Ligue 1 - PSG : Prenez soin de Gigi

“Chambly met quatre buts à Buffon”, titrait fièrement Le Courrier Picard en ligne le 15 juillet dernier, le quotidien de ma région natale, celui-là même où j’ai effectué mon stage de troisième pour l’anecdote. Qui l’aurait cru. Après l’escorte de Vespa, la présentation au Parc des Princes ou encore la play-list italienne dans les boutiques officielles, l'atterrissage a été plutôt rude même s’il y aura des soirées plus prestigieuses bien entendu. La Joconde ne suffisait pas, la France s’est offert un autre chef-d’oeuvre transalpin. Le Parc des Princes aura des airs de Louvre cette saison, alors voici quelques recommandations.

Malgré son statut de légende, son dévouement pour le maillot de la Nazionale et son rayonnement dans le reste du monde, Buffon ne fait pas l’unanimité en Italie. Trop hypocrite pour certains, trop “juventino” pour d’autres, des jugements que peuvent seulement porter les Italiens pour l’avoir “fréquenté” de près pendant toutes ces années. Non pas que Gigi doive automatiquement plaire à tous en France, mais son image y est totalement différente et correspond même mieux aux traits de caractère du bonhomme. Or, ma crainte est qu'avoir poursuivi sa carrière dans un autre club très clivant puisse reproduire un modèle sensiblement identique. Que certains considèrent le PSG antipathique est une chose, ça les regarde, mais le CV de Buffon mérite une exception aux mécanismes qui régissent le raisonnement de beaucoup de supporters. J'espère le voir et l'entendre chaleureusement ovationné sur les tous les terrains de France et de Navarre, au moins avant la rencontre ou à l’annonce des compos. Ne me décevez pas.

Buffon n’est pas la première star internationale à débarquer en Ligue 1 dernièrement, le PSG version qatari s’est évidemment offert une belle collection, de Zlatan à Di Maria en passant par Neymar et Beckham. Néanmoins, Gigi est dans une catégorie à part, de par son tempérament, son éducation, sa simplicité, son côté vieille école aussi. Il a besoin du contact, de serrer des paluches, de donner des accolades, de claquer des bises, de prendre dans les bras. Souvenez-vous son énorme câlin à un groupe de supporters avant de quitter le camp de base de Montpellier après l’élimination de l’Italie à l’Euro 2016 ou son tour de terrain lors de son dernier match avec la Juventus en mai. La démarche est sincère, ce n’est pas du cinéma, il se nourrit de cette proximité, il aime foncièrement les gens, il a besoin de cette chaleur humaine, alors n’hésitez pas.

Quitte à ce qu’il s’en aille de la Juventus et de l’Italie pour rejoindre le richissime PSG, autant que l’expérience soit une réussite. Buffon se sent encore à la hauteur et compte bien remplir la seule ligne qui lui manque à son joli palmarès, cette Champions League dont il a déjà perdu trois finales (2003, 2015, 2017). Ça tourne à l’obsession, on l’a vu en avril avec l’expulsion contre le Real Madrid suite à des protestations véhémentes et ses propos indignes de lui en zone mixte qui lui ont coûté trois matches de suspension. Comme depuis quelques années, les Parisiens feront partie d’un groupe restreint de cinq ou six favoris, un statut qu’il faudra enfin assumer de la part des dirigeants, entraineur et surtout les joueurs qui ont maintenant une motivation supplémentaire pour aller décrocher la coupe aux grandes oreilles. Allez la chercher.

Le PSG a recruté un portier extrêmement compétitif, figurant toujours parmi les meilleurs au monde, sa dernière saison l’a prouvée. Buffon lui-même considère être encore digne de...Buffon et c’est dans cette optique qu’il veut être évalué et qu’il doit être évalué. Dès que la saison débutera, il sera un footballeur comme les autres, en concurrence avec d’autres éléments et qui payera ses éventuelles erreurs. Malgré une belle augmentation de salaire (de 3,5 à 5 Millions annuels), l’Italien n’est pas venu passer une pré-retraite dorée dans l’Hexagone aux frais du Prince, il est aussi conscient de la prise de risque, de l’inconnu que représente l’arrivée dans nouveau championnat, du défi lancé à la science du haut de ses 40 ans et demi, et il est prêt à le courir. Soyez justes et équilibrés dans vos jugements mais ne soyez surtout pas indulgents parce qu’il s’agit du “beau et sympathique Gigi”, ce serait lui faire affront et il serait le premier à ne pas vous le pardonner.

Enfin, après son expérience parisienne d’une voire deux saisons, le board de la Juve mais également les institutions du “calcio” ont bien l’intention de récupérer le patrimoine Buffon afin de mettre à profit son incommensurable expérience dans le milieu, sa tchatche, sa maestria, son statut de légende mondialement vénérée et plein de choses encore. Dans cette optique, ce séjour à l’étranger lui sera donc bénéfique avec une nouvelle langue apprise, un réseau élargi et un homme encore plus enrichi, prêt à participer à la reconstruction du football italien quand il rentrera au pays. On vous laisse la Joconde, mais Gigi s’appelle “reviens”.