La L1 va savoir

La réunion du comité de pilotage de l'attribution des droits débutera à 9h jeudi matin dans les bureaux parisiens du réputé cabinet d'avocats Clifford Chance. Ce n'est qu'à ce moment que seront décachetées les fameuses enveloppes contenant les sommes proposées pour les lots désirés par les trois acteurs qui ont fait une offre lundi, date butoir pour la remise des candidatures : Canal+, Orange et Al-Jazeera. Les prix de réserve seront-ils atteints ? Ils ont été rendus publics pour la première fois par la Ligue de football professionnel (LFP) et se montent pour les 6 premiers lots à 600 millions d'euros (110 millions d'euros pour les lots 1 et 2, 100 ME pour les lots 3 et 4, et 90 ME pour les lots 5 et 6).

Si ce montant global des prix de réserve est atteint, les six lots seront attribués, même ceux qui n'ont pas atteint le prix de réserve individuel. S'il n'est pas atteint, les lots dont les offres atteignent les prix de réserve seront attribués, les autres revenant théoriquement à CFoot, la chaîne que lancera la Ligue au mois de juillet. Les clubs de L1, "télé-dépendants" (58% des ressources hors transferts des clubs de L1 sur la saison écoulée, selon le rapport de la DNCG, direction nationale de contrôle et de gestion), espèrent tous une bonne nouvelle dans l'enveloppe Al-Jazeera dans cette période financière morose.

Entre un diffuseur sur le départ (Orange et ses 203 millions d'euros par an pour un match le samedi) et un autre, le partenaire historique Canal+, qui a répété ne pas vouloir aller au-delà des 465 millions annuels actuellement versés, le dossier semblait mal engagé. Cette fois, l'offre d'Orange ne devrait concerner que les droits mobiles et, selon un porte-parole de la chaîne interrogé par l'AFP lundi, elle est "sensiblement moins importante" que les 60 millions d'euros annuels payés actuellement.

Mais les acteurs du football espèrent désormais que l'émirat qatari, et son antenne Al-Jazeera, permettra de jouer au mieux "le maintien" - 668 millions d'euros pour la dernière tranche des droits audiovisuels - selon la formule du président de la LFP Frédéric Thiriez. Tactiquement, pour arriver à ses fins, la LFP avait misé sur une plus large exposition du championnat avec une journée étalée du vendredi 21h00 au dimanche 21h00 et une offre divisée en neuf lots.

Ce morcellement était censé offrir à Canal+ la possibilité d'acquérir un catalogue plus riche avec une petite rallonge financière, mais devait aussi entrouvrir la porte à un "nouvel entrant" pour casser la situation de quasi monopole de la chaîne à péage. Avec un appel d'offres rédigé pour la première fois en anglais, Thiriez avait laissé entendre que la concurrence pourrait venir de l'étranger.

Plusieurs questions restent toujours en suspens: Canal+ a-t-il pu s'en tenir à ses déclarations d'intention face à la concurrence d'Al-Jazira? Sur quels lots la chaîne qatarie s'est-elle positionnée et à quelle hauteur? Envisage-t-elle de racheter Orange Sport pour diffuser son produit? "On n'en est pas du tout là. Mais il y a eu un contact", avait reconnu un porte-parole d'Orange lundi. Le Qatar est en tout cas déjà superstar. L'émirat, qui organisera le Mondial en 2022, s'est déjà offert avec Al-Jazira -au détriment de Canal+ Events- les droits internationaux de la L1 pour six ans (2012-18) contre 195 millions d'euros, et est entré par le biais de Qatar Sports Investment à 70% dans le capital du Paris SG.