Real-Atlético : Bale dans le rôle de Di Maria, un pari qui peut régler le problème du Real

Tout est à refaire pour Carlo Ancelotti. Et vite. A l'aube de son premier grand rendez-vous de la saison en Liga, la venue de l'Atlético samedi pour le derby (20h00), l'entraîneur du Real Madrid a de quoi se torturer l'esprit. La défaite subie face à la Real Sociedad (4-2) avant la trêve internationale a laissé le club merengue à la 10e place du classement. Mais elle a surtout mis en lumière une lacune à laquelle l'Italien devra remédier. La Maison Blanche cherche sa stabilité. Comme la saison passée, à peu près au même moment, quand les Colchoneros avaient gagné à Santiago-Bernabeu (0-1) fin septembre.

Un peu moins d'un an plus tard, Ancelotti est face à un problème relativement similaire. L'entrejeu madrilène ne tourne pas à plein régime. Pour le solutionner, l'Italien avait pu compter sur le retour de blessure de Xabi Alonso, fin octobre. Et sur un choix inspiré, celui de donner après la trêve hivernale un rôle de milieu relayeur à Angel Di Maria, aligné comme ailier jusque-là. Le Real avait pris corps sous l'impulsion du trio formé par l'Argentin, Xabi Alonso, et Luka Modric. Malheureusement pour Ancelotti, le Croate est le seul à faire encore partie de son effectif.

Jusqu'ici, l'entraîneur madrilène a tenté de conserver son 4-3-3 en y intégrant ses recrues, Toni Kroos, à la place de Xabi Alonso, et James Rodriguez, dans le rôle d'Angel Di Maria. L'Allemand n'a pas encore montré une faculté à stabiliser l'entrejeu madrilène comme le faisait l'Espagnol. Aussi parce que, à ses côtés, le Colombien n'a pas le même volume de jeu que l'Argentin. Ancelotti demande légitimement du temps en qualifiant son Real de "diesel." Mais il cherche aussi cette solution qui lui avait permis de résoudre l'équation de son entrejeu la saison passée. Cette semaine, Marca a révélé une idée que Carletto pouvait avoir en tête.

L'option Bale au milieu a de quoi séduire Ancelotti. Pas seulement parce que le rendement de James peut être meilleur un cran plus haut, à la place actuellement occupée par le Gallois. Bale présente surtout le profil qui se rapproche le plus de celui de Di Maria dans l'effectif merengue. Il a ce pouvoir de percussion qui permettait à l'Argentin de venir apporter le surnombre en attaque. Il a cette qualité de centre, de passe et de frappe qui lui donne la possibilité d'être décisif, même dans l'entrejeu. Car remplacer Di Maria au milieu, cela demanderait au Gallois de garder sa faculté à faire la différence.

Mais pas seulement. Di Maria avait impressionné par l'étendue de son registre à ce poste de relayeur. Tout en exprimant ses qualités offensives, il abattait un travail considérable à la récupération. Il savait compenser les montées de Marcelo ou Fabio Coentrao dans le couloir, se recentrer quand le jeu le demandait, et même basculer sur le côté droit en cas de nécessité. Le tout avec une combativité qui lui donnait un avantage dans les duels. L'Argentin avait pris son rôle de milieu à bras le corps. En cela, il avait permis à l'entrejeu du Real de trouver son équilibre.

C'est la principale inconnue d'un éventuel repositionnement de Bale en relayeur. Le Gallois n'est pas dénué de notions défensives. Il s'est d'abord révélé à un poste d'arrière gauche durant ses premières années à Tottenham. Mais surtout sur ses qualités de contre-attaquant à l'époque. Bale a la dimension athlétique pour répondre aux exigences d'un rôle dans un milieu à trois. Mais c'est aussi une question d'état d'esprit. Di Maria ajoutait la grinta à son talent naturel pour faire la différence. Le Gallois devra afficher le même "fighting spirit" pour donner cet équilibre tant recherché par Ancelotti.

Replacer Bale au milieu ne serait pas sans conséquences pour Ancelotti. Cela casserait le trio BBC que le Gallois formait avec Cristiano Ronaldo et Karim Benzema. Une triplette qui avait affiché toute son efficacité la saison passée. Pour la garder en l'état, l'Italien peut éventuellement changer de schéma tactique. Le 4-2-3-1, avec James en soutien de Benzema, semblait même devoir être le système du Real avec l'arrivée du Colombien. Ancelotti l'avait déjà testé la saison passée, avec Isco en milieu offensif axial, dans une configuration proche de celle utilisée par José Mourinho avant lui.

Le Real n'avait pas eu de mauvais résultats avec ce schéma. En onze matches de Liga, il avait signé neuf victoires et deux nuls, inscrivant 36 buts et en concédant 13. L'équipe d'Ancelotti tournait à plein régime dans le secteur offensif. Défensivement, elle n'offrait cependant pas les garanties exigées par l'Italien. Et les efforts supplémentaires de repli demandés aux ailiers, Bale et Cristiano Ronaldo, nuisaient à l'efficacité du Real en contre-attaque. C'est ce qui avait poussé Ancelotti à opter pour le 4-3-3. Il est peu probable que l'Italien inverse la démarche de son raisonnement et repasse au 4-2-3-1.

En conservant son 4-3-3, l'entraîneur madrilène a aussi l'option de garder Bale en attaque, comme c'est le cas depuis le début de la saison, et de confier le rôle de relayeur à un autre joueur que James. Cela reviendrait à mettre le Colombien, recruté pour 80 millions d'euros, sur le banc. Un scénario d'autant plus improbable qu'il ne rendrait pas forcément l'entrejeu du Real plus performant. Isco n'a pas vraiment convaincu dans un rôle de relayeur, et Asier Illarramendi est plus à l'aise dans l'axe, en sentinelle, au poste actuellement occupé par Kroos. La blessure de Sami Khedira n'offre pas davantage de solutions à Ancelotti à court terme.

L'entraîneur madrilène n'a finalement que peu d'options pour retrouver l'équilibre qui fait défaut à son milieu de terrain. Le 4-2-3-1 n'a probablement pas été assez expérimenté, mais il semble assez délicat à mettre en place compte tenu des profils assez offensifs des deux milieux axiaux, Modric et Kroos, avec la nécessité de limiter les tâches défensives des ailiers, Ronaldo et Bale. Le repositionnement du Gallois au milieu dans le 4-3-3 actuel est aussi un pari. Compte tenu du manque de rendement de son entrejeu en ce début de saison, Ancelotti a des raisons de le tenter.