L'hommage à Gerets

Les travées du Vélodrome en résonnent encore. "Gerets, Gerets, Gerets..." Le public marseillais n'a pas manqué de rendre un vibrant hommage à son entraineur, qui prenait place une dernière fois sur le banc de l'OM avant de s'envoler pour le club saoudien d'Al Hilal Riyad. Ses joueurs non plus. "Nous n"avons rien prévu de spécial mais nous aimerions lui offrir le titre de champion. Si par bonheur, nous arrivions à l"être ce serait le plus beau cadeau que nous pourrions lui offrir", avait prévenu Mamadou Niang. Le titre n'a pas été au rendez-vous, Bordeaux n'en a pas décidé ainsi. Mais les Marseillais ont mis un point d'honneur à exaucer la dernière volonté de leur coach en ponctuant leur saison par une démonstration face à Rennes (4-0). Le Lion de Rekem voulait finir en beauté, il a été servi.

Après la rencontre, il s'est offert un tour d'honneur du Vélodrome. Emu jusqu'aux larmes devant des supporters phocéens qui n'ont cessé de scander son nom. Personne n'a manqué de venir lui serrer la main, de le remercier pour ce qu'il a apporté au club durant ses deux saisons sur le banc marseillais. Gerets en a vu d'autres au cours d'une carrière particulièrement riche en aventures. Mais son émotion était encore très vive en conférence de presse, après la rencontre. "Je crois qu'on peut faire court ce soir car tous les prix ont été donnés. La première mi-temps a été difficile car ils étaient mieux positionnés. J'ai donc été obligé de changer mon fusil d'épaule. Et les joueurs, une fois de plus, ont encore répondu présents. Je suis très, très content qu'on finisse en beauté. Le club avait en tête la première ou la deuxième place, le but est atteint mais le mien non. J'ai quelques regrets mais aussi beaucoup de satisfaction sur le plan humain. C'était spécial, c'était un peu beaucoup, merci", a-t-il soufflé, la voix cassée par l'émotion.

L'hommage rendu par le Vélodrome n'a rien d'illégitime. Arrivé le 25 septembre 2007 en remplacement d'Albert Emon, alors que Marseille pointait dans les profondeurs du classement après une nouvelle défaite à Auxerre (2-0), Gerets a totalement relancé le club phocéen. Pour ses débuts sur le banc olympien, il a signé un exploit en conduisant l'OM à la victoire à Liverpool en Ligue des Champions (0-1). En championnat, il est parvenu à respecter les objectifs de son président, Pape Diouf, en qualifiant son équipe pour le tour préliminaire de la Ligue des Champions. Et cette saison, il l'a amené au bord du titre. Sans un Bordeaux record (11 victoires consécutives pour conclure la saison, du jamais au sein de l'élite), il aurait réussi là où tous ses prédécesseurs ont échoué depuis 1992. Mais Gerets n'a pas été seulement un bienfait pour Marseille. Il l'a aussi été pour la Ligue 1, en apportant un autre regard sur le coaching, celui de l'offensive et de la prise de risques dans un but unique, la gagne. Son audace a d'ailleurs été récompensée par ses pairs, qui lui ont décerné le prix de meilleur entraineur de Ligue 1 cette saison.

Marseille ne sera pas seul à regretter le Belge, dont l'humour et le sens de la formule ont régalé les journalistes durant près de deux ans. L'ancien défenseur des Diables Rouges va laisser un vide considérable dans une cité phocéenne qui gardera à jamais une place privilégiée dans le coeur du Lion de Rekem. "J'ai été apprécié dans d'autres pays mais ce que j'ai vécu ici, c'est de la folie. Je le prends avec moi et, dans 10 ou 15 ans, si je vis encore, je me mettrais devant ma cheminée avec un bon vin rouge et je regarderais un DVD de tout ce qui m'est arrivé à l'OM. J'ai aimé ce club, cette ville mais ce que les gens m'ont donné en retour est fou. Je n'ai pas de mots pour l'expliquer. Avant le match, j'ai remercié tout le monde car ils m'ont accepté comme je suis même avec mes points négatifs. Je suis parfois trop crispé ou j'en demande trop mais ils ont compris que c'est seulement comme ça que l'on a du succès. Je m'excuse auprès des supporters pour ne pas avoir été champion car c&lsquoétait mon but avec Cup'. Le but de la direction est atteint mais pas le mien. Le cadeau que je voulais donner à tous ces gens qui ont été derrière nous pendant deux ans, c'était le titre. Alors toutes mes excuses", déplorait-il avant de quitter un Vélodrome qui ne l'oubliera pas.