Maitriser la possession : la tendance qui doit se confirmer pour Toulouse

Au pied du podium après 10 journées, Toulouse a parfaitement su surfer sur son excellente fin de saison dernière et son maintien acquis à la 38e journée. A cheval sur les deux exercices (2015-16 et 2016-17), les joueurs de Pascal Dupraz affichent un bilan de 36 points pris sur 19 journées de Ligue 1, soit un total digne d'un candidat à l'Europe. Les victoires glanées à domicile face au PSG (2-0) ou Monaco (3-1) ont contribué à mettre encore plus en lumière les progrès de la formation du technicien savoyard.

De là à parler de changement de statut, il n'y a qu'un pas que les Toulousains risquent de franchir en abordant certains de leurs prochains rendez-vous dans la peau des favoris. C'était d'ailleurs déjà le cas à Caen (pour une défaite 0-1) et cette semaine en Coupe de la Ligue face à Auxerre. Or en Ligue 1, devenir une équipe redoutée n'est pas forcément quelque chose de facile à assumer. Cela entraîne souvent plus d'attentisme chez l'adversaire, peu enclin à se livrer, et donc la nécessité de savoir poser le jeu et de construire ses attaques.

Or depuis l'arrivée de Pascal Dupraz, Toulouse a d'abord marqué les esprits par son engagement. L'équipe est devenue difficile à affronter par sa capacité à faire plus d'efforts que son adversaire. De l'impact physique de la charnière Diop-Jullien jusqu'aux courses répétées de Braithwaite aux avants-postes, tous les joueurs se dépensent sans compter. Cela peut offrir des matches à haute intensité, agréables à regarder, avec une équipe toulousaine qui prend jusqu'ici le dessus grâce à des attaques rapides suivant la récupération du ballon, comme le souhaite d'ailleurs son entraîneur.

C'est à partir de cet engagement que Toulouse a rebâti sa défense. L'équipe laisse très peu de temps à l'adversaire pour construire. De cette défense naît ensuite l'attaque, en s'appuyant sur la vitesse des joueurs à vocation offensive. Mais tout cela ne suffit pas à bâtir une équipe "complète." Créer à partir d'un ballon récupéré (face à un adversaire vulnérable défensivement) est une chose, créer à partir de rien en est une autre. C'est là le nouveau chantier amorcé par Pascal Dupraz ces dernières semaines.

Dans un championnat où l'attentisme peut devenir un plan de jeu, les équipes qui sortent du lot sur la durée sont celles capables de construire depuis l'arrière. Sur ce plan, Toulouse est encore en construction mais sa dernière prestation à domicile en Ligue 1 contre l'AS Monaco peut être vue comme une nouvelle référence pour les Violets. Menés au score après une entame de match compliquée, les Toulousains ont su revenir dans le match et renverser la vapeur face à une équipe monégasque qui a fait l'erreur de trop les laisser jouer.

Ce soir-là, Toulouse a bâti son succès en partie sur l'efficacité de son milieu de terrain, composé d'Alexis Blin, Yann Bodiger et Oscar Trejo. Très complémentaires, les trois hommes se sont partagés les tâches dans l'entrejeu. Une distribution des rôles réalisée selon les préférences de leur entraîneur : "Je ne suis pas pour une possession stérile, je veux de la verticalité. Voir mes défenseurs faire tourner le ballon, ça ne m'intéresse pas." Résultat, Blin, Bodiger et Trejo ont très rarement évolué sur la même ligne.

Le premier, international espoir, est le n°6 de ce nouveau Toulouse FC. Premier relais de Diop et Jullien lorsque l'équipe a le ballon, il assure la transition vers le milieu de terrain. Révélé à ce poste à ses débuts en Ligue 1, Bodiger travaille désormais un cran plus haut sur le terrain. Habitué des passes latérales ou en retrait jusqu'à l'arrivée de Dupraz, le jeune milieu de terrain est beaucoup plus tourné vers l'avant. Il n'hésite pas à aller occuper les espaces dans le bloc adverse, quitte à jouer dos au but, et lève souvent la tête pour voir les positions et les déplacements de ses attaquants. L'exécution n'est pas toujours au rendez-vous, mais son envie de "verticaliser" le jeu reste intéressante.

Et puis il y a Oscar Trejo. Arrivé à Toulouse en provenance du Sporting Gijon en 2013, l'Argentin prend une tout autre envergure dans ce nouveau système. Déjà, l'intensité ne lui fait pas peur : multiplier les courses et aller au duel, il sait faire. Mais ce sont surtout la qualité de ses déplacements et ses aptitudes dans le jeu court qui font de lui un relais idéal pour cette possession tournée vers l'avant, qu'il faille aller combiner sur les côtés avec les ailiers ou rechercher Braithwaite dans le coeur du jeu.

Face à Lyon cet après-midi, les Toulousains n'auront peut-être pas le ballon tout le temps. Néanmoins, les Gones seraient bien inspirés de surveiller de près leurs séquences de possession. Peu à l'aise défensivement depuis quelques semaines, ils feraient clairement une erreur s'ils laissaient trop de liberté aux milieux toulousains. Surtout qu'à force de passivité, ils pourraient se retrouver asphyxiés dans leur moitié de terrain.