LOSC-Reims : portrait de Simon Kjaer, le viking lillois qui a connu plusieurs championnats

Il a manqué les deux derniers matches. Blessé à Paris, juste avant la trêve à Paris (2-2). Puis suspendu en Coupe de France, à Amiens (1-3). Dimanche soir, face à Reims, Simon Kjaer effectue son retour dans la défense lilloise. Lui, le placide défenseur central danois qui s'est révélé au LOSC. Lui qui, à bientôt 25 ans, a déjà bien voyagé en Europe. A son âge, peu de joueurs ont déjà connu la Bundesliga (Wolfsburg), le Serie A (Palerme, AS Roma) et la Ligue 1. Kjaer a quitté son pays natal il y a déjà six ans, et n'a jamais regretté son choix. "Quand on joue au Danemark, on est un joueur comme un autre, explique-t-il. M'affirmer dans ce championnat ne m'aurait pas permis de me faire connaître. Je pense que le fait de partir jeune n'a jamais été un inconvénient."

Le grand blond (1,90 m pour 82 kg) n'avait pas programmé un tel parcours. Ce sont plutôt les aléas d'une carrière qui ont tracé sa route. Il aurait d'ailleurs pu croiser le chemin du LOSC il y a bien longtemps : en 2007, les recruteurs nordistes l'avaient repéré lors d'un tournoi. Mais Lille ne pouvait pas se permettre de verser le million d'euros réclamé à l'époque par son club formateur de Midtjylland. Kjaer avait alors visité le Domaine de Luchin, le centre d'entraînement des Dogues, qui venait tout juste de voir le jour. Il s'était promis un jour d'y revenir. "Je suis revenu à mes premières amours, sourit-il. J'ai toujours suivi les résultats du Losc et j'avais demandé à mon agent de m'informer dès qu'il y aurait une opportunité."

C'est finalement Palerme qui, un an plus tard, l'a recruté pour 4 millions d'euros, alors que le Real Madrid l'avait mis à l'essai: "Je sais que mes dirigeants de l'époque ne pouvaient pas refuser une telle somme. J'ai fini par accepter. Je ne regrette rien, vraiment. Je n'ai jamais pensé à ce que j'aurais pu faire si j'étais resté au Danemark." Il a ensuite migré vers Wolfsburg, avant d'être prêté à l'AS Roma. "J'ai découvert des grands championnats, tous différents. Mais je pense que l'Allemagne est le meilleur en Europe", souligne-t-il.

Ses choix professionnels vont presque à l'encontre de son rythme de vie quotidienne. Papa d'un petit garçon depuis six mois, Simon Kjaer est un vrai casanier. Installé dans le Vieux-Lille avec sa compagne et son bébé, il privilégie une hygiène de vie irréprochable. "J'adore rester à la maison, pour me reposer, manger, admet-il. Je suis allé à Paris une fois, à Bruxelles aussi. Le reste du temps, je suis à Lille avec ma famille. Je sais que ma carrière n'est pas très longue. C'est seulement une petite partie de votre vie, donc j'essaye de l'apprécier, de travailler dur et d’être concentré là-dessus. Je ne pense pas que je pourrais jouer un foot de très haut niveau si j'errais ici et là."

Autre paradoxe chez le Danois: celui que l'on surnomme le "viking lillois" pour son look nordique et son visage fermé sur le terrain est en fait un homme souriant et ouvert, une fois le maillot et les crampons rangés. "C'est ma manière à moi de jouer mon meilleur football. Je ne pense pas vraiment à l'attitude que j'ai sur le terrain. Je suis concentré, c'est tout." En quelques mois, l'inconnu du mercato, en qui certains internautes voyaient même le futur flop de l'été, s'est affirmé comme l'une des meilleures recrues estivales de la Ligue 1. Pour le plus grand bonheur de la défense lilloise. Avec seulement 8 buts encaissés en 19 matches, elle est la plus solide de France. Kjaer n'y est certainement pas étranger.