Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Au Rayo, Kakuta a trouvé la sérénité et atteint la maturité

François David

Publié 10/05/2015 à 17:37 GMT+2

LIGA. Etiqueté star à 16 ans, Gael Kakuta a longtemps galéré avant de trouver sa voie. Prêté un peu partout en Europe, cet ex-champion d´Europe des moins de 19 ans a trouvé le bonheur en Espagne, au Rayo Vallecano, un spécialiste des footballeurs de talent en détresse. A 23 ans, il ne pense qu'à rattraper le temps perdu.

Gaël Kakuta (Rayo Vallecano) à la lutte avec Juanfran

Crédit: AFP

Enfin ! Après des années d'errance footballistique, à chercher le club qui lui fallait en parcourant l'Europe - France (Lens), Angleterre (Chelsea, Fulham, Bolton), France à nouveau (Dijon), Pays-Bas (Vitesse Arnhem) et Italie (Lazio) - Gaël Kakuta, considéré comme le "meilleur joueur" d´une génération qui a vu Antoine Griezmann et Alexandre Lacazette exploser, est arrivé à bon port. Un port improbable. Installé rue du "Payaso Foto" ("le clown Foto"), loin des beaux quartiers de Madrid et antre pourtant de l'une des équipes les plus sympathiques du championnat espagnol : le Rayo Vallecano.
Aujourd'hui, Kakuta est apaisé. Il a 23 ans et est le deuxième joueur le plus utilisé de l´effectif. 34 matches, tous disputés comme titulaire, 5 buts et 7 passes décisives. Des statistiques qui ne reflètent que partiellement le volume de jeu de l'ex-starlette de Chelsea, pierre angulaire du Rayo. "J'avais toujours eu envie d´aller en Espagne, mais l'opportunité ne s'était pas présentée, avance Kakuta. Je ne connaissais pas grand-chose du Rayo. J'ai pris un logement près du stade, je suis même venu en vélo m'entrainer une ou deux fois cet été... C´était super cool ! Au niveau du jeu, aussi, J´en avais besoin. J´ai souvent évolué dans des équipes où ça balançait devant… C´était pas trop pour moi ça."
La voix est posée, heureuse. Quelques heures avant, le Rayo avait sauvé sa place parmi l'élite pour la quatrième année consécutive. Le Rayo et son style de jeu particulier, fait de possession, de passes courtes et de pressing. Un mini Barça spécialisé dans la relance des joueurs en difficulté, comme Diego Costa, trois années avant lui. Un exploit. Quand on a le troisième plus petit budget de Liga, on doit se creuser la tête pour former une équipe compétitive. Kakuta avait le profil parfait quand son dossier est arrivé sur la table des décideurs de Vallecas. Talentueux mais déboussolé après avoir joué…deux matches l'an passé avec la Lazio Rome. Le reste est allé tout seul.
picture

Gaël Kakuta (Rayo Vallecano) s'impose devant James Rodriguez

Crédit: AFP

Lancé par Ancelotti… oublié par les autres

"Nous jouons en 4-3-3, poursuit le Lillois. Nous travaillons très, très dur aux entraînements car nous avons conscience que nous sommes moins armés que les autres. On souffre, mais on prend du plaisir. C'est ce qui fait notre force et notre identité.” Et de poursuivre, admiratif : “Jamais, je n'ai travaillé de cette manière. Le coach Paco Jemez est un personnage charismatique. On doit se battre pour lui car il attend tellement de nous… Sa philosophie est la suivante : garder le ballon au sol, quitte à prendre des risques. Le milieu et l'attaque jouent de manière libre. Les joueurs peuvent changer de position, à condition que chaque zone soit occupée. Cela permet d´être actif et concentré durant 90 minutes, car tout le monde dépend de tout le monde. C´est un système très solidaire."
Pour être honnête, peu d´Espagnols connaissaient Kakuta quand il a débarqué en Liga. Une arrivée anonyme, suivi d'une présentation devant quelques journalistes locaux. Car malgré son pedigree et son étiquette de "jeune star" éternellement en devenir, il n'avait jamais fait une saison pleine. Pis, on avait l´impression que Kakuta était dans le circuit depuis une décennie et que son nom, annoncé en lettres d'or à la fin des années 2000, avait été zappé des mémoires.
Lancé en 2009 par Carlo Ancelotti, à l´époque coach de Chelsea, le "Black Zidane" était programmé pour réussir. Une conduite de balle parfaite, un shoot puissant et des changements de rythme déroutants devaient le convertir en "crack". Celui qui allait mettre les Blues sur le toit de l´Europe. Et les faire durer. Ancelotti viré, toute une série d'entraîneurs se sont alors succédé, sans que Kakuta y trouve son compte. Des prêts à répétition, des incompréhensions, des doutes. Et une carrière à la Freddy Adu, cet Américain pro à 14 ans grillé trop tôt, qui se profilait peu à peu... "Je n´avais pas tout donné à l´époque, reconnait-il. Alors oui, je n´aurais pas dû quitter Chelsea, j´aurais dû m'accrocher, faire des soins hors de l´entrainement, m'occuper de mon corps, demander à jouer en réserve… J'étais jeune. Toutes ces expériences m'ont fait comprendre que le talent n'est rien sans le travail quotidien, sur et en dehors du terrain. C'est le secret en fait. Cette saison, je n'ai pas été blessé.”
picture

Gaël Kakuta lors de la saison 2009/2010

Crédit: PA Photos

Pourquoi partir d´Espagne ?
Kakuta sait aujourd´hui qu'il n'a plus de temps à perdre. Que Griezmann est désormais un joueur reconnu en club comme chez les Bleus. Que Lacazette a enfin explosé (“Je disais à mon frère qu'il serait un tueur si on le faisait jouer dans l´axe”). Que d'autres arrivent lancés, comme Nabil Fekir. Cette saison a été celle de la rédemption mais il va falloir confirmer pour ne pas décevoir.
Comme à Dijon, éphémère équipe de Ligue 1 (saison 2011-12) où le public français l´avait enfin vu. Mais trop peu finalement (14 matches, 4 buts). Un conflit avec son coach de l'époque - Patrice Carteron - qu'il ne comprend toujours pas et qui l'avait fait passer pour un "perturbateur" selon ses propres termes. "Aujourd´hui encore, je ne sais pas ce qu'il s´est passé, si ce n´est qu'on m´a mis des bâtons dans les roues, affirme Kakuta. Mais c'est du passé. J'ai faim et je veux avancer."
En Espagne, personne ne lui a parlé du "Black Zidane" et on l'a vu d´un œil vierge. “J´ai très envie de rester, je ne me vois pas aller ailleurs (il est sous contrat avec Chelsea jusqu´en juin 2016, ndlr). La Liga est mon championnat. Ici, j´ai atteint la maturité sur et en dehors du terrain. Il est fait pour mes qualités et me permettra peut-être d'atteindre mon grand objectif qui est de porter un jour le maillot bleu. Alors franchement, pourquoi partir d´Espagne ?
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité