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Le synthétique fait débat

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 11/12/2010 à 07:58 GMT+1

Décriées cet été, les pelouses synthétiques font le bonheur de Nancy et Lorient avec l'arrivée de l'hiver. L'argument sur la fin des reports de matches a fait mouche mais le synthétique pose encore des problèmes d'adaptation et d'homogénéité. Le débat est lancé avant Lorient - Lens et ASNL-Sochaux.

pelouse synthetique nancy picot

Crédit: AFP

Cette saison, Nancy et Lorient sont devenus les premiers clubs de L1 à troquer leur vert gazon pour des pelouses synthétiques. Une mini-révolution qui a entraîné une levée de bouclier mais qui commence aujourd'hui à faire des envieux. Car, quand les clubs de L1 luttent contre la neige et le gel, les deux pionniers semblent avoir trouvé l'arme fatale. Pourtant, le pari était loin d'être gagné tant les critiques ont été virulentes. "Le synthétique ? Ça devrait être proscrit. J'espère qu'aucune autre équipe ne fera ce choix. Parce que les appuis sont dangereux". C'est le risque de blessure qui aurait ainsi poussé Claude Makelele à refuser de jouer à Lorient. Mais le plus véhément reste Frédéric Antonetti. "Ce n'est pas du football", avait lancé l'entraîneur de Rennes malgré la victoire de son équipe à Nancy (3-0). "Je vous parie que Nancy va revenir à une pelouse rapidement, même si ce n'est qu'un avis", prédisait-il alors.
Mais Nancy, comme Lorient, garde le cap. Son président, Jacques Rousselot, a même récemment endossé son costume de VRP pour faire la promotion du synthétique, dont la côte grimpe en flèche avec l'arrivée des rigueurs hivernales. Car les arguments des partisans du synthétique sont clairs : le beau jeu et surtout la fin des reports de matches. "Le synthétique est plus que jamais indispensable, surtout que l'hiver commence tôt et que le froid est là, se félicite auprès de Reuters l'homme fort de l'ASNL. Certes, il fera froid mais la pelouse artificielle sera de qualité (…) Avec cette nouvelle technologie, on a la solution contre les reports de matches". Et Rousselot de balayer d'un revers de la main les critiques sur les risques de blessures : "Je veux tordre le cou aux idées reçues qui disent que c'est dur, difficile de jouer, etc. Il n'y a aucun médecin qui pourra prouver aujourd'hui que le terrain synthétique engendre des traumatismes". D'ailleurs, ni Nancy, ni Lorient ne comptent pour l'instant de grand blessé. Rousselot y voit même un avantage : "En hiver, il est beaucoup plus adapté que des terrains durs, boueux, de mauvaise qualité".
"Dans la salle de sports de la caserne des pompiers..."
Quand les arguments viennent d'anciens sceptiques, c'est que l'idée fait son chemin. Particulièrement réfractaires, les joueurs y ont ainsi pris goût. Marama Vahirua, qui n'a pas connu le changement de pelouse avant de quitter Lorient se souvient : "On n’avait qu’un terrain d’entraînement et, quand celui-ci était impraticable, on n’avait pas d’autre choix que d’aller dans la salle de sports de la caserne des pompiers!". A Nancy, on a pu s'entraîner toute la semaine à Marcel-Picot quand les autres clubs devaient composer avec les caprices de la météo. "Dans le contexte actuel, c’est un avantage de se préparer la semaine sur le terrain où l’on va jouer le samedi", reconnaît Jonathan Brison dans L'Est Républicain. Ce n'est peut-être pas qu’un hasard si les Lorrains ont réussi leurs deux derniers matches à domicile, contre Valenciennes (2-0), puis Saint-Etienne (1-1). Du côté des entraîneurs, Christophe Galtier était d'ailleurs reparti convaincu lui aussi. "C'est mieux que de jouer sur un bourbier", expliquait l'entraîneur des Verts. "Je suis pour s'il y en a partout, si on ne joue que sur cette surface. Moi, je suis pour une pelouse uniforme et je trouve que si tout le monde travaille sur la même surface, il n'y a pas de problème d'adaptation".
Aujourd'hui, le principal obstacle reste celui de l'uniformité. Jouer sur un gazon naturel ou synthétique, ça n'a rien à voir. Sur le plan du jeu, un revêtement homogène et débarrassé de toute imperfection entraîne un football plus rapide qui favorise les équipes à l'aise techniquement. "Les appuis sont un peu différents mais c'est seulement une question de cramponnage", précise également Christian Gourcuff. Il faut donc s'adapter à cette nouvelle surface. "Ça va plus vite, peut-être que nos joueurs devaient s'habituer, trouver leurs marques, dit Rousselot qui sait que son équipe à sans doute laissé quelques plumes dans cette histoire. Quand on fait le jeu, les équipes adverses procèdent en contre et comme ça joue rapidement, on a peut-être donné quelques points aux équipes adverses". Mais ne lui dites pas que c'est là l'explication des maux nancéiens à domicile (18e équipe de L1 avec 7 points pris en 8 matches). "On a fait un amalgame entre nos performances et le terrain. Je le redis: les performances de l'ASNL n'ont rien à voir avec le terrain. Qu'on arrête avec ça", s'agace-t-il. Après tout, de son côté, Lorient pointe au 4e rang à la maison (16 points en 8 matches).
Un problème d'homogénéité
Les adversaires, eux aussi, tentent de s'adapter. Lens, qui se rend à Lorient ce week-end, s'est entraîné toute la semaine sur le terrain synthétique de son d'entraînement de la Gaillette. Un luxe que n'ont pas tous les clubs. Jean-Guy Wallemme a même laissé entendre qu'il pourrait aligner une équipe qui correspondrait davantage aux nouvelles exigences du Moustoir : "Je dois rechercher le bon profil de joueur pour évoluer sur cette surface. Nous avons besoin de vitesse, de petits gabarits pour poser problème à cette équipe lorientaise que nous savons joueuse". Mais l'entraîneur du RCL a également rappelé les difficultés à défendre sur synthétique, notamment en raison des tacles qui peuvent entraîner des brûlures. "Il faudra s'adapter. Ce n'est pas l'idéal, mais c'est comme ça, prévient-il. Il y en a parfois qui ont le courage de se mettre le cul par terre sur ces terrains, mais le problème viendra aussi des appuis pour se retourner". A contrario, le retour au naturel ne se fait pas sans mal. A Arles-Avignon, Vahirua a ainsi eu "l’impression d’être sur de la mousse après une semaine sur des sols durs".
Naturel ou artificiel, il va donc falloir choisir. Alors Nancy et Lorient serviront-ils d'exemple? "Il faudrait prendre la mesure de cette nouvelle technologie de pelouse et peut-être l'uniformiser à cinq ou huit ans de façon à ce que tout le monde joue sur le même terrain. C'est aussi une question d'équité", espère Rousselot qui affirme que "d'autres collègues nous approchent pour savoir comment mettre en place chez eux ce terrain synthétique", évoquant notamment Jean-Michel Aulas. Pratique l'hiver, la formule a aussi l'avantage d'être plus rentable car ne nécessitant pratiquement pas d'entretien. En Allemagne, Louis Van Gaal milite également pour une généralisation du synthétique. Petit à petit, l'idée gagne même les plus hautes instances. Réticent, au point de délocaliser le match France-Luxembourg à Metz ("la pelouse synthétique de Marcel-Picot a été un frein"), le président de l'UEFA Michel Platini estime désormais que "cette évolution est inéluctable et je dois admettre que d'énormes progrès ont été réalisés dans ce domaine". En France, le débat est lancé.
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