Ancelotti est en grand danger mais le Real Madrid aurait tort de s’en séparer
Mis à jour 20/05/2015 à 18:06 GMT+2
LIGA – Mis en danger par la saison quasi-blanche du Real Madrid, Carlo Ancelotti ne sait pas encore s'il sera sur le banc merengue la saison prochaine. Florentino Pérez, le président madrilène, hésite encore. Il y a pourtant plus de raisons de garder l'Italien que de le laisser partir.
Une Coupe du monde des clubs pour seul titre en 2014/2015, c'est peu… quand on dirige le Real Madrid. La deuxième saison de Carlo Ancelotti à la tête du club merengue a été bien moins réussie que la première. Le bilan de l'ancien entraîneur du PSG ne plaît pas du tout au président madrilène Florentino Pérez. À tel point que l'avenir de l'Italien dans la capitale espagnole est remis en question avant même la fin de son contrat en juin 2016.
S'il était limogé à la fin de la saison, Ancelotti rejoindrait la (très) longue liste des entraîneurs du Real Madrid qui n'ont pas résisté plus de deux ans à la tête des Merengue. Sur les vingt dernières années, seuls deux ont réussi à s'installer plus longtemps : Vincente del Bosque (1999-2003) et José Mourinho (2010-2013). Changer d'entraîneur au premier accroc, c'est devenu une habitude pour le Real. Mais cette fois, le club merengue serait bien inspiré de changer de politique et de confirmer Carlo Ancelotti pour sa dernière année de contrat.
Les entraîneurs du Real Madrid depuis le début des années 2000
1999-2003 | Vicente Del Bosque |
2003/2004 | Carlos Queiroz |
2004 | José Antonio Camacho |
2004 | Mariano Garcia Remon |
2004/2005 | Vanderlei Luxemburgo |
2005/2006 | Juan Ramon Lopez Caro |
2006/2007 | Fabio Capello |
2007/2008 | Bernd Schuster |
2008/2009 | Juande Ramos |
2009/2010 | Manuel Pellegrini |
2010/2013 | José Mourinho |
2013... | Carlo Ancelotti |
Il n'y a pas d'alternative disponible de même stature
En cas de départ cet été, il sera sans doute plus facile pour Ancelotti de retrouver un poste que pour le Real de lui trouver un successeur du même calibre. La rumeur menant à Jürgen Klopp a pris de l'ampleur ces derniers jours, d'autant qu'il sera libre en juin, mais le technicien allemand n'a pas encore le CV qu'attend Florentino Pérez. Malgré un très beau parcours avec le BVB (5 titres en 3 ans et une finale de C1), son expérience se limite à la Bundesliga. Julen Lopetegui (Porto) manque lui aussi de références, même s'il connaît déjà la Maison blanche pour y avoir entraîné la Castilla en 2008/2009.
Troisième candidat possible à la succession d'Ancelotti, Rafael Benitez souffre lui aussi d'un déficit de renommée par rapport à l'Italien. Les deux titres de champions d'Espagne qui ont fait sa réputation à Valence (2002 et 2004) n'ont jamais été suivis d'autres sacres nationaux. Ses victoires en Ligue des champions avec Liverpool (2005) et en Ligue Europa avec Valence (2004) et Chelsea (2013) ne lui ont pas apporté le crédit qu'il aurait pu espérer.
Dernier écueil pour le Real, les favoris de Florentino Pérez pour succéder à Ancelotti ne sont pas prêts à prendre en main le club merengue. Tout juste diplômé, Zinédine Zidane doit encore faire ses preuves à la tête de la Castilla après une première saison mitigée. Joachim Löw, lui, est en course pour un doublé Coupe du monde - Euro avec l'Allemagne. Et il a prolongé jusqu’en 2018.
Il est soutenu par ses joueurs
Les relations entre Florentino Pérez et Carlo Ancelotti sont plus que fraiches. Mais l'Italien a pour lui un argument de poids : ses joueurs le soutiennent à 100%. La presse madrilène, AS et Marca en tête, évoque même ce mercredi une demande adressée au président du Real par l'effectif merengue pour que l'entraîneur soit conservé.
Sergio Ramos, Marcelo, Toni Kroos, Pepe et Gareth Bale se sont exprimés publiquement en faveur d'Ancelotti malgré l'élimination en demi-finale de Ligue des champions par la Juventus (1-2, 1-1) et la domination du Barça en Liga. Dire que Florentino Pérez écoutera le message est prématuré. Le président du club n'a jamais eu de scrupules à virer un entraîneur, quelle que soit sa relation avec les joueurs, et il n'a pas hésité à confirmer Mourinho à l'été 2012, alors que le vestiaire madrilène avait déjà donné des signes de défiance envers le Portugais.
Il est l'entraîneur de la Decima
L'année 2015 ne marquera pas les mémoires au Real, mais la précédente, elle, occupe déjà une place à part dans l'histoire du club. En 2014, Carlo Ancelotti a remporté quatre titres avec le club madrilène : une Coupe du Roi, une Supercoupe d'Europe, un Mondial des clubs et surtout une Ligue des champions. Et pas n'importe laquelle : l'Italien a apporté au Real le dixième sacre en C1 qu'il attendait depuis 2002.
Au-delà de la C1, Ancelotti a déjà remporté en deux ans plus de titres que José Mourinho en trois. Entre 2010 et 2014, le Portugais avait glané une Coupe du Roi (2011), une Liga (2012) et une Supercoupe d'Espagne (2012). L'incapacité du Real à remporter le titre national est une épine dans le pied de l'Italien, mais sur le plan comptable, il a montré qu'il est capable de faire gagner le club.
Il doit gérer un effectif déséquilibré et exposé aux blessures
Avant de penser à remplacer son entraîneur, Florentino Pérez doit se pencher sur l'effectif du Real. L'exercice 2014/2015 a montré que tous les postes n'étaient pas suffisamment pourvus pour viser le titre dans toutes les compétitions que dispute le club. Le milieu de terrain est le point faible essentiel du Real, surtout quand Luka Modric est blessé.
Sur les 22 points perdus en Liga cette saison par les Merengue (2 nuls et 6 défaites), 13 l'ont été en l'absence du Croate. La demi-finale perdue face à la Juventus en C1, c'était aussi sans Modric, tout comme l'élimination en huitième de finale de Coupe du Roi contre l'Atlético (0-2, 2-2). Carlo Ancelotti a bien essayé de trouver des solutions mais ni Asier Illarramendi en Liga ni Sergio Ramos en C1 n'ont pu faire oublier l'ancien joueur de Tottenham aux côtés de Toni Kroos.
Le président madrilène doit aussi travailler à renforcer son attaque, qui va perdre un élément avec la fin du prêt de Chicharito. Viser un buteur d'un meilleur calibre que le Mexicain serait une bonne idée. La blessure de Karim Benzema, mi-avril lors du quart aller de C1 face à l'Atlético (0-0), a montré que le club merengue manquait cruellement d'imagination devant quand le Français n'est pas là, même si le jeu de Chicharito a l'avantage d'apporter plus de profondeur, selon les termes d'Ancelotti.
Il est tombé sur un FC Barcelone injouable
Le Real Madrid terminera deuxième de Liga. Pour le club madrilène et Ancelotti, c'est un nouveau camouflet. Mais blâmer l'Italien pour cet échec serait en partie injuste tant le Barça a affiché sa domination en Espagne cette saison (qui pourrait s'étendre à l'Europe en cas de victoire en finale de C1 le 6 juin prochain).
Porté par le trio Messi-Suarez-Neymar, l'équipe de Luis Enrique a réalisé un exercice 2014/2015 quasi parfait en Liga, qui la hisse au moins au niveau du Barça des années Guardiola. Les Blaugrana ont toujours su marquer, et les voir inscrire 108 buts avant la dernière journée est loin d'être inédit, d'autant que le Real fait mieux pour l'instant (111). Mais en défense, ils ont affiché une solidité sans égal. Avec 19 buts encaissés en 37 matches, ils ne sont qu'à une longueur du record du club (18 en 1993/1994) et ne passent pour l'instant qu'à quatre unités du record absolu en Liga, établi en 1931/1932 par le Real Madrid avec 15 buts encaissés dans un championnat à… 10 clubs.
Les sept dernières saisons du FC Barcelone en Liga
Points | Buts marqués | Buts encaissés | Différence | |
2008/2009 | 87 (1er) | 105 | 35 | +70 |
2009/2010 | 99 (1er) | 98 | 24 | +74 |
2010/2011 | 96 (1er) | 95 | 21 | +74 |
2011/2012 | 91 (2e) | 114 | 29 | +85 |
2012/2013 | 100 (1er) | 115 | 40 | +75 |
2013/2014 | 87 (2e) | 100 | 33 | +67 |
2014/2015 (en 37 journée) | 93 (1er) | 108 | 19 | +89 |
Perdre le titre face à cette équipe n'a rien d'infamant, d'autant que le Real a réalisé un parcours exceptionnel, avec 89 points engrangés avant le dernier match. Avec au moins un match nul samedi face à Getafe, le club merengue passera la barre des 90 points pour la première fois depuis 2011/2012, l'année de son dernier sacre.
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