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L'Atlético de Simeone se bonifie année après année et c'est loin d'être fini

François-Miguel Boudet

Mis à jour 30/10/2015 à 12:21 GMT+1

LIGA - Arrivé à l'Atlético Madrid au coeur de la saison 2011-2012, Diego Simeone entame sa 5e saison chez les Colchoneros. Au cours de son mandat, il a garni la vitrine de trophées d'un club qui se vantait de son passé de loser. Il en a fait une machine de guerre qui, même si elle garde sa grinta identitaire, parvient à se réinventer encore aujourd'hui.

Diego Simeone et ses joueurs lors de Séville-Atlético

Crédit: AFP

Cet été, ce ne sont ni le Barça ni le Real Madrid qui ont claqué le plus d'argent sur le marché des transferts. Avec près de 140 millions d'euros dépensés (et 105 millions de vente), c'est bien l'Atlético Madrid qui a le plus investi. Pour se renouveler, les Mâtelassiers ont mis les moyens et après des débuts en dents de scie, l'alchimie semble se produire. Le match face à Valence dimanche dernier en a été un bel exemple (2-1).
Face à un adversaire certes médiocre, sans fonds de jeu et sans "huevos", les hommes de Diego Simeone ont fait une démonstration de "Cholismo". De l'envie, des coups, une grosse présence au milieu pour récupérer les seconds ballons, des risques et de la vitesse. En face, les Ché n'ont pas été en mesure de répondre au défi. Le seul tir cadré du match fut... le penalty de Paco Alcacer, mince cache-misère qui a atténué au tableau d'affichage une déroute cinglante.

Aux côtés de Griezmann, l'éclosion des recrues offensives

Arrivés cet été, Jackson Martinez et Yannick Ferreira-Carrasco ont inscrit les deux buts rojiblancos. Quasiment deux mois après sa dernière réalisation en Liga face à Séville (3-0), le Colombien a profité d'une double bourde de la charnière Mustafi-Santos pour valider la confiance que lui fait son entraîneur. Quant à l'ancien Monégasque, il a été ovationné par Vicente-Calderon. Entouré d'Andalous tout au long de sa jeunesse à Vilvoorde (sa mère est sévillane), le Belge s'est parfaitement intégré et cette 9e journée pourrait constituer un déclic pour celui qui est annoncé comme le successeur d'Arda Turan.
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Ferreira-Carrasco (Atlético Madrid)

Crédit: AFP

La saison dernière, après des débuts difficiles, Antoine Griezmann a explosé. Dans El Mundo, Iñako Diaz-Guerra tresse des louanges au Français. "Sa réalisation contre la Real Sociedad est un CV en 6 secondes. Rapidité, talent, but. Caractère et jeunesse. Au point que, cet été, le supporter de l'Atleti se réveillait chaque matin en se demandant, terrorisé : 'L'a-t-on vendu ?'. Une panique que seule provoque la crainte de perdre quelqu'un de précieux. Heureusement, il est resté pour entrer dans une nouvelle liste : de Messi d'abord, de Neymar, Cristiano, Agüero et Griezmann ensuite. Et il continue de grimper".

Un calendrier ultra-favorable à venir

Simeone est un meneur d'hommes qui parvient à tirer le maximum de ses joueurs et transmettre l'amour d'un maillot qu'il a déjà porté (il était un joueur majeur de Radomir Antic lors du doublé coupe/championnat de 1996). C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles il n'échangeait pas sa tunique à la fin des matches : "Bilardo disait toujours qu'on n'échange pas son maillot avec l'adversaire, parce que mon maillot vaut plus que le tien. Je ne peux pas donner à mon maillot la même valeur qu'au sien". Les plus sceptiques se demandaient comment ses joueurs tiendraient le coup physiquement et mentalement. Plus qu'on aurait pu l'imaginer, compte tenu de la débauche d'énergie fournie. Le jeu de l'Atlético est toujours aussi performant. Certes, la saison 2014-2015 a été moins brillante que la précédente (il était impossible de faire mieux que champion et finaliste de la Ligue des Champions).
Pour autant, la temporada a été marquée par quelques moments d'anthologie, à l'image de la raclée infligée au rival madridiste (4-0). L'exercice actuel a commencé par quelques balbutiements, lors du derby madrilène (1-1), contre Villarreal (défaite 1-0) et contre Benfica (défaite 2-1), par exemple. Avant le dernier match d'octobre, l'Atleti est invaincu sur ce mois, avec 3 victoires (2 en Liga, 1 en C1) et un nul. Deuxième meilleure défense (5 buts encaissés) et 4e attaque (14 buts inscrits), les Colchoneros sont 3es, à seulement 2 points de la tête et le futur suscite l'optimisme : ils ont déjà affronté 6 équipes du haut du tableau (10 points pris sur 18 possibles). Après le match contre La Corogne (6e) vendredi soir, il ne lui restera que le Celta (4e) à défier, avant d'aborder une voie royale jusqu'à la trêve.
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Antoine Griezmann avec l'Atlético Madrid en Ligue des champions 2015-2016

Crédit: Panoramic

Un recrutement sur le long terme

Ce qui frappe dans la gestion de Simeone, c'est cette faculté à maintenir tout son groupe sous pression et cette alliance entre briscards et jeunes pousses. Seulement 9 joueurs de son effectif ont 29 ans ou plus. Les autres ont tous 24 ans ou moins. Surtout, l'Atleti sait recruter et prévoir l'avenir. Miranda part en prêt à l'Inter ? Giménez (20 ans), arrivé en 2013, fait la paire avec son compatriote uruguayen Diego Godin. Titulaire indiscutable à la Fiorentina pendant trois ans, Stevan Savic (24 ans) n'a pas encore joué, mais il entre dans la même politique de recrutement. Il en est de même pour Matias Kranevitter (22 ans), qui arrivera en janvier en provenance de River Plate. L'âge moyen des recrues est de 22,8 ans, chiffre relevé par Martinez (29 ans).
En attaque, les départs de Torres, Agüero, Forlan, Falcao et Costa ont toujours été compensés avec succès. Si Griezmann, annoncé en Premier League la saison prochaine, venait à partir, Luciano Vietto (21 ans) est déjà là. Angel Correa, Oliver Torres, Saul Ñiguez, 20 ans tous les trois, sont également décisifs. L'incorporation prend quelques matches, mais elle devient un peu plus effective à chaque sortie, principalement car l'épine dorsale reste la même. Annoncé en partance pour l'Angleterre cette saison. Tiago Mendes (34 ans) est le meilleur récupérateur de l'équipe. L'ancien Lyonnais constitue avec Godin, Gabi, Juanfran et Koke la colonne vertébrale de l'équipe. Les autres constituent des valeurs ajoutées à l'édifice. Enfin, avec 16 joueurs qui ont, au minimum, encore 3 ans de contrat, Simeone peut travailler sereinement, assuré de bénéficier d'un effectif de qualité sur le long terme, même en cas de départs majeurs qui rapporteraient beaucoup. Il est lui-même sous contrat jusqu'en juin 2020.
Si "El Cholo" est arrivé à l'Atlético au cours d'une période propice, c'est bien lui qui a insufflé cette dynamique, en compagnie de son adjoint, son ancien coéquipier German "El Mono" Burgos. Ces deux personnages entiers ont transmis leur garra. Pour autant, résumer leur style à cette hargne serait réducteur. Après 4 saisons, il est avéré que cette façon "commando" de jouer n'est pas une manière de compenser des lacunes techniques, même si elle est extrêmement agaçante pour les adversaires. Le podium constitue un objectif a minima. Avec un tel effectif et une telle histoire commune, regagner le titre de champion est loin d'être un mirage pour cet Atleti.
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Diego Simeone lors d'Atlético-Las Palmas (Liga 2015-2016)

Crédit: AFP

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