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Ligue 1 : Si elle s'en donne les moyens, la France peut relever la tête

Gil Baudu

Publié 11/09/2014 à 11:29 GMT+2

Les solutions pour stopper l'appauvrissement de la L1 existent. En voici six, décryptées par l'économiste du sport Wulfran Devauchelle, expert au cabinet Kurt Salmon.

Nasser Al Khelaifi (président du PSG), Jean-Michel Aulas (président de l'Olympique Lyonnais) et Frédéric Thiriez (présdient de la LFP), avant la finale de la Coupe de la Ligue 2014.

Crédit: AFP

Piste 1 : Mieux rémunérer les équipes françaises qui jouent le jeu en Coupe d'Europe

  • Le constat : Faute d'avoir un effectif suffisamment riche pour jouer sur plusieurs tableaux, les clubs français ont trop souvent négligé la Coupe d'Europe pour privilégier le Championnat.
  • Le remède envisagé : Verser une part des droits TV de la Ligue 1 (50 à 80 millions sur les 680 millions annuels) aux clubs français qui rapportent des points UEFA.
  • Ses bénéfices attendus : Pousser les clubs à rapporter plus de points UEFA, c'est ouvrir à la Ligue 1 plus de places qualificatives pour la Coupe d'Europe. C'est donc offrir plus de chances à ses clubs de jouer cette Coupe d'Europe. Et leur garantir plus de rentrées financières. En somme, ce cercle vertueux profiterait à l'ensemble du football français.
  • La probabilité pour qu'elle se concrétise : 50%
  • Le regard de Wulfran Devauchelle : "Une telle mesure aurait du sens du point de vue de la compétitivité du football français. Mais elle remettrait en cause le principe de solidarité de la Ligue 1, ce qui finalement a déjà existé il y a une quinzaine d’années avec le club Europe sous l’impulsion de Canal + et du groupe Darmon. Il faudrait que tous les clubs acceptent une nouveau partage des droits TV. On imagine que les « petits clubs », ceux qui n'ont pratiquement aucune chance de participer à la Coupe d'Europe, ne seront probablement pas d'accord."

Piste 2 : Rendre la Ligue Europa aussi attractive que sa grande soeur

  • Le constat : Les clubs français sont généralement concernés par le prestige de la Ligue des champions. A de rares exceptions - comme Lyon la saison dernière -, ils le sont nettement moins par la Ligue Europa.
  • Le remède envisagé : Réduire l'écart des dotations entre la Ligue des champions et la Ligue Europa. La tendance a déjà été amorcée depuis cinq ans. Mais la C1 reste cinq fois plus rémunératrice que la C3.
  • Les bénéfices attendus : Inciter les clubs français à jouer le jeu en Coupe d'Europe, cela revient, là encore, à se battre pour l'indice UEFA de la France. Et, par ricochet, à garder son nombre de places qualificatives pour la Ligue des champions et pour la Ligue Europa.
  • La probabilité pour qu'elle se concrétise : 10%
  • Le regard de Wulfran Devauchelle : "C'est une approche européenne. Sous-entendu, les clubs français n'ont aucun pouvoir sur ce sujet. Seule l'UEFA peut prendre cette décision. La Ligue 1 a donc une marge de manœuvre très limitée. Elle ne peut que faire un gros travail de lobbying auprès de Michel Platini. L'UEFA souhaite mieux valoriser la Ligue Europa. Ça ne peut passer que par des dotations supérieures. Mais le problème, c'est qu'aujourd'hui, il n'y a que la Ligue des champions qui compte vraiment."
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Le trophée de la Ligue Europa, avant la finale 2014 entre le FC Séville et Benfica, à Turin.

Crédit: Panoramic

Piste 3 : Resserrer la Ligue 1

  • Le constat : L'élite du football français a du mal à faire vivre vingt clubs.
  • Le remède envisagé : Passer à dix-huit clubs, qui toucheraient chacun plus de droits TV. Ce qui induirait une Ligue 2 à vingt-deux clubs.
  • Les bénéfices attendus : Pour certains clubs de L1, la manne supplémentaire ne serait pas négligeable. Elle pourrait représenter 5 à 10% de leur chiffres d'affaires. Pour le championnat, c'est aussi un moyen le rendre plus attractif et plus rentable. Avec deux montées et deux descentes, on limite aussi les catastrophes économiques liées à la relégation.
  • La probabilité pour que cette piste se concrétise : 50%
  • Le regard de Wulfran Devauchelle : "Sur le papier, cette solution est la plus viable. Elle ne dépend que de la volonté de la Ligue. Mais c'est un serpent de mer. Pourquoi ? Parce que les clubs de Ligue 2 estiment qu'ils seraient abandonnés. Cette solution ne peut donc s’imaginer que dans le cadre d’un vrai projet de transformation et d’accompagnement de la Ligue 2, qui pourrait très bien passer à vingt-deux ou vingt-quatre, comme chez certains de nos voisins."

Piste 4 : Alléger les charges patronales

  • Le constat : Les clubs français subissent une fiscalité trop forte par rapport à celle de ses voisins européens.
  • Le remède envisagé : Frédéric Thiriez suggère que les clubs paient des charges patronales au taux allemand. On comprend pourquoi : concrètement, pour un salaire à 1,5 millions d'euros, un club français paie 550000 euros de charge. Un club allemand, seulement 40000 euros. Soit 14 fois moins…
  • Les bénéfices attendus : La Ligue 1 pourrait verser des salaires plus importants. Et donc, attirer de meilleurs joueurs.
  • La probabilité pour que cette piste se concrétise : 0%
  • Le regard de Wulfan Devauchelle : "Cette solution n'a aucune chance d'aboutir. Au-delà du football, elle impliquerait une réforme fiscale de grande ampleur. Impensable compte tenu de la conjoncture. L'Etat cherche à faire des économies partout. Consentir un allègement d'impôts aux footballeurs en temps de crise, ça passerait mal."
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Zlatan Ibrahimovic, 2012

Crédit: AFP

Piste 5 : Plafonner les salaires

  • Le constat : Les rémunérations des joueurs pèsent excessivement sur les comptes des clubs.
  • Le remède envisagé : le salary cap.
  • Les bénéfices attendus : Alléger la masse salariale des clubs.
  • La probabilité pour que cette piste se concrétise : 30%
  • Le regard de Wulfran Devauchelle :"Comme le dit Frédéric Thiriez, ça n'aurait aucun intérêt de l'appliquer à la Ligue 1 : ce serait effectivement se tirer une balle dans le pied, notamment dans notre course aux points UEFA. En plafonnant les salaires, on n'attire pas les grands joueurs. Cette piste n’a donc de sens qu’en Ligue 2, comme en Italie."

Piste 6 : Attirer de nouveaux investisseurs étrangers

  • Le constat : Les actionnaires des clubs français mettent le pied sur le frein.
  • Le remède envisagé : Attirer d'autres investisseurs, venus de l'étranger, comme QSI à Paris. Comment ? Par une incitation fiscale à hauteur de leur investissement.
  • Les bénéfices attendus : Donner plus de moyens aux clubs.
  • La probabilité pour que cette piste se concrétise : 10%
  • Le regard de Wulfran Devauchelle : "Rares sont les clubs de Ligue 1 qui peuvent attirer des investisseurs étrangers. Ils sont quatre ou cinq à avoir un intérêt médiatique et/ou un potentiel économique. Surtout que le football n'est pas vraiment un business rentable, du moins en direct."
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