Andy Delort, la bonne affaire de Caen

Cette saison, Andy Delort crève l'écran avec Caen. Ces derniers temps, Patrice Garande avait mis le holà en voyant s’accumuler les nombreuses sollicitations médiatiques pour son jeune attaquant (24 ans). "Il y a eu pas mal d’interviews de lui à un moment, ce qui était assez logique, car il marquait souvent. Mais à un moment, nous avons décidé de le protéger un peu. Andy, même s’il avait joué à ce niveau quelques matches avec l’AC Ajaccio (en 2011-2012 et 2012-2013) découvre vraiment la Ligue 1 en tant que titulaire, et c’est normal qu’on parle de lui. En plus, c’est quelqu’un de bavard, plutôt disponible et qui aime bien parler à la presse. Il est plus exposé désormais. Tout cela fait partie de l’apprentissage."

Aujourd’hui, l’entraîneur caennais a assoupli les règles, et son meilleur buteur, même s’il n’a plus marqué depuis le 29 février dernier lors d’une victoire à Saint-Etienne (2-1), n’est pas envahi par le doute. "Cela arrive à tous les attaquants. Ce n’est pas facile à vivre, car je travaille à l’entraînement pour être performant en match, mais je ne suis pas du genre à me décourager. Il reste encore quelques matches avant la fin de la saison. Et avec 10 buts et deux passes décisives, je pense que je présente des statistiques plutôt correctes", résume Delort*.

A Caen, où il a signé l’été dernier un contrat de quatre ans, le Sétois s’est vite intégré à son nouveau cadre. "Andy est jeune, mais il a déjà connu pas mal de clubs (Sète, AC Ajaccio, Nîmes, Metz, Tours, Wigan). Et je pense qu’il a besoin de stabilité. Caen est un bon club, où le jeu qui y est pratiqué lui convient bien. En plus, c’est un mec facile à vivre. C’est quelqu’un de joyeux, volontiers chambreur, qui est en général apprécié par les gens qui travaillent avec lui", intervient le milieu de terrain de l’AC Ajaccio Johan Cavalli, qui l’a côtoyé en Corse et à Nîmes.

"Nous avons misé sur lui l’année dernière, alors qu’il ne vivait pas une saison facile. Après avoir terminé deuxième meilleur buteur de Ligue 2 avec Tours en 2013-2014 (24 buts), il avait été transféré à Wigan, où il avait peu joué, avant d’être prêté à Tours les six derniers mois. On le suivait depuis un certain temps, et le faire venir après une saison compliqué n’était à nos yeux pas si risqué. On connaissait son potentiel. Il a quelque chose, il donne l’impression de ne jamais douter. Et cela nous plaisait", reprend Garande, lui-même ancien attaquant.

"Il est clair que quand trois personnes importantes du club (Patrice Garande, Xavier Gravelaine, directeur général et Alain Caveglia, directeur sportif) viennent vous dire que vous les intéressez, cela facilite les choses. Je restais sur une expérience compliqué à Wigan. J’y avais été transféré parce que Tours avait besoin d’argent, et l’entraîneur qui m’avait fait venir (l’Allemand Üwe Rösler, ndlr) a été rapidement viré. Son successeur (Malky Mackay) ne m’a pas fait jouer. Vous êtes à l’étranger, vous ne jouez pas, ce n’est pas drôle tous les jours, mais au mois, cela m’a endurci."

Son bref mais utile passage à Tours – "je crois qu’Andy à tendance à mieux réussir loin de son Sud natal", remarque Johan Cavalli – lui a fait du bien. "Quand il est arrivé chez nous, il a montré une grosse envie. Son adaptation au sein de l’effectif s’est faite très facilement. Et cela s’est vu sur le terrain. Il a marqué lors de la première journée à Marseille (1-0)", note Garande. "Par contre, je le sentais impatient de marquer à d’Ornano. Il tentait beaucoup, et je lui demandais d’être patient, de ne pas être obsédé par le but et de davantage s’inscrire dans le collectif."

Buteur devant le public caennais le 4 octobre face à Saint-Etienne (1-0), Delort admet avoir étoffé son jeu depuis son arrivée dans le Calvados. "Je joue toujours à l’instinct, je tente pas mal de choses, mais le coach m’a fait progresser dans ma réflexion sur les choix à faire. Caen est une équipe qui joue bien, qui se projette vite vers l’avant. Et puis, avec la présence d’un joueur aussi fin techniquement que Julien Féret, j’ai beaucoup appris."

D’Ajaccio, Johan Cavalli observe les performances de son ex équipier, et le milieu de terrain insulaire voit son jeu s’étoffer. "Collectivement, il a progressé. Il lui faut encore faire le tri dans ses choix, mais l’avantage d’avoir un joueur comme Andy dans son effectif, c’est qu’il n’a pas peur. Je me souviens de certains matches avec la réserve de Nîmes où c’était chaud. Mais cela ne le freinait pas."

Delort, qui possède une des frappes de balle les plus puissantes du football professionnel français et que Gravelaine avait comparé dans une interview accordée à nos confrères de sport24.lefigaro.fr à Jean-Pierre Papin et André-Pierre Gignac, n’est pas l’attaquant que le défenseur montpelliérain Vitorino Hilton préfère croiser. "Il est atypique, et pour tout dire, vraiment chiant à marquer. Je l’avais déjà affronté quand il jouait à l’AC Ajaccio. Il bouge beaucoup, il est puissant, costaud, va au duel et il n’est pas facile à suivre. C’est vraiment l’attaquant qui est là pour emmerder les défenseurs. Il est sur tous les ballons", résume le Brésilien, vieux routier d’une Ligue 1 qu’il fréquente sans interruption depuis 2014.

* Entretien réalisé avant le match de Caen contre le PSG, samedi 16 avril