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Aouchiche, Soppy, Bard : Ligue 2020/2021, génération décomplexée, jeunesse triomphante

Martin Mosnier

Mis à jour 26/09/2020 à 13:27 GMT+2

LIGUE 1 – Ils sont nombreux, ils sont nouveaux, ils sont jeunes et ils marchent sur la Ligue 1 en cette fin d'été. Plus que jamais, le championnat de France est une pouponnière. Sauf que les petits nouveaux s'assument désormais sans complexe et avec aplomb.

Adil Aouchiche (ASSE), symbole des jeunes qui prennent le pouvoir en Ligue 1

Crédit: Getty Images

Ils sont 45, soit plus de deux par équipe en moyenne. Quarante-cinq joueurs de 22 ans ou moins à avoir foulé les pelouses de Ligue 1 le week-end dernier. Aucun à Nîmes et Bordeaux, six titulaires à Saint-Etienne. Plus que la quantité, c'est leur aplomb qui impressionne en ce début de saison. Les nouveaux visages de la Ligue 1 n'ont pas besoin de temps d'adaptation. A 18, 19 ou 20 ans, ils découvrent l'élite avec talent et insouciance. A chaque week-end sa révélation.
Ils s'appellent Brandon Soppy (Rennes, 18 ans), Adrien Truffert (Rennes, 18 ans), Melvin Bard (Lyon, 19 ans) et Adil Aouchiche (Saint-Etienne, 18 ans). Ils ont découvert la Ligue 1 et l'ont déjà mise à leurs pieds en cette fin d'été. La liste n'est pas exhaustive. Ils accompagnent l'explosion d'Amine Gouiri (Nice, 20 ans), la confirmation d'El-Bilal Touré (Reims, 18 ans) et de Rayan Cherki (Lyon, 17 ans), la découverte d'Yvann Maçon (Saint-Etienne, 21 ans), l'envol d'Eduardo Camavinga (Rennes, 17 ans), de Wesley Fofana (Saint-Etienne, 19 ans), de Benoît Badiashile (Monaco, 19 ans) ou de Mohamed Simakan (Strasbourg, 20 ans). Une génération sans complexe.
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Comment expliquer cette vague qui submerge la Ligue 1 depuis quatre journées ? Toutes les conditions à leur épanouissement semblent aujourd'hui réunies.

1. Des projets taillés sur mesure

Kylian Mbappé a ouvert une voie, Eduardo Camavinga l’a élargie et la Ligue 1 a enfin compris que le talent n'était pas une question d'âge. "Il est clair qu’ils ont généré un élan, ce qu’on appelle un phénomène d’entraînement en faisant sauter certains verrous", note Jean-Claude Giuntini, sélectionneur chez les équipes de France de jeunes depuis 2011. Aujourd'hui, les propriétaires de club ont saisi le message. Par effet de ruissellement, les très jeunes ont fait une OPA sur les groupes convoqués pour le match du week-end. "Les dirigeants aimaient jusqu'alors se faire plaisir en recrutant. Désormais, ils se disent on va regarder nos centres parce qu'ils ont enfin compris l'intérêt à valoriser leurs jeunes, diagnostique Laurent Mommeja, fondateur du site Espoirs du football. Les projets de club ont évolué et les passerelles avec les centres sont beaucoup plus et mieux empruntés."
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Les raisons sont multiples. Saint-Etienne mise tout sur le projet d'un coach qui valorise les jeunes, Nice et Monaco exploitent à fond le filon du trading de forts potentiels (acheter au plus jeune âge, faire progresser et encaisser les plus-values), Lyon, confronté à l'absence de Coupe d'Europe, vend en masse ses actifs de l'équipe première, créé un appel d'air et remet, de fait, en vitrine ses promesses du centre de formation. A Saint-Etienne, remplacer les cadres par des jeunes répond aussi à une contrainte : diminuer la masse salariale. Que ce soit un choix assumé, un modèle économique ou par pragmatisme : au fond, peu importe, le résultat est le même.
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2. Des coaches moins frileux

Longtemps, trop sans doute, le leitmotiv des coaches de Ligue 1 se résumait à : "Il est trop jeune, on ne va pas le griller." Une nouvelle vague d'entraîneurs a fait voler en éclats ces blocages. Les profils choisis sont capitaux et ne relèvent pas du hasard. David Guion (Reims) fut directeur du centre de formation, Julien Stéphan (Rennes), coach des U19 puis de la réserve, Patrick Vieira (Nice) a entraîné les U21 de Manchester City, Franck Haise a démarré sa carrière de technicien dans le staff du centre de formation rennais durant six ans en coachant notamment les U17. Claude Puel a toujours eu en lui la fibre jeune et a lancé dans le grand bain un nombre incalculable d'internationaux.
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Julien Stéphan (entraîneur de Rennes)

Crédit: Getty Images

"C'est la vraie nouveauté, note Laurent Mommeja, On se retrouve avec des entraineurs qui font confiance aux jeunes. Ils sont du coup mis dans les meilleures conditions et ne sont pas effrayés chaque fois qu'ils touchent le ballon. Avant, avec certains coaches de l'ancienne école, un jeune pouvait être mis à la cave une saison parce qu'il s'était troué sur sa première. Aujourd'hui, c'est le retour de l'insouciance parce qu'ils sont libérés." Le meilleur exemple en la matière sur ce début de saison reste le Stéphanois Adil Aouchiche. Souvent discret, parfois transparent, lors des trois dernières journées, le milieu créateur fut le meilleur Stéphanois à Nantes (2-2) avec un but et une passe décisive à son actif. Parce que Puel continue de lui faire confiance, l'a maintenu dans l'équipe-type et bâtit son projet autour de lui.

3. Une génération responsabilisée et qui croit en elle

"On voit des garçons qui lors de leur première entrée n'ont aucun complexe, note Jean-Claude Giuntini. Ils rentrent détendus. Au niveau des émotions, cette génération contrôle beaucoup mieux son ressenti. C'est une évidence." C'est ce qui a permis au Rennais Adrien Truffert de délivrer une passe décisive et de marquer un but pour son premier match chez les professionnels samedi dernier. Cette génération va chercher sa chance avec culot. Le huis-clos total ou partiel en ce début de saison offre un environnement moins impressionnant voire hostile à l'épanouissement de joueurs qui n'ont jamais connu la pression d'un stade de 50 000 personnes.
Autre changement radical, les jeunes sont responsabilisés et utilisés à des postes clés. "Longtemps, on lançait des jeunes à des postes moins exposés, note Laurent Mommeja. Boubacar Kamara (OM) a démarré en latéral gauche par exemple. Comme s'il ne fallait pas mettre un jeune à un poste clé et exposé." Kurt Zouma a démarré lui aussi sur l'aile de la défense. Aujourd'hui, Mohamed Simakan ou Wesley Fofana sont les patrons en défense à Strasbourg ou Saint-Etienne. Et Ginutini de conclure : "Aujourd'hui, les dirigeants et les coaches voient plus la plus-value à tirer en développant un jeune que le risque potentiel, ça change tout. Et entre un jeune du centre de formation ou un joueur de 26 ans moyen mais expérimenté, la Ligue 1 choisira le jeune." Et les jeunes le lui rendent bien.
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Florian Thauvin (Marseille) - Wesley Fofana (Saint-Etienne) / Ligue 1

Crédit: Getty Images

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