Le PSG est un grand fauve qui ronronne

Pas facile de cerner le PSG. L'équipe de Laurent Blanc dégage une impression assez nette de supériorité qui se traduit par sa domination sur la Ligue 1 (même si celle-ci reste relative, puisque Monaco n'a que cinq points de retard). Pourtant, Paris ne semble pas donner la pleine mesure de son potentiel. Ces derniers temps, le PSG ressemble souvent à un boxeur qui maîtrise son adversaire, sans vouloir lui faire subir un KO qu'il a pourtant au bout du gant. C'est à la fois prometteur et inquiétant au moment d'aborder ses plus grands rendez-vous cette saison.

Son match à Monaco devait être un test révélateur. A défaut d'avoir déjà le niveau du PSG, l'ASM est l'adversaire qui s'en rapproche le plus parmi tous ceux que Paris a eu à affronter depuis le mois d'août, avec Benfica. L'enjeu de ce duel au sommet, principalement la perspective de se simplifier la fin du championnat en mettant son rival direct à huit points au classement, annonçait un match à part pour les hommes de Laurent Blanc. Dans la lignée de ce qui l'attendra en Ligue des champions. Mais la performance du PSG s'est davantage inscrite dans la continuité de ses dernières prestations. Une maîtrise au petit trot, sans réelle volonté d'accélération pour faire mal à l'adversaire. Une suffisance qui contraste avec l'excellence recherchée par ce PSG.

Le constat n'est pas nouveau. Dans un style totalement différent, l'équipe de Carlo Ancelotti donnait déjà souvent cette impression la saison dernière. Celle d'une formation qui se contentait de jouer légèrement au-dessus du niveau de son adversaire, plutôt que d'évoluer sur sa valeur réelle quelle que soit l'opposition. C'était plus facilement explicable avec la stratégie mise en place par l'entraîneur italien. Défendre et contrer, c'est réagir par rapport à l'adversaire. Et c'est aussi pour cela que la philosophie de jeu prônée par Laurent Blanc a été perçue comme un progrès pour le PSG. Parce qu'une équipe qui contrôle davantage le ballon maîtrise probablement mieux son destin. Même si celle d'Ancelotti excellait dans son style, ce qui se traduisait dans ses résultats.

L'équipe de Laurent Blanc donne elle aussi cette impression de se mettre au niveau de l'adversaire, surtout depuis quelques semaines. Sa valeur réelle reste ainsi à définir. Par certains aspects, elle se rapproche du Bayern et du Barça, deux références qui accompagnent Paris dans le trio des équipes qui possèdent le plus le ballon en Europe, et qui réussissent le plus de passes. Le PSG semble d'ailleurs parfois tomber dans les mêmes travers que le Barça l'an dernier. Quand il pousse sa volonté de conserver le ballon à l'extrême, il en oublie d'accélérer pour déstabiliser le bloc adverse et se donner une chance de marquer. La belle machine de guerre élaborée par Laurent Blanc en devient alors quasiment inoffensive.

C'est à l'image du paradoxe dégagé par le PSG. Sans vraiment se faire violence, il affiche un parcours remarquable avec seulement trois défaites toutes compétitions confondues cette saison, et une belle qualité de jeu, ce qui reste très prometteur. Il a également prouvé sa force de caractère en faisant régulièrement des différences dans les dernières minutes de ses matches. Mais Paris a aussi été incapable jusqu'ici de battre l'un de ses trois poursuivants au classement de la Ligue 1 (deux nuls face à Monaco, un face à Lille, un face à Saint-Etienne). Et si l'on excepte sa victoire face à Nantes mi-janvier (5-0), le PSG est moins souverain depuis le début de l'année. Il ronronne jusque dans ses grands rendez-vous, comme l'était son duel face à Monaco. Est-ce pour mieux rugir face à des rivaux de son envergure ? C'est la question à laquelle il répondra d'ici la fin de la saison.