Ligue 1 (26e journée) - PSG-Toulouse : Le PSG n'est encore qu'un leader provisoire

Le PSG aura peut-être besoin de sortir les masques à oxygène après son succès contre Toulouse (3-1). Les Parisiens s'emparent ainsi provisoirement de la tête de la Ligue 1, en attendant dimanche les matches de Lyon (contre Nantes) et de Marseille (à Saint-Etienne). Le sommet du classement, les hommes de Laurent Blanc n’y sont pas franchement habitués depuis le début de la saison et ils pourraient bien avoir le vertige à une telle hauteur.

Avant samedi, ils avaient passé seulement 72 heures à la première place du championnat depuis août : 24 après leur succès contre Bastia lors de la 2e journée (2-0) et 48 suite à leur victoire à Metz en ouverture de la 14e journée (2-3). Les tâtillons préciseront qu'ils avaient également partagé la première place avec Reims durant quelques heures, après leur nul en Champagne pour le tout premier match de la saison (2-2). Aussi inimaginable que cela puisse paraitre, la Ligue 1 en est aux deux tiers de son parcours et le PSG attend toujours de conclure une journée en position de leader. Ce qui en dit long sur ses difficultés chroniques à imposer sa supériorité sur le territoire français. Mais cela n’hypothèque en rien ses chances d’être sacré en fin de saison.

Le PSG et la première place de la Ligue 1, c’est l’histoire d’un acte manqué. A trois reprises cette saison, les joueurs de la capitale ont laissé filer l’opportunité de prendre pour de bon les commandes du classement : à Lille (1-1, 16e journée), à Guingamp (1-0, 17e journée) et à Lyon (1-1, 24e journée). Rebelote contre Caen la semaine passée (2-2), même si la place de leader n’aurait été que provisoire, avant le match de Lyon à Lorient (1-1). Cette (énième) sortie de route parisienne a renforcé l’idée d’une malédiction, de par le scénario rocambolesque du match (2-0 à la 89e minute, le PSG à neuf en fin de match à cause des blessures). Depuis son rachat par Qatar Sports Investments en 2011, le PSG n’avait jamais attendu aussi longtemps pour prendre le pouvoir en L1. Le titre honorifique de champion d’automne, décerné à mi-parcours, ne lui avait d’ailleurs jamais échappé.

La saison passée, les Parisiens avaient pris la tête à la 10e journée et ne l’avaient plus quittée jusqu’au bout. Ils avaient patienté jusqu’à la 21e journée pour s’installer définitivement sur le trône en 2012-2013. Mais ils s’y étaient déjà posés sporadiquement auparavant (9e, 10e, 18e et 19e journées). Même lors de l’exercice 2011-2012, où il avait finalement perdu le titre dans son duel avec Montpellier, le club présidé par Nasser Al-Khelaïfi avait passé seize journées à la première place (de la 8e à la 14e; de la 19e à la 24e ; de la 26e à la 28e). Quoi qu’il arrive désormais, la cuvée 2014-2015 du PSG ne fera pas aussi bien au niveau statistique. Mais comme le résume Laurent Blanc, "ce qui compte, c’est d’être premier à la fin du championnat".

Paris avait pris d’autres habitudes lors de ses années de titres. Sur les deux décrochés avant l’arrivée de QSI aux commandes, le PSG avait mis ses adversaires au pas bien plus tôt dans la saison. En 1993-1994, il était devenu leader une première fois à la 10e journée, avant de revenir en tête à la 13e et de ne plus la céder par la suite. Les Franciliens avaient fait encore plus fort en 1985-1986, pour leur tout premier sacre de champion de France. Ils avaient alors réussi la performance de passer trente-six journées au sommet du classement (de la 3e à la 38e). Un record sur une saison, co-détenu avec l’Olympique de Marseille de 1990-1991. A noter que le PSG a vécu trois saisons sans titre où il a squatté la première place sur un minimum de 15 journées : 1988-1989 (15 journées en tête), 1996-1997 (16 journées) et 1995-1996 (23 journées).

Justement, attardons-nous sur cette saison 1995-1996. Leader durant la majeure partie du championnat, le PSG avait craqué dans le sprint final et Auxerre en avait profité pour remporter son unique titre national. Avant de coiffer au poteau les Parisiens, l’AJA n’avait jamais occupé la tête du classement jusqu’à la 33e journée. Sous le régime de la victoire à trois points, testé en 1988-1989 et instauré définitivement en 1994-1995, elle est l’une des cinq équipes à avoir décroché la timbale sans occuper la première place après 25 journées, comme c’est le cas du PSG cette saison. Cela fait un champion sur quatre au cours des vingt dernières saisons. Un ratio qui a de quoi donner du baume au cœur aux partenaires de Thiago Silva.

Lens l’avait fait en 1997-1998. Le Racing avait certes été leader après la toute première journée, mais n’avait plus retrouvé ce statut jusqu’à la 30e des 34 journées dans une D1 alors composée de dix-huit clubs. Depuis le début du XXIe siècle, Lyon (2003-2004), Bordeaux (2008-2009) et Marseille (2009-2010) sont d’autres champions qui ont attendu le dernier tiers de la saison pour se positionner tout en haut du classement. Preuve que rien n’est encore perdu pour le PSG. Il lui faudra tout de même surmonter un calendrier compliqué (trois prochains déplacements en L1 à Monaco, Bordeaux et Marseille) et des maux récurrents en championnat (quinze points perdus après avoir mené, dix nuls concédés en vingt-cinq matches) pour empocher un troisième titre consécutif en fin de saison. Tout un programme.