Marseille crie au vol

C'est ce qu'on appelle une sale soirée. Deux blessés (Brandao et Edouard Cissé), un joueur expulsé, un penalty contesté et deux points qui s'envolent... Pour l'OM, l'addition est corsée. "C'est beaucoup de frustration, de déception et d'injustice", résume Steve Mandanda. Mais le résultat comptable, un troisième match sans victoire qui empêche les Phocéens de rester dans les pas de Lille et du PSG, a semblé passer au second plan samedi soir, même si le gardien notait que Marseille "n'avance pas beaucoup". "Ce soir, c'est un peu différent. Le contexte est particulier avec une physionomie de match un peu bizarre", a-t-il souligné. Rien à voir donc avec les sorties face à Rennes (0-0) ou Nice (0-1).

Au Stade de l'Abbé-Deschamps, plus que le résultat, c'est bien ce penalty sifflé à l'encontre de Stéphane Mbia et l'expulsion de ce dernier pour une faute sur Julien Quercia (38e) qui a provoqué la colère des Marseillais. Une colère froide pour Didier Deschamps qui a préféré ne se pas s'étendre sur le sujet. "Il y a eu énormément d'erreurs (d'arbitrage) en notre défaveur. C'est le constat inéluctable. Vous aurez les images à l'appui", a-t-il simplement fait remarquer. Mais n'est-il pas énervé ? "Je ne vais pas nier l'évidence, répond-il. Mais je ne peux rien dire. Et je préfère ne rien dire puisque ça me retombera dessus après. J'espère juste qu'on reverra autant les images qui nous sont défavorable autant que l'on a vu celles qui nous ont été favorables, comme ça a été le cas ces dernières semaines". DD est pourtant bien l'un des seuls à ne pas avoir laissé s'exprimer sa frustration. "Nous avons été mal traités, ce n’est pas normal, s'est ainsi emporté Jean-Claude Dassier. La faute de Mbia est clairement en dehors de la surface, il y a l’exclusion en prime, à huit jours du match face à Lyon… Je me demande des fois si les arbitres réfléchissent à la portée de leurs décisions".

Principal acteur de cet incident, Stéphane Mbia a quant à lui tenté de se défendre et de plaider sa cause. "Il n’y a pas penalty, il est en dehors de la surface, et Birsa plonge, il tombe, a estimé le milieu reconverti défenseur central. En plus, je ne suis pas dernier défenseur puisque nous sommes deux sur l’action (Heinze, ndlr)". Le défenseur ne compte pas en rester là : "J’ai prévenu les dirigeants, ils doivent faire quelque chose pour que je puisse jouer le prochain match (contre Lyon, ndlr) car c’est une rencontre importante et on doit prendre le maximum de points". Et il pourrait bien être entendu par son président qui réfléchira à un recours possible. "On va se laisser un peu de temps pour regarder le tout, mais on fera ce qu’il faut pour essayer de rétablir nos droits car je pense que l’on a été volés", a d'ores et déjà annoncé M. Dassier.

Comme souvent, l'arbitre se trouve sur le banc des accusés, Fredy Fautrel en l'occurrence. "Ça fait beaucoup pour une seule soirée. C’est triste. C’est vraiment dommage qu’un arbitre puisse autant peser sur un match", a ainsi insisté le président de l'OM. José Anigo est allé encore plus loin. "Jouer à 10 contre 12, c’est plutôt difficile, a-t-il ironisé. L’arbitre a fait un match contre nous : sur le penalty sifflé pour Auxerre, la faute commence à l’extérieur de la surface, ce qui devrait aussi nous éviter l’expulsion, sur Lucho le pénalty n’est pas sifflé par contre, et enfin beaucoup de petites fautes sont prononcées en notre défaveur". M. Fautrel a-t-il commis des erreurs ? "Pour moi, oui", a estimé Mandanda. "Tout le monde est remonté, car on a le sentiment d’avoir subi une injustice, caractérisée par la mauvaise foi de M. Fautrel et son incompétence, a accusé pour sa part Anigo. Je ne disais plus rien sur les arbitres depuis des mois et des mois, mais là c’est trop pour que l’on garde ça sous silence". L'homme en noir, lui, attend de revoir les images avant de s'exprimer.

De leur côté, les Olympiens sont donc repartis vers Marseille avec une énorme frustration. Mais, contre les aléas d'un scénario catastrophe, ils préfèrent retenir les éléments positifs, notamment "la solidarité du groupe", note Mandanda. "Je suis très fier de ce qu'ont réalisé mes joueurs dans des conditions difficiles, a insisté de son côté Deschamps. Même si nous ne prenons qu'un point, je n'ai vu qu'une équipe sur le terrain et c'est l'OM, même à dix contre onze. Nous ne sommes pas récompensés. C'est le seul point négatif de la soirée"."Même à dix, on avait la possibilité de prendre les trois points. Il y a de la frustration mais il y a aussi la fierté ce qu'on l'a fait", a rappelé André Ayew. L'occasion pour Mandanda de faire remarquer : "on ne va pas tout mettre sur le dos de l'arbitre car on a eu des occasions pour gagner ce match, même à dix contre onze. On n'a pas réussi à concrétiser". Même Jean Fernandez a semblé se ranger du côté de Didier Deschamps. "Je me mets à sa place. Il y a de quoi être en colère. Il y a eu des décisions de l'arbitre en défaveur de l'OM. Peut-être aussi en défaveur de l'AJA une ou deux fois", avoue l'entraîneur de l'AJA qui reconnaît également que "s'il n'y avait pas eu la sortie de Mbia, ça aurait été très compliqué". Marseille a désormais une semaine pour s'en remettre. Car, dimanche prochain, c'est Lyon qui l'attend au Vélodrome.