C'est parole contre parole

Johann Perruaux "nie formellement tout propos à caractère raciste". Dans ce communiqué transmis lundi soir à l'Agence France-Presse, l'assistant de Tony Chapron confirme la version transmise dès samedi soir par le directeur de Brest - Auxerre (1-0), le match de L1 par lequel le scandale arriva à la 55e minute. "Même si j'ai réagi vivement, suite aux contestations réitérées de M. Chafni et à son attitude agressive à mon égard, je nie formellement tout propos à caractère raciste", écrit-il exactement dans ce texte transmis par le syndicat d'arbitres SAFE.

"Je tiens à la disposition de la justice, que M. Chafni a indiqué qu'il allait saisir, l'intégralité des pièces en ma possession", ajoute-t-il. Par cette phrase, Johann Perruaux fait une référence implicite à la possibilité de produire l'enregistrement des conversations entre arbitres, rendu possibl par le port d'oreillettes. Dimanche en fin d'après-midi, M. Perruaux avait indiqué dans un premier communiqué que "le quatuor arbitral dispose d'une bande son du match, enregistrement de tous les propos tenus" et que cette pièce était "à la disposition de la justice". Le statut de ces enregistrements reste enveloppé d'un épais mystère pour la Ligue (qui finance ce système) et la FFF (dont dépendent les arbitres). Le point central de l'affaire Chafni-Perruaux est une phrase, "dégage l'Arabe !", que l'arbitre aurait opposé à Chafni dans un premier temps.

"J'ai demandé à mes conseils de faire le nécessaire pour qu'une plainte pour diffamation puisse être déposée", annonce l'arbitre dans le communiqué de lundi, en précisant que dorénavant il "n'effectuera plus aucun commentaire sur cette affaire" mais qu'en revanche il "donnera bien évidemment toutes les explications complémentaires concernant les faits aux membres des commissions sportives qui seront saisies". La LFP a annoncé dimanche la tenue d'une enquête, et devrait saisir le dossier lors de la prochaine commission de discipline le 28 décembre prochain.

De son côté, Kamel Chafni n'avait pas encore déposé plainte au pénal, lundi soir, comme il l'avait annoncé dès samedi après son exclusion. "Nous attendons de voir avec le club et le président si vraiment nous portons plainte. Nous verrons. Je ne veux pas m'exprimer là-dessus", a déclaré le joueur, lundi sur France Bleu Auxerre, avant d'ajouter : "Je ne ferai pas machine arrière même si je dois me retrouver tout seul", a-t-il toutefois poursuivi celui qui assure avoir "le soutien du club".

"Je sais que certains joueurs de Brest ont entendu (les propos). C'est à eux d'être courageux, demande Chafni. Cela peut arriver à tout le monde, à des collègues, leurs enfants. Il faut prendre ses responsabilités. J'attends des excuses publiques et des sanctions de la part de la Ligue (...). S'il (l'arbitre-assistant) m'avait appelé pour s'excuser, nous aurions trouvé un terrain d'entente mais il n'en a pas pris la peine. Il faudra qu'il assume ce qu'il a dit." Dans une affaire qui pourrait se résumer à un "parole contre parole", la question des témoignages est cruciale. Lundi matin, dans L'Equipe, les deux kinés de Brest, cités par Chafni comme ayant entendu la phrase de Johann Perruaux, ont assuré être étrangers à l'affaire. Le joueur brestois Larsen Touré, lui, a dit : "Il y a eu des insultes, ça c'est sûr. Après, sûrement qu'il y a eu un mot raciste, parce que je connais bien Chafni, c'est un joueur droit." Le Brestois Grégory Lorenzei, toujours cité par L'Equipe, a déclaré de son côté : "L'arbitre a pu dire d'autres choses à Chafni, mais je l'ai seulement entendu lui dire : 'Ferme ta gueule'".