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Dupraz : "Si une fée me donne le Barça, je saurai bien le faire jouer, ne vous en faites pas"

Martin Mosnier

Mis à jour 14/10/2016 à 07:52 GMT+2

LIGUE 1 – Pascal Dupraz nous a parlé jeu durant quasiment une heure. Ses modèles, ses grands principes : l’entraîneur du TFC évoque de son empreinte technique. Même si, fidèle à lui-même, il n’oublie pas de glisser quelques tacles aux "donneurs de leçon. "

Pascal Dupraz à Toulouse

Crédit: AFP

Vous êtes considéré comme un excellent meneur d'hommes mais personne n'insiste sur votre empreinte technique. Cela vous gêne-t-il ?
P.D. : Ça me laisse de marbre. Je me tape complet de mon image. Un entraineur, il a de multiples fonctions. Parmi elles, mener les hommes. Mais il faut de tirer la quintessence des qualités de ses hommes. Je suis méconnu pour mes qualités de tacticien ? Mais je ne connais pas beaucoup de coaches qui ont réussi à être très impliqué dans la progression d'un club d'Honneur Régional jusqu'à la Ligue 1. Il a fallu gagner des matches pour sortir des rangs amateurs et pour ça, il ne suffit pas de dire "allez les gars".
Vous n'avez pas peur d'être enfermé dans une caricature, celle du pompier de service qui sauve les petits clubs de la relégation ?
P.D. : Que les spécialistes du foot n'aient pas envie de se pencher sur ce qui se fait sur le terrain à Toulouse, c'est leur problème, ce n'est pas le mien. Certains entraîneurs ne résistent pas à la mode. C'est facile de dire qu'on veut ressembler à Barcelone.
Le Barça n'est pas une référence pour vous ?
P.D. : J'adore ce foot mais j'adore aussi celui de l'Atlético, comme celui du Bayern. Pour autant, j'ai des convictions et je m'appuie dessus. Il y a plus de chances que je coache aujourd'hui un effectif d'un club 13e budget de L1 plutôt que le gratin du championnat espagnol ou anglais. Alors, la référence Barça…
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Pascal Dupraz à Toulouse

Crédit: AFP

Avez-vous l'ambition de prouver, un jour, que vous pouvez entraîner une équipe de haut de tableau avec un jeu léché ?
P.D. : Non, je ne suis pas ambitieux. Je crois au destin. Je n'ai pas envie de me sentir déçu. Quand on se fixe des objectifs très élevés, on est déçus. Je suis très respectueux de mes employeurs. Je ne me vois pas ailleurs qu'à Toulouse. Ce n'est pas un tremplin. Je suis bien ici. J'ai envie de marquer de mon empreinte mon passage. Le reste, les critiques des consultants sur le style du TFC ou mon comportement, je m'en fous.
Quand est-ce que Christophe Dugarry a maîtrisé les subtilités du métier d'entraîneur ?
Vous faites références aux critiques émises sur votre comportement après votre victoire face au PSG ?
P.D. : Sur quels fondements, les donneurs de leçon se reposent ? Daniel Riolo n'a pas vu un match en intégralité du TFC l'an dernier. Quelles références ont ces gens ? Ont-ils un jour été entraîneur ? Sont-ils capables de coacher ? Dois-je me justifier auprès d'eux ? Je me justifie auprès de mon patron, M.Sadran, et de mes joueurs. C'est tout. On me reproche d'avoir ouvert mon vestiaire à des caméras et parce que je réponds aux journalistes. Voudrait-on que je devienne comme pratiquement tous les entraîneurs qui se protègent, ne nourrissent pas le débat, sont fermés selon ce que me rapportent les journalistes ? On ne m'enfermera pas dans un carcan.
Avez-vous l'impression qu'on vous reproche de ne pas suivre les codes de la profession ?
P.D. : Mais je ne casse pas de code, je ne fais pas de mal à personne. Les consultants ou animateurs, je n'ai rien à leur prouver. C'est matériellement impossible de regarder tous les matches, préparer leur émission et donner un jugement. Ils n'ont pas l'expertise. Quand est-ce que Christophe Dugarry a maîtrisé les subtilités du métier d'entraîneur ? A quelle époque ? Dans quel siècle ? Ca ne me touche aucunement.
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Pascal Dupraz à Toulouse après la victoire face au PSG

Crédit: AFP

Ce n'est pas l'impression que vous donnez.
P.D. : C'est simplement qu'on m'a rapporté que Dugarry avait eu honte pour moi parce que j'ai fait un tour d'honneur. Il a honte de quoi ? Qu'il s'occupe de sa famille, pas de moi. Le tour d'honneur, on le fait parce que je demande à nos joueurs de respecter les spectateurs.
Vous n'avez jamais été remarqué pour le style audacieux de vos équipes mais…
P.D. : (il coupe) Demain, faisons en sorte qu'une fée ou des anges passent au-dessus du Stadium et me donne une équipe comparable à celle du Barça ou du Bayern, ne vous en faites pas, je vais savoir bien la faire jouer. Elle sera spectaculaire. Aujourd'hui, je tends à tirer la quintessence de l'équipe que je dirige. Je m'en sors pas trop normal. On n'est pas les meilleurs de France mais on a 35% de spectateurs en plus, les gens sont enthousiastes. Ca redonne une âme au club.
J'ai pleuré comme une madeleine en 74 quand l'Allemagne a battu les Pays-Bas en finale
Parlons jeu. Quels sont les principes qui guident votre coaching ?
P.D. : On est dans la récupération la plus haute possible du ballon. On a envie de se projeter. J'aime qu'on soit le plus vite possible après récupération du but adverse. Je ne suis pas pour une possession stérile, je veux de la verticalité. Voir mes défenseurs faire tourner le ballon, ça ne m'intéresse pas. J'aime le pressing tout terrain. Si on pense récupération avant construction, on fait fausse route.
Quelles sont vos références ?
P.D. : Cruyff et l'Ajax quand j'étais gamin. J'ai pleuré comme une madeleine en 74 quand l'Allemagne a battu les Pays-Bas en finale de la Coupe du monde. Les Néerlandais ont fait un péché d'orgueil, ils survolaient la compétition. Le football total, c'est ma première référence. J'aime bien l'Atlético aujourd'hui. Faire participer de façon active des attaquants à la récupération du ballon, ça a du sens. L'Atlético ferme tous les espaces, rectifie les angles de passes et les réduit pour les adversaires. L'adversaire étouffe. Ca me plaît.
Je ne dis pas que Guardiola est surfait mais...
Votre référence chez les entraîneurs aujourd'hui, c'est Diego Simeone ?
P.D. : L'entraineur qui m'a fasciné, c'est Alex Ferguson avant que MU dépense de l'argent sur le mercato. L'utilisation maximale de la profondeur et de la largeur du terrain. Quand ils avaient le ballon, j'avais l'impression que le terrain était plus large.
Et Pep Guardiola ?
P.D. : Guardiola est certainement un grand entraîneur mais dites-lui de venir prendre le 19e budget de L1 avec l'effectif qui ne bouge pas. Et on verra si les progrès sont édifiants. Peut-être. Je ne dis pas qu'il est surfait mais tu commences par le Barça, le Bayern puis Manchester City, il manquerait plus qu'on ne parle pas de toi et de ton jeu. Tu as les meilleurs joueurs du monde.
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Pascal Dupraz (Toulouse).

Crédit: AFP

Avez-vous plus d'admiration pour le parcours de José Mourinho ?
P.D. : Mourinho a obtenu des résultats avec des clubs moins gros comme Porto en gagnant la Ligue des champions. Carlo Ancelotti me plaît davantage pour sa qualité de technicien et son charisme. Il fait bien vivre son vestiaire. On est en train de parler de Guardiola mais il s'en fout de nous et moi, je m'en fous de lui (rires). Non mais franchement… Mais oui, j'aime Simeone et Ancelotti. Je n'aime pas les donneurs de leçons.
Je savais que le foot était né en Angleterre, je ne savais pas qu'il était né à Lorient
Mais, comme vous parlez rarement de jeu, vous êtes cantonnés à votre grande gueule au contraire d'un Christian Gourcuff dont tout le monde connaît la philosophie de jeu.
P.D. : Il existe une grande différence entre Gourcuff et Guardiola : Guardiola gagne des trophées. A quelle place se situe Rennes aujourd'hui ? Est-ce qu'ils jouent toujours bien ? Ils ne mettent jamais de ballons en touche ? Mon rêve, moi aussi, c'est de faire 50 passes et qu'on ne marque des buts qu'en lucarne et de volée. C'est ça mon trip. Ce n'est pas de la communication de dire ça. Gourcuff, l'apôtre du beau jeu ? Je savais que le foot était né en Angleterre, je ne savais pas qu'il était né à Lorient. Ce que je veux dire c'est que tous les entraîneurs en L1 sont légitimes. Chacun est dépendant de l'environnement, des effectifs à disposition. Le bon entraineur, c'est celui qui a ses idées et qui sait s'adapter. Ce n'est pas le paraître le foot. Ça vous parait incroyable parce que j'ai une grande gueule et qu'on voit souvent ma tronche mais je suis un besogneux du foot.
Pour revenir au jeu…
P.D. : (Il coupe) Ce qui me guide : faire du spectacle. Nous devons être efficaces et spectaculaires Plus vite et plus haut on récupère le ballon, mieux c'est. Allier générosité et promptitude. J'ai des idées sur le foot, soyez en convaincus. Mais je ne cherche pas à être cité en exemple, je ne me regarde pas le nombril tous les jours. Ce que j'ai fait, peu d'entraîneurs auraient pu le faire. Sont-ils tous capables de prendre une équipe de DH, passer leurs soirées sur des stabilisés ? Quand on démarre avec le plus grand club du monde, c'est facile d'être capable de faire faire trois ou quatre passes aux joueurs.
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Pascal Dupraz exulte après la victoire du TFC face au PSG.

Crédit: Eurosport

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