Le risque de l'implosion

Mardi 10H30. Le centre d’entraînement Robert Louis-Dreyfus baigne dans une chaleur estivale. Les joueurs commencent leur entraînement tout sourire. Et le président Jean-Claude Dassier salue les quelques journalistes. Apostrophé par l’un d’entre eux sur la Une d’un quotidien italien, JCD rétorque qu’il ne lit pas la presse transalpine. Dommage, il aurait pu y découvrir la rumeur d’une approche de l’AS Rome envers Didier Deschamps. Après un bref passage dans son bureau pour valider l’information, Dassier s’en va quérir la vérité auprès de Deschamps. Les deux hommes discuteront un long moment sur la pelouse. Le président de l'OM semble dépassé par les événements. Il souhaite conserver Deschamps qu'il sait capable de tirer le club vers le haut. Mais JCD a également l'impérieuse nécessité de réduire la masse salariale. Il est donc dans l'impossibilité de donner les garanties nécessaires à son entraîneur.

Vendredi 12h15. Nouvel épisode de la fébrilité de l’ex-champion de France. Gaby Heinze s’est invité en conférence de presse pour expliquer les raisons de son départ. Il invoque en premier lieu des incompréhensions avec ses dirigeants. "J’ai senti que je faisais une faveur en partant, explique l’Argentin visiblement ému par ses propos. Ici, depuis que je suis arrivé, on me parle tout le temps d’argent. Pourtant, je ne suis pas venu pour ça. Vous savez, je gagnais plus à Madrid. Si j’ai signé à l’OM, c’est pour gagner des titres. Et j’y suis parvenu. C’est Deschamps qui m’a fait venir ici. Si ce qu’il m’a exposé au départ ne tient plus, je ne me vois pas rester."

Heinze avoue que ça lui "fait mal" de partir. Car il était prêt à faire des sacrifices financiers pour continuer l’aventure. "J’étais ouvert à une prolongation avec une baisse de salaire, explique-t-il. De l’autre côté, ils n’étaient pas ouverts." L’ancien Parisien va plus loin en stigmatisant la guerre des chefs au sein du club. "Si on regarde le déroulement de la saison, on perd tout d’abord un joueur important (Mamadou Niang, ndlr). On avait les moyens de le garder. Pour viser haut, il faut garder la même ossature d’une saison sur l’autre.Mais on n’a pas réussi à le faire. On débute alors le championnat par deux défaites. Et ensuite, je pense que tout le monde connait l’histoire… Il y a une personne d’un côté et une de l’autre. Vous le savez, ce genre de choses, ça ne me plait pas."

Vendredi 13H00. Heinze et Deschamps passés devant les médias, Steve Mandanda ferme le bal des conférences de presse. Si l’avenir de Didier Deschamps le préoccupe au plus haut point, le gardien des Bleus centre son intérêt sur son entraineur particulier, Nicolas Dehon. Le coach des gardiens n’a toujours pas trouvé de terrain d’entente avec l’OM. En fin de contrat, son avenir semble aussi incertain que celui de DD. "Oui, ça me pose un problème de ne pas savoir s’il va rester, répond un brin agacé le portier international. C’est avec lui que je travaille au quotidien. J’espère que ça sera réglé assez rapidement. Le plus important, c’est d’être fixé. Après, on avise. Il y a des discussions entre Nico et le club. C’est à eux de gérer ça. Mais je ne sais pas trop où ça en est aujourd’hui."

Fort de son statut de capitaine, Mandanda tient à peser chaque mot qu’il emploie. Quand on lui demande s’il anticipe une révolution cet été à Marseille, l’ancien Havrais trouve la parade avec une réponse de Normand : "Oui et non. Chaque début de saison, c’est compliqué. On l’a vu cette année. On sort d’un titre de champion et on a l’impression que tout va bien se passer. Finalement, il y a eu énormément de chamboulements avec beaucoup de difficulté au départ." Emporté par son élan, Mandanda va finir par se lâcher et exprimer le fond de sa pensée. "Je pense que ce n’est pas normal que tout ne pas soit arrêté autour de l’entraineur, avoue-t-il. Le coach a énormément apporté au club. Ça faisait plus de 17 ans que l’OM n’avait rien gagné. En deux saisons, il a réussi à prendre quatre trophées. Ça veut dire que c’est quelqu’un qui connaît le métier. Il est arrivé à bien gérer l’atmosphère et l’environnement du club." Et Mandanda de conclure : "Je m’attends à tout la saison prochaine…"