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Barça : Luis Enrique entraîneur, c'est mi-Guardiola, mi-Mourinho

François David

Publié 06/08/2014 à 09:05 GMT+2

Joueur de caractère, Luis Enrique met désormais son énergie en action comme coach du FC Barcelone. Dans un style à la frontière entre Guardiola et Mourinho.

Luis Enrique, le nouvel entraîneur du Barça

Crédit: AFP

Luis Enrique s'agite depuis des semaines. Depuis sa nomination, des photos au centre d'entraînement du Barça le montrent en grande conversation avec ses dirigeants, ses adjoints, sur la pelouse ou dans les couloirs. On l'a même vu sauter les barrières pour montrer son dynamisme. Et du dynamisme, Luis Enrique en a énormément.
Joueur clé d'un Barça entre deux siècles, Enrique a toujours été reconnu pour son caractère. C'est le mot qui revient le plus souvent quand on interroge les gens. Ce caractère qui l'a fait passer du Real Madrid à Barcelone sans sourciller et qui lui a permis de s'imposer avec tous ses entraîneurs. Luis Enrique était un touche-à-tout. Si sa position naturelle était plutôt offensive, derrière l'attaquant, on l'a fait évoluer à tous les postes en Catalogne, sauf en défense centrale et dans les buts. Sinon, absolument partout.
Aujourd'hui, Luis Enrique s'est converti en un entraîneur très ambitieux. C'est la chance de sa vie qu'il tient entre ses mains. Alors, il s'est mis au travail, tête baissée, dans un style différent de celui de Pep Guardiola. Si le coach du Bayern avait montré une image austère, quasi monastique ("le philosophe"), et s'était montré très appliqué dans l'exécution quotidienne des tâches, exigeant un comportement au-delà du professionnel de ses troupes, Luis Enrique est dans l'implication extrême.

Entre Guardiola et Mourinho

Il surveille tout mais dialogue beaucoup, contrairement à Guardiola. Il a voulu et obtenu des joueurs (Rakitic, Suarez, Ter Stegen, Claudio Bravo et Mathieu) qui allaient contaminer leur envie aux autres. Le projet est ambitieux, mais court (deux ans). Luis Enrique a la philosophie Barça-Guardiola mais utilise la méthodologie de Mourinho (qu'il a eu aussi en coach). Il a des idées et la légitimité pour appliquer cette troisième voie. Sans perdre de temps.
Il compte avant tout sur un ami avec qui il a joué et qui s'appelle Carles Puyol. Le jeune retraité n'a jamais paru aussi actif. Très présent sur internet, on l'a vu récemment faire faire des pauses de yoga avec sa femme (il est bouddhiste) ou honorer son ami Busquets en lui donnant son ancien numéro. Puyol sera l'homme clé de la réussite de Luis Enrique. Officiellement, Puyol travaille à la direction sportive. Mais il sera chargé de transmettre des messages entre le vestiaire - qu'il a tenu des années - et le staff, Enrique en premier lieu. Un rôle non officiel d'entraîneur adjoint, qui ne sera pas en survêtement ou qui ne fera pas les déplacements. C'est Puyol qui dira comment les Messi, Iniesta, Piqué ou Suarez sentent les changements qui vont arriver.
Barcelone va récupérer l'intensité qui a fait sa force du temps de sa gloire. Le Barça va courir, beaucoup courir. C'est l'élément que doit récupérer Enrique, qui, comme par hasard, a ressorti le règlement intérieur qu'on avait rangé au fond du tiroir. Des règles qui donnent une bonne image pour tout le monde, mais qui ne seront vraiment respectées dans le temps que si Luis Enrique s'impose.

Messi en numéro 10, Xavi en super sub

On a notamment hâte de voir comment il va gérer plusieurs cas. Déjà, on le prive d'entraînement avec sa recrue vedette Luis Suarez jusqu'au 25 octobre. Il y a mieux pour l'intégration. Si la sanction sera certainement baissée, on enlève à Enrique sa principale idée, la réintégration d'un numéro neuf d'exception au Barça. En 1996, Lucho était associé devant avec Ronaldo. Il sait donc de quoi il parle. D'où l'idée de libérer Messi de toute l'attention de la défense en le faisant reculer. Le journaliste Guillem Balagué, qui a écrit la biographie de Messi, en avait d'ailleurs parlé avec l'Argentin. Messi lui avait confirmé que l'effort physique réalisé depuis presque dix ans de Liga - pour avoir cette demi seconde sur le défenseur puis d'accélérer - devenait compliqué à gérer. Que le corps commençait à donner des mauvais signes. Et qu'il fallait donc se réinventer pour durer. C'est le challenge que lui propose son coach, qui excellait à ce poste.
En attendant les retrouvailles avec Messi, Luis Enrique travaille, dans la fraîcheur de l'Angleterre (pas de tournées d'été pour le Barça cette année), a demandé à jouer peu et contre des adversaires inférieurs. Pour changer de système facilement face à un danger modéré. Si Enrique veut Marquinhos à tout prix, c'est qu'il le voit dans le schéma à trois défenseurs que le Barça utilisera souvent cette saison. Luis Enrique ne se privera pas non plus d'aligner ses ailiers de qualité (Neymar, Pedro, Deulofeu), ni remettre parfois Messi dans sa position naturelle.
Avant la reprise de la Liga, il faudra voir les progrès de Deulofeu et l'état de forme de Pedro, les deux hommes qui animeront sûrement l'attaque au début de la préparation. Il faudra voir enfin comment se place Xavi dans tout ça. Xavi devait partir, il est finalement resté. Sans doute par curiosité. Pour voir ce que son ami allait apporter au Barça. Sur le banc, il redevient un joueur qui compte, une sorte de "super sub". Un coup de main inespéré pour le nouveau boss blaugrana.
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