Marseille rétrograde

"Le foot, c’est comme ça. Une équipe peut l’emporter en marquant sur sa seule frappe cadrée du match." Dans la minuscule salle de presse niçoise, Didier Deschamps cherche de l’air et paraît encore sonné. Son équipe vient de s’incliner face au voisin azuréen à la dernière seconde d’une rencontre pourtant largement maîtrisée par ses hommes. Mais la réussite n’est toujours pas au rendez-vous. Brandao, Lucho, Valbuena, Ayew et Rémy voire Benoît Cheyrou ont eu les opportunités pour briser le verrou niçois. Mais l’OM est reparti fanny. "On s’est procuré beaucoup d’occasions, analyse Souleymane Diawara. Mais on n’a pas su les concrétiser. On n’est jamais à l’abri d’un contre…" A la quête d’un buteur-tueur depuis plusieurs saisons, Marseille peine toujours à se mettre à l’abri. Dimanche, le ciel lui est tombé sur la tête…

De Nice, Deschamps est revenu sans blessé. Une (petite) satisfaction pour l’entraîneur marseillais qui déplore beaucoup de bobos depuis le début de la saison. Diawara, Mbia, Azpi, Cheyrou, Rémy, Gignac, … Si toutes les équipes connaissent des pépins physiques dans la saison, Marseille a déjà atteint son quota. Des cadres olympiens, seuls Lucho et Valbuena ont évité un séjour à l’infirmerie. Deschamps doit jongler entre les absences et les rencontres qui s’enchaînent sans temps mort. A ces problèmes physiques s’ajoutent les suspensions. A ce titre, le cas Diawara interpelle. Sous le coup d’une enquête de la commission de discipline pour son geste sur Nêne à Paris, Souley sait déjà qu’il manquera la réception de Lyon, le dernier match au Vélodrome de l’année. "Contre Nice, je pensais trop à ce carton, pestait le défenseur sénégalais après la rencontre. Et quand on y pense trop, ça nous tombe dessus… Je suis déçu de ne pas jouer contre Lyon." Gaby Heinze suppléera Diawara en défense centrale au côté de Mbia. Très influent dans les vestiaires, l’Argentin devra aussi se montrer irréprochable sur la pelouse. C’est l’une des clés de la fin de l’année olympienne.

Autre interrogation marseillaise : l’apport des recrues estivales. Out pour six mois, Azpi a déjà terminé sa saison. Son bilan est légèrement positif. Il a alterné le médiocre en début de saison avant de se reprendre avec de belles séquences lors de ses dernières sorties avec l’OM. Son absence remet en cause les plans de DD, obligé de rebattre les cartes du prochain mercato, lui qui visait davantage un milieu de terrain défensif. Devant, le chantier n’a pas beaucoup avancé. Les arrivées conjuguées de Rémy et Gignac auraient dû permettre au champion de France de gagner en efficacité. L’objectif est loin d’être atteint. Si l’ancien Niçois a montré un potentiel intéressant sans pouvoir être réellement constant, l’ex-Toulousain a clairement déçu. La seconde partie de la saison sera cruciale pour son avenir à Marseille.

Dans une position d’outsider la saison passée, l’OM est maintenant obligé de montrer ses muscles tous les week-ends. Statut de champion oblige. Les combats sont rudes et l’adversité plus remontée que jamais. Faire chuter le n°1 est un sport national. Deschamps confirme : "Ça sera dur d’être champion. Mais la route est encore longue." L’impérieuse nécessité de rester en haut de l’affiche aurait-t-elle l’effet inverse de celui désiré ? Diawara réfute en bloc l’argument : "La pression, mais quelle pression ? Il n’y a pas de pression. On n’est même pas à la moitié du championnat ! Ok, les rivaux prennent des points. Et tant mieux pour eux. Mais on doit rester sereins et faire ce qu’il faut pour prendre le maximum de points jusqu’à la trêve. Tous les matches sont difficiles. Si on veut faire quelque chose cette saison, il faut passer par là. Il faut se relancer dès le week-end prochain. Et ce ne sera pas facile à Auxerre, avec le froid." Après la douche niçoise, Deschamps espère éviter la buche bourguignonne…