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Un Barça dépensier malgré ses dettes : mais au fait qu’en pense la "bien-pensante" Espagne ?

Antoine Donnarieix

Mis à jour 25/07/2022 à 14:53 GMT+2

LIGA - Auteur d’un surprenant retour sur le devant de la scène afin de jouer les premiers rôles dans ce marché des transferts, le FC Barcelone interroge pas mal d’acteurs du football sur sa récente résurrection économique. Principale bénéficiaire à court terme de cette nouvelle donne, l’Espagne reste globalement assez silencieuse sur cette nouvelle donne. Qui ne dit mot consent ? Pas si sûr…

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Il ne fallait mettre qu’une simple pièce dans la machine pour qu’elle se remette à envoyer la musique. En tournée estivale aux Etats-Unis, Julian Nagelsmann s’est fait questionner sur la manière dont le FC Barcelone était parvenu à enrôler Robert Lewandowski contre un joli chèque de 45 millions d’euros. "Ce n’est pas seulement Lewy, ils achètent beaucoup de joueurs, affirmait en cours de semaine l’entraîneur du Bayern Munich depuis Washington, le tout avec un léger sourire narquois. Je ne sais pas comment. C’est le seul club au monde qui n’a pas d’argent mais qui peut acheter tous les joueurs. C’est bizarre et un peu fou d’après moi, mais en fin de compte, ils trouvent des solutions."

Les "artistes de la finance"

À vrai dire, la guéguerre entre le Bayern et le Barça ne date pas d’hier à la fois sur le terrain et en dehors. Le mois dernier, Uli Hoeness s’était aussi chargé d’envoyer une sortie médiatique teintée de condescendance à la destination des Barcelonais. "Ce sont apparemment des artistes de la finance qui, malgré un lourd endettement, trouvent toujours une banque qui leur donne de l’argent pour proposer de telles offres". Actuellement, les deux mastodontes européens font partie des plus dépensiers sur le marché actuel (126,5 millions d’euros pour le Bayern avec Mané, De Ligt et Gravenberch contre 108 pour le Barça avec Raphinha et Lewandowski, donc).
Si la situation économique et les dépenses du Bayern ne suscitent pas le débat, la stabilité du Barça a récemment connu des déboires. Déclaré en faillite comptable au mois de mars 2021, le club catalan devait alors maîtriser une forte crise financière et se retrouvait contraint de laisser à la concurrence directe son footballeur le plus emblématique : Leo Messi. Forcément, ce revirement de situation laisse dubitatif un peu partout en Europe. Mais entre soupçons de favoritisme et peut-être une forme de jalousie matérielle de la part des adversaires, qu’en est-il de la position de l’Espagne vis-à-vis de cet irréductible Barça ?
Bien entendu, les sons de cloche varient en fonction de la provenance. Du côté de La Liga, Javier Tebas évoquait dans un premier temps la nécessité de vendre des actifs du club pour permettre les fameuses palancas, des leviers de financement afin d’assainir les comptes du club mais aussi améliorer le recrutement. "Si Barcelone travaille bien dans ce domaine, le club en sortira grandi, évoquait le président lors des journées Marca à Malaga au début du mois de juin. Je n’ai aucun doute sur le fait que le Barça soit, en matière économique, une machine à faire de l’argent." A priori, le différend entre le Barça et la Liga vis-à-vis de l’accord Liga-CVC appartient à l’histoire ancienne.
La préoccupation est passée du court au moyen terme, mais elle existe
Quelques semaines plus tard, force est de constater que le déroulement des faits a donné raison aux propos de Tebas dans l’immédiat. L’an passé, le Barça a actionné un premier levier consécutif à une vente de 10% des droits télévisuels de la Liga à Sixth Street. En contrepartie, la compagnie américaine a versé 207,5 millions d’euros en guise de financement à court terme. Depuis ce jeudi, ce même accord est passé à 25% de la cession des droits TV entraînant une nouvelle injection de 400 millions d’euros dans les caisses du club. À cela s’ajoute aussi une augmentation du capital de 80 à 90 millions d’euros grâce à l’apport d’une troisième société propriétaire de droits. Au total, la cession de 25% des droits TV permet au Barça d’obtenir 600 millions d’euros à sa totale disposition. Et la danse des leviers n’est peut-être pas encore terminée…
En effet, la vente de 49,9% du BLM (Barça Licensing & Merchandising) reste une éventualité pour Laporta et pourrait rapporter 200 millions d’euros de plus. Mais tout ce remue-ménage est-il bien raisonnable ? "Les accords sont en adéquation avec les conditions générales d’endettement validées par la Liga, affirme Alberto Palomar, associé spécialisé dans le sport et le divertissement au sein du cabinet BROSETA, à Madrid. Ils sont dans la lignée de ceux effectués par la majorité des clubs avec CVC."
Non-signataire de l’accord de la Liga avec le fonds d’investissement britannique, le Barça suscite néanmoins des interrogations au sein même de son pays. "Ces accords constituent un défi pour le Barça car les conditions d’endettement sont dures, poursuit maître Palomar. Les fonds obtenus permettent de gagner de l’argent mais ne permettent pas d’en retirer un bénéfice pour autant. Le Barça va devoir effectuer un effort de gestion pour rembourser sa dette et ne pas aggraver la situation. La préoccupation est passée du court au moyen terme, mais elle existe."
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L’Espagne et la dette, une histoire sans fin ?

Depuis le passage au nouveau millénaire, la gestion financière hasardeuse des clubs de Liga était un gigantesque imbroglio et le pays était considéré comme l’exemple à ne pas suivre. Parmi les mauvais élèves les plus marquants, les impayés de salaires et primes pour les joueurs du Real Oviedo (finalement sanctionné d’une double relégation administrative), les 86 millions d’euros de déficit du Celta de Vigo au démarrage de la saison 2003-2004, les 300 millions d'euros dépensés par le FC Valence dans la construction de son nouveau stade de 70000 places financé par la vente du terrain de l'ancien stade pour environ 400 millions d'euros. Deux ans plus tard, la crise économique de 2008 a obligé les travaux à s’arrêter brusquement… pour ne plus jamais reprendre. La raison ? Valence n’avait pas trouvé d’acheteur pour le terrain de Mestalla. Enfin, l’exemple le plus grave : le FC Extremadura, éphémère pensionnaire de Liga en 1996-1997, se retrouve carrément rayé du panorama footballistique en 2010 pour des raisons financières.
Voilà une accumulation de cas qui explique pourquoi la politique de renflouement des caisses du Barça continue d'interroger aujourd'hui. "Le rapport des clubs espagnols à la dette s’est inversé totalement depuis l’approbation du décret-loi royal 5/2015 relatif à la centralisation des droits, précise maître Palomar. Aujourd’hui, le niveau d’endettement est contrôlé et celui des revenus a quasiment été multiplié par trois. Néanmoins, le Covid a eu un impact sur la publicité et l’affluence dans les stades et la reprise normale de l'activité est souhaitable. Le seul avantage réel de ce changement aujourd’hui, c’est le contrôle strict relatif à l’augmentation de la masse salariale. Depuis 2015, les chiffres indiquent que la situation du Barça ne s’ajuste pas à la réalité. Cela dit, la majeure partie des clubs professionnels possèdent une situation financière durable. Il y a eu beaucoup de sacrifices en Espagne, mais le schéma financier est désormais sous contrôle." Reste qu’une nouvelle fois, le Barça fait encore figure d’OVNI.
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