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Les Kalons, ou pourquoi Guingamp a ouvert son cœur à ses supporters

Glenn Ceillier

Mis à jour 28/04/2017 à 11:41 GMT+2

LIGUE 1 – Guingamp a choisi d'ouvrir son capital à ses supporters en lançant l'association "Le Club des Kalons EAG". Une opération symbolique qui a séduit de nombreux supporters. Loin du football business.

Le projet Kalon à Guingamp - 2017

Crédit: Getty Images

"Pour l'assemblée générale, on va être obligé de louer le Roazhon Park ou le Parc des Princes (rires). Tout le monde va être convoqué". Bertrand Desplat, le président guingampais, est ravi. Ce 29 avril, Guingamp va mettre un terme à son opération d'actionnariat populaire. Et les supporters bretons sont légion à avoir souscrit à l'idée proposée par leur président : plus de 13 000 en tout. C'est un succès populaire. Tant sur le plan marketing que de la communication. "C'est la quintessence du modèle guingampais, qui veut que le club n'est confisqué par personne. Il appartient à tous", nous glisse celui qui a pris les rênes de l'EAG en 2011.

Une association qui n'est pas une révolution à Guingamp

Face aux contraintes de la loi française, Guingamp a mis en place un modèle bien particulier pour ouvrir son capital à ses fans. Concrètement, les supporters ont eu à débourser 40 euros pour devenir membres à vie de l'association "Le Club des Kalons EAG". Et si le numéro de membre ne peut être transmis uniquement qu'à sa descendance, les Kalons – "cœurs" en breton - qui souhaitent être des membres actifs devront s’acquitter d’une cotisation annuelle de 12 euros. Enfin comme chaque association, "Le Club des Kalons EAG" aura un président ou encore un trésorier.
Pour Guingamp, ce n'est pas une révolution. Le club costarmoricain possède une structure originale où le capital était déjà partagé entre 141 actionnaires (tous des entreprises régionales ou locales). Avec cette démarche, il a juste choisi d'avoir un 142e actionnaire. "Notre actionnariat est déjà extrêmement atomisé. Mais il y avait un grand oublié qui étaient les supporters. Le lancement de ce projet Kalon permet de corriger cet oubli. Cela offre la possibilité aux supporters de rentrer dans la maison", se félicite Desplat.

Un projet à ne pas confondre avec les socios à l'étranger

Il ne faut cependant pas s'y tromper. Ce n'est pas inédit. D'autres clubs en France ont ouvert leur capital à leurs supporters comme Le Havre. Lyon a lui opté pour la cotation, l’ouverture en bourse. Surtout, ce n'est pas un projet de socios comme en Espagne ou en Allemagne où les supporters sont actionnaires directement du club, ce dont rêve par exemple Bernard Caïazzo, le co-président de Saint-Etienne. "On n'est pas dans un modèle de socios, nous explique ainsi Marie-Hélène Patry spécialiste du droit des affaires et responsable juridique de l'UCPF (Union des Clubs Professionnels de Football). Le seul qui sera actionnaire, c'est l'association. On sera plus vers une participation symbolique qu'une prise de pouvoir réel du club".
Dans les faits, le pouvoir des Kalons sera en effet limité. "Le club de Kalon va être le 142e actionnaire du club. A ce titre, les représentants des Kalons auront à se comporter comme les autres actionnaires et donc faire des propositions, donner leur avis et voter pour et contre", explique Desplat. Et le poids de leur voix dépendra de ce que l’association représentera dans le capital du club. "Normalement, les supporters seront dans le Top 5 ou Top 6 des plus gros actionnaires du club. Mais cela reste des actionnaires ultra minoritaires, comme tous les autres", ajoute Desplat.
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Bertrand Desplat, le président de l'En Avant Guingamp.

Crédit: Eurosport

Un intérêt économique limité

L'intérêt de cette opération est en fait très symbolique. Sur le plan économique, Guingamp n'y gagne pas grand-chose. L'apport financier est même restreint. "Aujourd'hui, il reste anecdotique par rapport à la surface financière du club, reconnaît Desplat. On peut imaginer que les supporters apportent pas loin de 1.5 million d'euros pour renforcer les fonds propres du club avec cette opération. On ne crache pas dessus bien sûr. Mais ce n'est pas la clef de cette opération." D'ailleurs, les Kalons n'ont aussi rien à gagner de leur côté: "Il n'y aura pas de dividendes, de retour sur investissement".
Qu'importe, "c'est une belle initiative de vouloir associer ses fans à la vie de son club", admet Marie-Hélène Patry. Et c'est bien l'essentiel aux yeux des Guingampais. L'envie de Desplat et de Guingamp était d'offrir l'opportunité aux fans de "prouver leur attachement au club et à ses valeurs !". C'est réussi. "Le phénomène Kalon, c'est un phénomène d'appartenance. Mais c'est aussi une certaine forme de transmission et d'héritage", explique Bertrand Desplat. "J'ai trouvé l'idée géniale d'associer les supporters et les gens qui aiment ce club à la vie du club. Bien sûr, c'est un actionnariat très symbolique. Mais cela va fidéliser le sentiment que l'on peut avoir pour ce club", raconte Guy Lacombe, ancien entraîneur du club et Kalon. Guingamp peut se féliciter. C'est une opération rondement menée.
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