuellement. Il bosse avec son temps, en tenant compte des nouvelles techniques et technologies." Avec 34 ans de moyenne d’âge, l’équipe technique de Nuno est la plus jeune de la Liga cette saison.
Une forte personnalité
La modernité de NES a parfois contrarié les observateurs ibériques. Selon son ancien entraîneur et supérieur, Jesualdo, "il a des procédés hors du commun pour le foot espagnol." L’intéressé affirme qu’il "ne pense pas aux critiques." Début février, son équipe glisse à Malaga (0-1). Il envoie à ses joueurs : "Laissez-les balancer la merde vers moi." Une posture à la Mou. Devant la presse, il l’a joue collectif : "Il n’y pas le Valence de Nuno. Il y a un Valence de tous." En interne, il se montre plus dur. Début mars, il interpelle Enzo Pérez lors de l’entraînement suivant le nul contre l’Atlético (1-1). La veille, l’Argentin n’avait pas apprécié le fait d’être remplacé et quittait la pelouse sans "checker" son coach.
Un échange de dix minutes, face au reste de l’équipe, s’engage entre les deux hommes. Nuno ne lâche pas et Enzo n’en rajoute pas. "Il a un égo très fort, une forte personnalité, analyse l’un des subordonnés de Nuno au Rio Ave. Lorsqu’il prenait ses décisions, il ne s’en expliquait pas auprès de ses joueurs. Et parfois, il y avait des incompréhensions."
Sidney Govou a partagé quelques mois en Grèce avec le alors adjoint de Jesualdo : "Il connaissait le foot, ça, c’est sûr ! Il parlait un peu français. C’est un bon mec. Il avait une approche de joueur, comme la nouvelle génération d’entraîneur qui marche en Europe." L’ancien gardien aurait donc une main de fer dans un gant de velours.
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Nuno Espirito Santo sur le banc de Valence - 2015

Crédit: Panoramic

Un habitué du banc

"Comme Mourinho, Espirito Santo trouve en tant qu’entraîneur une gloire qu’il n’a pas connue en tant que joueur", rapproche l’un de ses ex. Certes, Nuno jouit d’un palmarès appétant : une Coupe d’Espagne, trois du Portugal, quatre Ligas portugaises, une C3 et une C1 et une Coupe Intercontinentale qu’il a acquise aux tirs au but. En 2000, il remporta le trophée Zamora avec Mérida en…D2. La majeure partie de son parcours de gardien, il l’a vécu en tant que remplaçant. En 18 ans de carrière, il a disputé quelques 200 matches. Un statut qui n’empêchera pas le natif de São Tomé e Principe d’être appelé pour suppléer le blessé Quim à l’Euro 2008. Un juste retour pour un homme à la personnalité déjà très prononcée.
Corentin Martins qui fut son coéquipier au Depor (1997-1998) martèle : "A La Corogne, il était le gardien numéro 3. Il n’a jamais vraiment été titulaire au cours de sa carrière. Souvent quand on est dans cette situation, on se fait petit. Lui, non. Tu l’entendais. Il avait du caractère. Et pour être entraîneur, il en faut." Jorge Ribeiro confirme : "Dans le vestiaire, il était un leader. Il savait s’amuser et trouver les mots justes quand ça n’allait pas. Il avait une personnalité très forte. Il a le profil pour avoir une carrière à la Mourinho." Le latéral gauche parfait son portrait : "Il a été joueur de haut niveau et sait lire sur le visage de ses joueurs. Il sait ce qu’est la vie d’un vestiaire." Peut-être mieux encore qu’un Mourinho…
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