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Avec la fin de l’ère Luis Enrique, le Barça doit repenser son milieu de terrain

François-Miguel Boudet

Publié 22/04/2017 à 23:17 GMT+2

LIGA - En retrait cette saison, le milieu de terrain du Barça constitue l’ossature de la puissance du jeu catalan. Ce sera le chantier principal du successeur de Luis Enrique qui dispute ce dimanche son dernier Clásico sur le banc blaugrana.

Luis Enrique feiert mit seinen Spielern Jordi Alba und Andres Iniesta.

Crédit: Imago

La saison de Liga a été en dessous des attentes suscitées. Ni ce Clásico, ni les résultats en Coupes d’Europe ne masqueront la déception. Le Real Madrid est un leader qui a davantage brillé par son niveau mental que par son jeu. Quant au Barça, la fin de l’ère Luis Enrique a marqué une baisse du rendement de son équipe, notamment au milieu de terrain, clef de voûte de l’édifice blaugrana. L’absence de Xavi Hernández était déjà perceptible, mais c’est peut-être cette saison qu’elle s’est faite plus que jamais ressentir. C’est peut-être l’année du deuil définitif.
"Je crois que le Barça a accepté que des joueurs comme lui ne sortiront pas facilement ou, du moins, pas dans l’immédiat, explique Natalia Arroyo, sélectionneur de la sélection féminine de Catalogne et rédactrice tactique pour le site catalan ara.cat. Le club a donc tenté d’apprendre avec un autre profil de joueurs. C’est la maturité d’Andrés Iniesta et Lionel Messi dans l’organisation du jeu qui a compensé".
Les Culés nous ont habitués à l’excellence. Et, quand on a si souvent goûté au caviar, il est difficile de revenir à une moindre qualité. Alors oui, cette saison, on reste sur notre faim. Peut-on considérer que le Barça a accusé une baisse de régime ? "Je ne crois pas, considère la technicienne également consultante pour les chaînes TV3, Gol et beIN Sports. C’est surtout une question d’irrégularité de l’équipe". En fonction de l’adversaire en Liga, les passages peuvent se compenser par le talent. En revanche, les trous d’air ont été béants en Ligue des champions. Et si la remontada contre le PSG a été fabuleuse, le 3-0 au Juventus Stadium a aussi rappelé que le 4-0 au Parc des Princes n’avait pas été un accident ou le fruit du hasard.

Le 3-4-3, solution idoine ?

Le 4-3-3 est le paradigme du jeu catalan. Une institution qui a semblé en bout de course cette saison, du moins dans la forme qu’a proposé Luis Enrique. Mais les choses ne sont pas si simples. "J’aurais pu valider cette idée la saison passée, estime Natalia Arroyo. Mais je crois que l’équipe, en tant que structure collective, a essayé d’offrir plus de solutions au trident offensif. Ça n’a pas été 8+3 mais la volonté de construire quelque chose de beaucoup plus uni. Cependant, il est certain que le rendement, par manque de régularité, n’a pas été linéaire".
C’est ce qui aurait conduit le duo Luis Enrique-Juan Carlos Unzué à évoluer en 3-4-3, notamment pour améliorer la récupération. "Le 3-4-3 permet d’exercer une pression sur les pertes de balle en s’installant mieux dans le camp adverse, expose la tacticienne. Ce qui est distinct surtout, c’est qu’avec le 3-4-3, Busquets n’a pas besoin d’être aussi bas pour résoudre la sortie du ballon. Du coup, ça le maintient un cran en avant. Cela facilite la progression et ça résout la profondeur devant sans compromettre l’équipe défensivement".
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Sergio Busquets et Andres Iniesta avec Barcelone en 2017.

Crédit: AFP

La plupart du temps, les Blaugrana ont effectivement proposé un visage plus audacieux et séduisant dans ce schéma qui convient peut-être mieux à leurs possibilités humaines du moment. "Pour autant, je ne crois pas que le 4-3-3 en tant que tel soit en bout de course, tempère Natalia Arroyo. Mais c’est vrai qu’actuellement, il est devenu relativement simple de le contrecarrer pour les adversaires". Ce qui est probable également, c’est que le 4-3-3 n’est plus indéchiffrable comme il a pu l’être par le passé. Le retour en force du 4-4-2 d’antan a constitué une bonne réplique, bien qu’il ne soit pas l’unique système de jeu capable de mettre en péril les rouages barcelonais. "Il est certain que le 4-4-2 a bloqué le Barça, aussi bien dans le pressing haut tel que le pratique l’Atlético de Madrid que dans le repli, notamment pratiqué par la Juventus. Mais justement, le 3-4-3 bouge mieux contre ce type d’adversaires. Au final, tout est question de hauteur, de là où se situe le bloc et du rythme de circulation de l’équipe".

Langage Barça en LV1 obligatoire

Après trois saisons sous les ordres de Luis Enrique, le Barça va initier un nouveau cycle. Le choix est d’autant plus crucial que le Real Madrid a retrouvé de la vigueur et que l’Atlético a, semble-t-il, laissé son instabilité chronique aux oubliettes grâce à Diego Simeone. La verticalité du jeu de Luis Enrique a succédé au redoublement de passes de Pep Guardiola après l’intermède Tata Martino (Tito Vilanova était en ligne directe avec le Guardiolisme). Quel chemin doit désormais prendre le Barça ? L’enjeu est d’envergure. Pour Natalia Arroyo, "le club doit envisager le projet qu’il veut : assumer les transferts de joueurs de 22 ans qui n’ont pas encore atteint le niveau des vétérans de l’équipe ou s’il investit dans des joueurs aguerris pour maintenir la dynamique de titres ? Par dessus tout, il doit reconsidérer le rôle réservé aux joueurs de la Masia".
Enfin, les dirigeants culés vont devoir peser le pour et le contre de chaque candidat au poste d’entraîneur, s’il faut opter pour la continuité avec Unzué, élire un ancien joueur ou retenter le coup qui a loupé avec Tata Martino. "Il est nécessaire que le langage Barça domine, tranche encore Arroyo. Je ne parle pas nécessairement du fait d’avoir porté les couleurs blaugrana mais bien de partager une philosophie, c’est-à-dire porter l’initiative depuis le ballon, conserver la rigueur tactique et l’agressivité sans le ballon. Différents entraîneurs entrent dans ce cadre et il faudra donc prendre en considérations tous les facteurs. Je crois que Jorge Sampaoli correspond mieux que Ronald Koeman, même si celui-ci connaît le club et son environnement". Une chose est certaine, la perception de l’organisation du milieu de terrain sera essentielle. C’est ce qui fait la force du Barça et qui doit absolument le rester.
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