PSG - Le Havre (Ligue 1) I Randal Kolo Muani, le seul qui se fait attendre à la fête

La scène n'est pas passée inaperçue. Tous les Parisiens célébraient un large succès qui les a placés au bord du titre, mercredi à Lorient (1-4). Randal Kolo Muani, lui, était à l'écart. Au centre de la pelouse du Moustoir, l'attaquant du PSG a discuté quelques instants avec son entraîneur Luis Enrique. Les gestes du technicien asturien semblaient traduire un petit recadrage tactique et quelques encouragements pour son joueur. RKM n'était pas vraiment de la fête avec ses coéquipiers. Comme un symbole de sa situation actuelle.

Kolo Muani venait pourtant de signer une passe décisive sur le dernier but parisien inscrit par Kylian Mbappé. Mais ce n'est pas forcément ce qui ressort le plus de sa demi-heure passée sur le terrain à Lorient. Il y a eu quelques fulgurances mais aussi beaucoup de déchet. Surtout sur une offrande d'Ousmane Dembélé. Un brin trop long, le contrôle de l'ancien Nantais n'a pas été suffisamment précis pour lui permettre d'éviter le retour des défenseurs lorientais. Et de mettre fin à plus de deux mois de disette sous le maillot parisien.

Son dernier but avec le PSG remonte à la victoire contre Lille (3-1) en février. Depuis, il a brillé une autre fois avec les Bleus contre le Chili (1 but, 1 passe décisive). Mais il n'est pas parvenu à surfer sur cette vague tricolore pour montrer un visage plus rayonnant en club. L'attaquant de 25 ans peine toujours autant à justifier les 90 millions d'euros investis par la direction parisienne pour l'arracher à l'Eintracht Francfort l'été dernier. Il ne cachait pas à l'automne dernier que cette somme lui mettait "une grosse pression". Kolo Muani ne l'a manifestement pas encore évacuée.

Ce n'est pas forcément une question de temps de jeu, même s'il n'est plus aussi important ces dernières semaines qu'en début de saison. Surtout en Ligue des champions, où Kolo Muani n'a eu droit qu'à 17 petites minutes sur l'ensemble des huitièmes de finale face à la Real Sociedad (2-0, 1-2) et des quarts de finale contre le FC Barcelone (2-3, 1-4). Mais en Ligue 1, il a débuté quatre des cinq derniers matches du PSG. Sans vraiment saisir ses opportunités, malgré deux autres passes décisives délivrées contre Montpellier (2-6) à la mi-mars qui semblaient indiquer sa montée en puissance.

Elle ne s'est pas confirmée, et c'est tout ce qui fait la particularité de sa situation. Contrairement aux autres recrues offensives parisiennes de l'été dernier, il n'a pas encore réussi à hausser son niveau de jeu pour les grandes échéances du printemps. Gonçalo Ramos, lui aussi en difficulté à ses débuts, rayonne avec 7 buts inscrits sur ses 10 dernières sorties en Ligue 1. Marco Asensio signe des prestations abouties depuis son retour de blessure, comme contre Lyon (1-4). Et Bradley Barcola s'est imposé comme un titulaire indiscutable à force de faire les différences que Kolo Muani ne fait pas.

Le contraste est particulièrement saisissant entre les deux hommes. L'ancien Lyonnais évolue sans le moindre complexe et ce n'est certainement pas étranger à la qualité de ses performances. C'est justement ce qui semble manquer à Kolo Muani. Le talent de l'international français fait peu de doute, même s'il lui reste à prouver sa capacité à l'exprimer dans un club aussi exigeant que le PSG. Mais pour y arriver, il doit impérativement se libérer. Le blocage paraît surtout psychologique avec lui. Jusqu'ici, il n'est pas parvenu à créer ce déclic mental essentiel pour réussir à Paris.

Les conditions sont pourtant relativement favorables. Pas toujours d'un point de vue tactique, puisque Kolo Muani est globalement baladé sur tous les postes de l'attaque par Luis Enrique, ce qui peut expliquer en partie ses difficultés à trouver des repères. Mais la dynamique de groupe n'en est pas moins de nature à le tirer vers le haut. Paris est porté par une douce euphorie en ce printemps et cela rejaillit sur le niveau de performance d'un groupe au sens large, avec les rotations massives opérées par Luis Enrique. Elle finira peut-être par gagner Kolo Muani.

Ce n'est pas encore le cas. L'urgence n'est pas absolue pour le PSG, qui a manifestement d'autres options sur lesquelles s'appuyer. Mais pour le joueur, trop loin dans la hiérarchie des attaquants pour revendiquer un statut de titulaire en Ligue des champions, les derniers matches de championnat vont quand même valoir cher. Kolo Muani devrait avoir un peu de temps de jeu pour tenter de finir sur une bonne note. Il lui appartiendra de lâcher enfin les chevaux. Et de participer lui aussi à cette fête à laquelle il n'était pas convié à Lorient.