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L1 - Nantes - PSG : Le drôle de jeu de Tuchel

Vincent Bregevin

Mis à jour 17/04/2019 à 18:06 GMT+2

LIGUE 1 - Thomas Tuchel affiche ces dernières semaines une nervosité qui contraste radicalement avec son attitude durant la première moitié de saison. La communication de l'entraîneur du PSG peut être aussi perçue comme une stratégie pour étendre son pouvoir. Mais elle n'est pas sans risque.

Thomas Tuchel

Crédit: Getty Images

"Je ne suis pas en colère, ce n'est pas le moment." Il y avait assez clairement une volonté de calmer le jeu chez Thomas Tuchel mardi en conférence de presse, à la veille d'un déplacement à Nantes où le Paris Saint-Germain aura une nouvelle occasion de décrocher le huitième titre de champion de France de son histoire. Jusqu'ici, l'entraîneur parisien n'avait jamais été vraiment amené à se justifier sur son attitude. Elle était louée par tous dans les premiers mois de son mandat sur le banc parisien. Sa bonne humeur et sa sérénité étaient unanimement soulignées par la presse. Et par ses joueurs.
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Tuchel : "Ce n'est pas le moment d'être en colère"

La donne a radicalement changé depuis l'improbable élimination subie face à Manchester United en Ligue des champions. Un échec cuisant qui reste forcément en travers de la gorge de l'ancien coach du Borussia Dortmund. Ce n'est pas son seul motif de frustration. Mais il ressemble à la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Qui a fait basculer Tuchel vers une attitude totalement différente. Celle où la réaction à chaud prend le pas sur le recul dont l'Allemand savait faire preuve jusqu'à ce penalty fatal au club de capitale face aux Red Devils.

Les nerfs à vifs

Tuchel n'est pas du genre à masquer sa colère. Si cette réputation qu'il s'était faite à Dortmund pouvait légitimement paraitre excessive lors de la première moitié de la saison, elle a éclaté au grand jour en l'espace d'une semaine. Il y a eu son expulsion face à Strasbourg suivi de sa colère envers Laurent Paganelli, l'homme de terrain de Canal +, après la rencontre. Puis les critiques contre l'arbitrage et le tacle appuyé à l'encontre de sa direction par rapport à ses problèmes récurrents d'effectif après l'humiliation subie à Lille le dimanche suivant. Le tout au micro de la chaîne cryptée pour un grand déballage en public.
Malgré l'humiliation subie dans le Nord, la nervosité de Tuchel peut surprendre. Avec 17 points d'avance en tête du classement et une finale de Coupe de France à jouer face à Rennes le 27 avril, l'entraîneur allemand n'est pas spécialement sous pression en ce moment. Encore moins depuis qu'il a prolongé son contrat le 28 mars dernier, même si cette prolongation n'a pas encore été officialisée par sa direction. Compte tenu de l'enjeu relativement faible des matches de Ligue par rapport à l'avance du PSG au classement, ses plaintes répétées contre l'arbitrage peuvent sembler excessives.

Une responsabilité partagée

Son véritable motif de colère, c'est la taille de son groupe. Le problème ne date pas d'hier. La situation a empiré avec la cascade de blessures subies par le PSG et l'entraîneur allemand n'a plus aucune marge de manœuvre. Il pourra toujours lui être reproché de ne pas piocher dans la réserve du PSG pour compléter une feuille du match où l'entraîneur parisien n'a pas aligné 18 joueurs lors des trois dernières rencontres de L1. Cela n'aurait pas renforcé son groupe qualitatif. Mais en procédant de la sorte, Tuchel étale son mécontentement envers sa direction au grand jour.
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Nasser Al-Khelaifi en discussion avec Antero Henrique et Thomas Tuchel

Crédit: Getty Images

L'Allemand paie en effet un mercato manqué et la gestion catastrophique du cas Rabiot, même si cette cascade de blessures fait partie du jeu et n'est pas vraiment du fait de sa direction. Mais il a aussi sa part de responsabilité. Il avait en partie provoqué la pénurie de milieux du PSG en laissant Giovani Lo Celso, si précieux la saison passée, aller voir ailleurs l'été dernier. Et l'effectif ou le mercato n'expliquent pas tout. Ses choix tactiques sur certaines rencontres sont également discutables, en particulier lors du match retour face à Manchester United ou à Lille. Tuchel s'est dédouané en fustigeant l'arbitrage ou le manque de profondeur de son effectif sur ces rencontres. Il a surtout donné l'impression de ne pas savoir, ou vouloir, se remettre en question.

À double tranchant

Sur le fond comme sur la forme, cette attitude peut agacer. Surtout au sein d'un club qui l'a immédiatement conforté après l'échec en Ligue des champions. Tuchel en joue. Critiquer son effectif à outrance ressemble à une volonté d'étendre son champ de responsabilités lors du prochain mercato. Malgré la volonté affichée de sa direction de conserver Antero Henrique, avec qui l'Allemand n'entretient pas les meilleures relations, au poste de directeur sportif. L'entraîneur parisien n'apprécie pas cette cohabitation. Mais le laisser entendre en public n'est pas sans risque.
Tuchel joue un jeu à double tranchant. Pas tant parce qu'il n'a pas forcément intérêt à se retrouver seul en première ligne alors que son crédit s'est étiolé ces dernières semaines. Surtout parce que son attitude et sa communication actuelle ne renvoient pas une image positive, pour lui comme pour le PSG. Dans un club où il faisait encore l'unanimité il n'y pas si longtemps, l'Allemand pourrait se mettre du monde à dos à force de multiplier les tacles appuyés dans ses sorties médiatiques. C'est peut-être bien ce qui l'a poussé à lever le pied à la veille de ce déplacement à Nantes.
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28e j. (en retard) - Tuchel sur l'effectif : "On va trouver une solution pour Nantes"

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