OL-ASSE - Eclopés, niveau de jeu, classement, parcage visiteurs : Un derby au rabais ?

C'est une grande première. Celle qui doit laisser un souvenir impérissable et avoir sa place dans les tops dans quelques années. Dimanche soir, le Parc OL va découvrir le derby. Son odeur de poudre, ses duels accrochés, son scénario impitoyable. Ces dernières années, ces retrouvailles entre voisins ont souvent fait l'événement parce que les deux clubs, à ce moment-là de la saison, se disputaient le haut de l'affiche. Mais le Parc OL risque de faire grise mine, le feu d'artifice prendre des airs de pétard mouillé. Depuis quelques semaines désormais, Lyonnais et Stéphanois ne sont guère enthousiasmants. Seul reste le contexte brûlant de cette rivalité pour entretenir une affiche qui n'en a, à l'heure actuelle, que le nom. La preuve.

Un derby amputé de ses stars perd fatalement de sa faveur. Lyon et Saint-Etienne s'affronteront sans leurs deux meilleurs joueurs, Alexandre Lacazette et Loïc Perrin, blessés. Mais l'hécatombe ne s'arrête pas là. Elle ampute une bonne partie de l'attaque des Gones (Grenier, Cornet, Lacazette) et décime l'ASSE de l'ensemble de sa défense type (M'Bengue, Pogba, Perrin, Théophile-Catherine). Sans compter les suspensions de Mapou Yanga-Mbiwa et Maxime Gonalons qui privent l'OL de deux membres incontournables de son onze, et la blessure d'Henri Saivet, la recrue la plus en vue des Verts cette saison. Saint-Etienne va encore devoir bricoler en reculant un milieu en défense centrale (Dabo) et un attaquant en arrière latéral (Monnet-Paquet). Autant dire que l'équipe type des absents (voir ci-dessous) aura plus d'allure que les deux onze sur le terrain du Parc OL.

Il faut se pincer pour y croire. Avant cette 8e journée de Ligue 1, Lyon était plus proche de la dernière que de la première place, coincé dans un ventre mou qui ne correspond ni à ses ambitions de podium ni à la valeur de son effectif. C'est un peu mieux pour les Verts même si ce n'est pas Byzance. Saint-Etienne ne perd pas beaucoup (une défaite) mais gagne peu (trois victoires en L1, aucune en phase de poules de Ligue Europa).

Bien sûr, les absences à foison ne facilitent pas les choses mais, depuis le début de saison, Verts et Gones partagent une vraie incapacité à briller dans le jeu. Lyon y est parvenu par séquence à Nancy ou face à Montpellier après la sévère expulsion de Poaty (8e) mais manque cruellement de régularité. A Saint-Etienne, Christophe Galtier avait fait une promesse en début de saison : on allait voir ce qu'on allait voir. Mais jeudi, en Ligue Europa, il valait parfois mieux être aveugle. Sur un terrain certes en piteux état, les Stéphanois ont étalé leurs limites techniques du moment. Depuis plusieurs semaines, ils souffrent dans le jeu et s'en sortent souvent en passant par un trou de souris. L'état d'esprit est certes irréprochable. Mais le cœur ne suffira pas pour viser le top 5 cette saison. L'ASSE manque encore d'un soupçon d'audace et d'inspiration devant.

C'est une fâcheuse habitude désormais. Pour la quatrième fois consécutive, le derby se jouera sans supporters stéphanois dans le stade rhodanien. Les fans des Verts ont d'abord déploré le nombre de places mises à disposition dans une banderole fleurie, comme souvent lorsqu'il s'agit du derby : "771 places dans la poubelle du Parc OL. Nous ne serons pas vos déchets." L'ASSE s'est montrée solidaire alors que Jean-Michel Aulas s'est retranché derrière la décision préfectorale : "C’est un peu absurde", a-t-il confié à RMC. "C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Le préfet de police a préféré limiter à 700 supporters stéphanois. On n’est pas responsable." S'en est suivie une guerre de communiqués qui ne grandit personne. Et ce derby a déjà démarré avec un arrière-goût fort désagréable.