Les tops de la Ligue 1

"On ne va pas commencer à se comparer à Lyon. Il n'y a pas de dynastie. Ils ont gagné sept titres de suite. Nous, nous en sommes à un." Jean-Louis Triaud a raison. Il est beaucoup trop tôt pour parler d'hégémonie bordelaise sur la Ligue 1. Mais dans le sillage d'un titre conquis brillamment au printemps dernier, le club aquitain est en train, doucement  mais sûrement, d'asseoir sa domination sur le championnat. Individuellement, le talent est là, et collectivement, l'équipe de Laurent Blanc a atteint un degré de cohérence que personne ne peut égaler aujourd'hui. Le cru précédent était excellent, celui-ci peut s'avérer exceptionnel. Il parait en tout cas encore un ton au-dessus, comme en témoignent les performances girondines sur la scène européenne.

Quoi qu'il advienne d'ici le printemps, ce que vient d'accomplir le LOSC au cours du dernier mois restera comme un des faits marquants de la saison. Six matches, six victoires, 23 buts marqués et 3 encaissés (tous par Lisandro Lopez), n'en jetez plus, les Lillois ont tout dévasté sur leur passage. Mais au-delà des résultats bruts, il y a la qualité de jeu offerte par l'équipe de Rudi Garcia qui a séduit tout le monde. Un vrai régal. Cette exceptionnelle série prouve accessoirement que Lille n'était pas à sa place en début de saison (1 seule victoire lors des 7 premières journées). Les Dogues peuvent-ils tenir cette deuxième place? Avec une épine dorsale Landreau-Rami-Mavuba et le talent hors norme de Gervinho ou Hazard devant, il n'y a aucune raison pour qu'ils ne puissent pas viser la Ligue des champions.

Qui aurait pu imaginer que Montpellier, troisième du classement, qui plus est avec un match en retard, serait installé sur le podium  à mi-saison? Pas grand monde, probablement. Pas même Louis Nicollin, qui a pourtant tout vu et tout connu en 35 années à la tête de "son" club. Sur le papier, le club héraultais paraissait comme le plus fragile des trois promus. Mais avec un recrutement réussi (René Girard sur le banc, Sphaic derrière, Pitau ou Jeunechamp au milieu), le retour de l'esprit "Paillade", le talent décomplexé d'un Montano ou d'un Costa, une vraie fraicheur et une solidité tout aussi réelle, Montpellier n'a eu de cesse de surprendre. On pensait que le tube de l'été s'essoufflerait rapidement mais à chaque coup d'arrêt, Montpellier a su repartir. Et maintenant? Il parait difficile d'imaginer le promu languedocien aussi haut en fin de saison. Mais cette équipe n'est plus à une surprise près et, quoi qu'il en soit, son objectif initial, le maintien, est déjà quasiment en poche avec 17 points d'avance sur le premier relégable.

On a beaucoup moqué la Ligue 1 ces dernières saisons, souvent avec raison, pour la piètre qualité du spectacle proposé. A ce titre, l'exercice 2009-2010 marque une nette amélioration. Il y a d'abord la moyenne de buts, qui atteint 2.5 par rencontre. C'est la plus élevée depuis la saison 2000-2001 et ce n'est pas  anodin. Les matches phares (à commencer par le 5-5 entre Lyon et Marseille) ne sont plus l'arbre qui cache la forêt mais le symbole d'un championnat un peu plus attractif. Même certaines équipes aux moyens économiques pourtant limités, comme Lorient ou Valenciennes, essaient de proposer du jeu. Personne ne s'en plaindra.

La plupart du temps, ils n'ont pas coûté cher. Quand ils ont coûté quelque chose. Mini prix, ils font le maximum et leurs clubs peuvent se féliciter d'avoir misé sur eux. Dans cette liste, on citera notamment Christophe Jallet. Remplaçant à son arrivée dans la capitale, l'ancien Lorientais a débuté 9 des 11 derniers matches. Auteur de trois buts et quatre passes, il s'avère très précieux. Deux autres anciens protégés de Christian Gourcuff brillent dans deux clubs plus huppés: Michael Ciani, qui a fait oublier Souleymane Diwara en défense central à Bordeaux, et Fabrice Abriel, l'un des meilleurs Marseillais de cette phase aller. Si les anciens Lorientais font le bonheur de certains, le club breton a lui aussi du flair. Pour pallier le départ de Ciani, il a été cherché Laurent Koscielny à Tours. Il ne s'en plaint pas. Inconnu il y a quelques mois, le gardien de but de Valenciennes Guy Roland Ndy Assembe est quant à lui la grande révélation de cette fin d'année 2009. Evoquons encore Emir Spahic (Montpellier), Mamadou Samassa (Valenciennes) ou Danijel Ljuboja (vieille connaissance du championnat qui rend bien service à Grenoble). Comme quoi il est possible de faire de véritables plus-values qualitatives pour un minimum d'argent.

Les cadors de la Ligue 1 ont cassé leur tirelire cet été. Certains pour garder leur star (Gourcuff à Bordeaux), d'autres pour attirer un gros poisson, en l'occurrence Marseille (Lucho Gonzalez) et Lyon (Lisandro Lopez). Le dernier nommé s'est incontestablement imposé comme une star du championnat de France, justifiant le lourd investissement consenti sur sa personne. Au sein d'un collectif lyonnais brinquebalant, Lisandro est une vraie satisfaction, au point de prétendre légitimement au rang de meilleur joueur de L1. Il en est déjà le meilleur attaquant. Avec cet excellent technicien capable d'optimiser chaque ballon, l'OL a tiré le gros lot, même si cela n'empêche pas le club du président Aulas de vivre sa saison la plus difficile depuis bien longtemps...