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L'Athletic Bilbao ne fait pas comme les autres... et ça marche

Antoine Donnarieix

Mis à jour 05/10/2018 à 17:43 GMT+2

LIGA - Jamais descendu en deuxième division nationale depuis sa création en 1898, l’Athletic Bilbao forme une équipe dotée d’une politique de recrutement spécifique et différente des autres pensionnaires de la Liga 2018-2019. Mais comment ce club fait-il pour résister à un football en constante libéralisation ?

Athletic Bilbao - Barcelone

Crédit: Getty Images

Ils ne sont que trois clubs espagnols à se partager cet immense privilège. Ensemble, le Real Madrid, le FC Barcelone et l’Athletic Club ne comptent aucune saison passée dans l’antichambre de l’élite au cours de leur riche histoire. Trois clubs qui se partagent donc la majorité des quatre-vingt-sept championnats nationaux : le Real en compte trente-trois, le Barça vingt-cinq et l’Athletic huit. Le dernier, acquis à la fin de la saison 1983-1984, dressait l’étendue d’un football basque alors à son apogée. Un football fait de contact, combat et engagement. Entraîneur de l’Athletic entre 1981 et 1986, Javier Clemente est catégorique. "Cette saison sera difficile pour l’Athletic, affirme le Basque. Nous possédons un niveau global moins important que celui des dernières années, mais nous espérons que les résultats seront au rendez-vous." Pourtant, il y a bel et bien matière à rester optimiste.

L’aîné regarde les grands dans les yeux

Doyen des clubs de Liga, l’Athletic Club (et non l'Athletic Bilbao, fausse appellation) n’est pas qualifié pour une coupe d’Europe cette saison, la faute à un exercice 2017-2018 terminé à une très décevante seizième place. De quoi entraîner des conséquences négatives, comme la volonté du gardien Kepa Arrizabalaga, transféré à Chelsea contre 80 millions d’euros, de quitter le cocon familial plus tôt que prévu. "L’Athletic regarde toujours vers le point le plus haut et ne s’occupe pas de ce qu’il peut se passer en bas de tableau, explique Clemente. Ces dernières années, les places européennes et les titres sont difficiles à obtenir car des joueurs quittent le club avant d’atteindre leur meilleur niveau, ce qui n’était pas le cas avant. En réalité, ces joueurs souhaitent être transférés pour des raisons économiques et non sportives."
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Kepa Athletic Bilbao

Crédit: Getty Images

En revanche, manquer la coupe d’Europe permet aussi à l’effectif de se concentrer uniquement sur le championnat pour tenir tête aux meilleurs. En moins de quinze jours, l’Athletic Club est ainsi parvenu à tenir la dragée haute au Real Madrid à San Mamés (1-1) puis au FC Barcelone dans l’antre du Camp Nou (1-1). Deux belles performances rendues possibles grâce à… Unai Simón, gardien de 21 ans et remplaçant de Kepa au pied levé, suite au départ de ce dernier pour l’Angleterre. "Le Pays basque s’est toujours caractérisé comme une excellente région pour former les gardiens, confirme Clemente. Peut-être que cela est dû au fait d’emmener les petits enfants à la plage, ou alors de les habituer à la pelote basque, je ne saurais pas le dire ! Mais c’est une grande tradition." José Ángel Iribar, Luis Arconada, Andoni Zubizarreta, Kepa Arrizabalaga… Autant de noms devenus des références internationales au poste le plus ingrat du football.

Clemente : "La politique de recrutement du club est inchangée depuis le départ"

Avoir un bon portier pour rassurer sa défense, d’accord. Mais comment construire une équipe capable de marquer des buts avec une politique de recrutement aussi restreinte, l’Athletic Club n’engageant que des joueurs aux origines basques ? "La politique de recrutement du club est inchangée depuis le départ, explique Clemente, ancien joueur de l’Athletic entre 1968 et 1973. À mon époque, il y avait déjà des joueurs qui n’étaient pas nés dans le Pays basque. Par exemple, l’actuel entraîneur du Barça, Ernesto Valverde, a joué pour l’Athletic sans être né dans la région. Ce qui compte, c’est de voir un jeune grandir ici en tant que footballeur.Ganea (né en Roumanie, ndlr) est arrivé à neuf ans dans un village proche de Bilbao, et il a intégré le club deux ans plus tard. Iñaki Williams c'est pareil, il ne venait pas de l’extérieur. Il est né à Bilbao, d’un père ou d'une mère africaine (en réalité, ses deux parents sont originaires du Libéria, ndlr)."
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Inaki Williams

Crédit: Getty Images

L’importance de grandir et d’adhérer aux principes fondateurs du football basque apparaît comme essentielle, même si certains entraîneurs peuvent parfois apporter leur touche de savoir personnel. C’était notamment le cas de Marcelo Bielsa, passé sur le banc des Leones (Lions, en VF) entre 2011 et 2013. Et depuis cette nouvelle saison, c’est également le cas d’Eduardo Berizzo, ancien adjoint de Bielsa lorsque celui-ci dirigeait l’équipe nationale du Chili entre 2007 et 2011. Une stratégie à laquelle Clemente, traditionaliste dans l’âme, n’adhère pas. "Ces entraîneurs argentins jouent de la manière qu’ils souhaitent, mais cela ne représente plus la réelle force du football à l’Athletic. En cela, la philosophie du jeu est en train de se transformer. Bielsa détient une excellente approche pour entraîner n’importe quelle équipe dans le monde, mais pas l’Athletic car ce club est unique. Le football de l’Athletic doit être différent, il doit être basque sur tous les points." Une vision à part entière, sur le fond comme sur la forme.
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