Avant ASSE-Nice : Finir troisième ou quatrième, Galtier hésite : pourquoi il a raison

Un pavé dans la mare. Tout est parti d’une simple déclaration de Christophe Galtier avant la défaite à Bastia (1-0), la semaine dernière. "Si Paris gagnait la Coupe de France, la quatrième place nous donnerait la qualification directe pour la Ligue Europa sans passer par les tours préliminaires. Quand on connaît la problématique des tours préliminaires et d'une préparation tronquée, est-ce que ce n'est pas mieux de finir quatrième que troisième avec deux tours ? Notamment un tour préliminaire de Ligue des champions compliqué et le tour préliminaire de Ligue Europa, encore plus compliqué. Est-ce qu'on est prêt nous à aller là-dedans ? Je ne sais pas."

Les propos de Christophe Galtier sont plein de paradoxes. Comment est-il possible de vouloir terminer quatrième et faire une croix définitive sur une potentielle participation à la Ligue des champions ? Ses déclarations ont lancé un débat sans fin depuis une semaine. Les supporters sont unanimes, eux qui attendent le retour de la C1 depuis 1981 et une élimination face au Dynamo Berlin (1-1, 0-2).

En y regardant de plus près, la prudence de l’entraîneur des Verts est pourtant légitime. Terminer troisième engagerait Saint-Etienne dans un processus compliqué alors que le club vit actuellement avec des nombreuses incertitudes.

La Ligue des champions, sa musique, ses affiches de rêve et sa manne financière énorme pour les clubs qui y participent : ça fait forcement rêver. Mais avant de pouvoir prétendre à goûter une part du juteux gâteau, le troisième de Ligue 1 est dans l’obligation de passer un tour préliminaire, fin juillet et un de barrage courant août.  Presque un chemin de croix pour un club comme Saint-Etienne.

Depuis deux saisons, les performances des Verts sur la scène européenne ne sont pas à la hauteur. Une piètre élimination avant la phase de poule en 2013 face à Esbjerg (4-3, 1-0) et aucune victoire en 2014 dans un groupe comprenant l’Inter, le Dnipro et Qarabag. Comment se montrer optimiste, dans ce contexte, pour l’équipe de Christophe Galtier ? Pire, en cas d’élimination lors du troisième tour préliminaire de la Ligue des champions, l’ASSE ne disputerait aucune coupe d’Europe. Pas une mince affaire alors que les Verts pourraient croiser la route de clubs comme l’Ajax ou le FC Bâle. 

Une perspective impensable pour  Roland Romeyer, le président du club, qui a annoncé récemment que "pour la première fois depuis quatre ans, l’ASSE risque d’être en léger déficit". Une petite phrase anodine lâchée sur le site officiel qui montre toute la complexité du travail qui l’attend cet été. La quatrième place aurait ce côté rassurant pour les Stéphanois qu’elle lui donnerait une place pour la phase de poules de la Ligue Europa, si le PSG venait à battre Auxerre en finale de la Coupe de France (30 mai).

Car c’est là où le bât blesse. Si Saint-Etienne avait un effectif fourni, on ne se poserait pas la question d’un possible exploit en Ligue des champions. L’ASSE est un club très bien géré depuis plusieurs saisons mais qui manque de moyens financiers pour se battre au plus haut niveau. Et chaque année c’est la même rengaine.

Cet été, le club s’apprête encore à perdre à quelques-uns de ses meilleurs joueurs. Gradel, Hamouma, Ruffier sont tous convoités et pour le moment seul Pajot, libre, pourrait débarquer de Rennes. En 2013, l’élimination face aux Danois d’Esbjerg avait d’ailleurs conduit à la vente de Joshua Guilavogui à l’Atlético Madrid. Un symbole de ce qu’il pourrait se passer en août sur Saint-Etienne se fait sortir rapidement de la Coupe d’Europe.

N’allez pas y mettre en plus quatre matches supplémentaires qui sont capables de vous faire basculer une saison. Demandez aux Lillois, après coup, si finir quatrième n’aurait pas été une meilleure solution la saison dernière. Les Dogues ont payé leur élimination précoce en Ligue des champions face à Porto par un manque d’attrait et d’anticipation sur le marché des transferts. Résultat, les Nordistes sont 8es en Ligue 1. Christophe Galtier est un homme qui sait observer ce qu’il se fait ailleurs. Et ses propos prennent, tout à coup, une toute autre ampleur…