Pas encore la grande forme

Frédéric Antonetti cultive un double talent de coach et de tribun qui fait de lui l'un des grands personnages de notre Ligue 1. L'entraîneur rennais est aussi un devin. "Je vous l'avais bien dit...", s'est-il agacé après Rennes - Saint-Etienne (0-0). Qu'avait annoncé le prophète ? Que le stade de la route-de-Lorient accueillerait des équipes resserrées et que le spectacle sur les pelouses de L1 resterait contrarié par "la culture de la défense dans un championnat homogène". "Saint-Etienne a joué derrière, le football français c'est comme ça. Les 6-0 d'Arsenal et Chelsea, en France y'en n'a pas". Les 0-0 de Montpellier - Caen et Lille - Sochaux, une poignée d'heures plus tard, semblaient lui donner raison. Une tendance : les discours du début de saison dernière sur le football désormais débridé proposé par la L1 sont en sourdine. Dans la foulée de l'Euro 2008, de la nomination de Gérard Houllier à la DTN, de la lune de miel Bordeaux-Blanc et Marseille-Gerets, la L1 a cru qu'elle pourrait changer ses habitudes. On n'en est plus là. Avec 66 buts en trois journées, la moyenne (2,2) est inférieure à celle de la saison dernière sur 38 journées (2,4). Il y a un an, les joueurs avaient profité des beaux jours pour planter 84 fois en trois journées (moyenne : 2,8). Depuis 2005-2006 (2,1 but par match), la moyenne de la L1 n'a jamais été inférieure à 2,3.

Quand la fragilité physique des Lyonnais avait été mise en cause en cours de saison dernière, Claude Puel avait pris le ton du chef auquel on ne la fait pas ! "C'est moi qui décide, qui valide et détermine l'intensité des entraînements. Si vous voulez un responsable, c'est donc moi et moi seul." En 2009-2010, pas moins de dix joueurs avaient été en proie à des adducteurs grinçants : Lloris, Boumsong, Toulalan, Cissokho, Bodmer, Källström, Lisandro, Cris, Delgado, et Govou. Quelques mois plus tard, alors que le nom de Cissokho s'est ajouté à la liste des blessés musculaires après seulement trois journées (Ederson, Lacazette, Bastos et Cris l'avaient précédé, Lisandro étant touché au tendon d'Achille), le manager de l'OL est apparu plus désemparé face à un souci qui devient récurrent. "Je ne sais pas, ce n'est pas normal." Sous l'effet de plusieurs paramètres, l'ex-Lillois aurait sciemment baissé l'intensité de la préparation. Sols, chaussures, hygiène de vie des joueurs, les moindres détails seront passés en revue afin d'en finir avec ce paramètre qui ne permettra pas à Lyon d'aller bien loin, car les réalités économiques l'obligent à contracter son effectif. Contre Brest, les remplaçants étaient Källström, Kolodziejczak, Grenier, Pied, Belfodil et Novillo.

Pour des raisons différentes, Auxerre (3e l'an dernier), Lille (4e) et Monaco (8e) étaient attendus comme de possibles valeurs sûres du Championnat. Leur démarrage est bien poussif. Cela vaut surtout pour le LOSC, annoncé comme un possible candidat au titre, mais qui se traîne à la 16e place avec trois points, dont deux 0-0. Son formidable potentiel offensif est en sommeil : Hazard et Gervinho sont notamment très en-dedans. A Auxerre, engagé en tour préliminaire de Ligue des champions, mal débuter est une vilaine habitude. Mais, comme Lille, c'était pire la saison dernière. Le LOSC n'avait qu'un point en trois journées et Auxerre, zéro. Quant à Monaco, repris par Lens (de 0-2 à 2-2), après deux 0-0 initiaux, le tableau d'une équipe jeune mais enfin rôdée aux exigences du haut niveau a déjà un peu vécu. La preuve ? Guy Lacombe parle déjà de renforts. Le buteur Dieumerci Mbokani n'a pas encore joué son premier match.

La stat-clef : 18 tirsBREST SE DEPLOIE A LYON
Brest, tout promu qu'il est, n'est pas venu à Lyon pour être ridicule. La défaite (1-0) le maintient parmi les relégables (19e), mais les stats de l'équipe bretonne soulignent quel type de difficulté elle a pu poser à l'équipe de Claude Puel, en délivrant 18 tirs (dont seulement 3 cadrés, c'est vrai) et en partageant la possession du ballon (50/50). L'avenir dira si ce chiffre étonnant traduit les difficultés de Lyon ou la valeur de Brest. Sûrement les deux.

La décla qui parle
DESCHAMPS NE PEUT PAS S'EMPÊCHER
"Je ne suis qu'une enclume"
Didier Deschamps a fait des efforts pour rectifier sa com' et renvoyer de l'OM l'image d'un club où tout le monde travaillerait main dans la main, même lui et José Anigo, c'est dire ! Finies les tirades du genre "je m'adapte, pour ceux qui croyaient que je décidais de tout, au moins ça vous enlèvera ce doute". On a appris samedi que Gignac et Rémy étaient finalement des joueurs qu'il avait très envie de "faire". Mais l'entraîneur marseillais n'a pas pu s'empêcher de rajouter son désormais fameux : "Je suis une enclume". Sous-entendu : quelle que soit la qualité de ce recrutement - "le meilleur de la L1" selon Jean-Claude Dassier - Deschamps sera tenu pour responsable d'éventuelles difficultés. En Ligue des champions par exemple...

Cette 3e journée a confirmé que les milieux défensifs étaient bien devenus les meneurs de jeu des temps modernes. Beaucoup d'entre eux se sont illustrés ce week-end, à commencer par Alou Diarra à Bordeaux. Citons aussi Etienne Capoue à Toulouse, Emerse Faé à Nice ou Yann Mvila à Rennes même si, évidemment, tous ne peuvent pas rentrer dans notre équipe-type. L'avant-centre de cette équipe est original, mais il carbure en ce moment. Le Toulousain Daniel Braaten est seul en tête du classement des buteurs (3 buts en 3 journées)... alors qu'il est normalement milieu droit.