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Ligue 1 - "On a une relation schizophrénique avec le PSG"

Geoffrey Steines

Mis à jour 14/10/2015 à 18:44 GMT+2

LIGUE 1 - Christophe, Bruno et Youri* ont un point commun : ils étaient abonnés au Parc des Princes avant 2010 et ne le sont plus aujourd’hui. Mais du président de groupe de supporters au passionné lambda du PSG, ils ont tous vu leur rapport à leur club de coeur évoluer différemment ces dernières années. Témoignages.

Christophe Uldry en 2010

Crédit: AFP

Ils étaient abonnés en virage avant 2010 et ont fait partie des 13 000 concernés par la mise en place du plan Leproux. Christophe (ancien président des Supras Auteuil), Bruno (abonné pendant 9 ans, dont 6 à Auteuil) et Youri* (abonné pendant 8 ans, dont 7 en virage et 3 après le plan Leproux) ont vu leur rapport au PSG évoluer en même temps que le club. Désormais, plus aucun d’entre eux n’a sa carte d’abonnement au Parc des Princes. Ils nous racontent ce que représentait auparavant leur passion pour le PSG et comment ils la vivent aujourd’hui. Entretien croisé.
Comment s’est passé votre premier contact avec le PSG au Parc des Princes ?
Youri : Il y a eu un déclic lorsque j'ai assisté à la demi-finale aller de Coupe des Coupes contre Arsenal en 1994. Là j’ai tout de suite compris que j’avais envie de faire partie de ce qu’il se passait à Auteuil, de cette ambiance et de cette histoire qui se créait. Je voulais en être acteur, pas seulement spectateur.
Christophe : C’était contre Sochaux, en tribune latérale en 1988. Et là, ce fut le coup de foudre avec l’ambiance. J’ai pris mon premier abonnement en 1991, l’année de la création des Supras Auteuil, et j’ai intégré directement le groupe. C’était parti.
Comment s’organisait la vie quand on était un membre actif d’un groupe ?
Christophe : C’est un investissement quotidien. Il y a toujours quelques chose à faire : préparation des tifos, réunion avec les autorités et le club. Tous les jours, tu manges Supras. Tu n’as pas de vie sociale. Elle se résume au Parc, ton groupe devient ta famille. On continue à se voir, on se parle quasiment tous les jours, même si on est moins nombreux qu’avant. Un de nos leaders est décédé récemment, on était une centaine à son enterrement. Finalement, on parle plus de foot qu’avant, plus de jeu. Avant, on était dans notre trip, on parlait tifos et déplacements.
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Les Supras Auteuil lors de PSG-Lyon en 2007

Crédit: Panoramic

Je n’ai jamais ressenti la moindre angoisse
Ceux qui n’étaient pas directement impliqués dans la vie des associations, aviez-vous un sentiment d’angoisse au moment de vous rendre au Parc ?
Bruno : Je suis allé voir des dizaines de matches avec des gamins de 10-12 ans, je n’ai jamais eu un problème. Quand tu tiens ce discours maintenant, tu as l’impression de passer pour un fou. Certains ne comprennent pas pourquoi ça fait mal de voir le Parc comme ça.
Youri : Je n’ai jamais eu peur. J’y suis pourtant allé avec des enfants, j’ai emmené mon fils au Parc dès ses 7 ans. Je n’ai jamais ressenti la moindre angoisse et je suis convaincu que lui non plus. Peut-être aussi parce que le Parc, j’y allais avant que le PSG ne devienne ce qu’il était, pour l’équipe de France par exemple. J’avais l’impression d’être chez moi. Après, je reste convaincu que l’apaisement est une bonne chose. Cela permet aux familles de s’y rendre plus tranquillement et c’est la base du football.
Quel est votre rapport au PSG désormais ?
Christophe : Ca reste notre club, on suit les résultats. On a une relation schizophrénique avec lui. C’est un mélange d’amour et de haine. Mais dans le fond, on l’aime toujours.
Bruno : Je suis les matches à la télé, mais il n’y a plus la même passion. Tu vibres à partir des quarts de finale de la Ligue des champions. Avant, je ne pouvais pas rater un match. Mais désormais, si j’ai un resto de prévu, je m’en passe. C’est sûr que ça te libère des week-ends. Maintenant, je m’intéresse aux féminines et aux équipes de jeunes, c’est ce qui se rapproche le plus du football populaire que représentait le PSG à l’époque.
Il y a un gros sentiment de gâchis
Etes-vous déjà retourné au Parc depuis la mise en place du plan Leproux ?
Christophe : Jamais, je n’ai pas assisté à un seul match à domicile ou à un déplacement. On a de la nostalgie, ça nous démange souvent. Mais je ne trouverais pas mon plaisir en venant au Parc aujourd’hui. Je ne voudrais pas être à la merci d’une boîte de sécurité qui a pris ses aises depuis notre départ. Ce n’est pas une questions de principes, ce n’est tout simplement pas ma conception des choses. Je ne veux pas voir le virage Auteuil défiguré, sans fresques et avec des barrières. Mais s’il y avait un nouveau mouvement supporter, je serais le premier à y retourner.
Bruno : On était cinq potes abonnés ensemble. On a tous eu la même démarche au départ, de suivre le boycott du Parc voulu par les associations. On a fait des déplacements et des actions contestataires. Depuis, pas un ne s’est réabonné. Je suis quand même retourné trois fois au Parc depuis 2010, c’est la tristesse absolue à l’intérieur. Il y a un gros sentiment de gâchis.
Youri : J’ai repris un abonnement pendant trois ans, avant d’arrêter en 2014. Dès la première année, ce n’était plus pareil. Un stade a besoin de vibrer, surtout le Parc, et je ne ressens plus cela. Cela m’a marqué dès que j’y suis retourné, ça sonne creux. Si je ne suis plus abonné désormais, c’est surtout à cause de cela, je pourrais encore me le permettre financièrement. Ce qui manque aujourd’hui, c’est clairement l’ambiance. Le plaisir que je prends à aller au stade est indissociable de l’atmosphère qui s’en dégage. Une belle équipe sur le terrain, ça ne suffit pas. On recherche aussi une émotion collective. Le Parc, ça a toujours été un ensemble. Il n’y a plus ce feeling si particulier qu’on pouvait avoir en rentrant dans ce stade.
*Son prénom a été modifié à sa demande
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Le public du Parc des Princes lors de PSG-Reims (saison 2014-2015)

Crédit: Panoramic

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