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Ligue 1 - A Téléfoot, spleen et incertitude avant une fermeture inéluctable

ParAFP

Publié 15/01/2021 à 13:59 GMT+1

LIGUE 1 - A Téléfoot, la chaîne du groupe Mediapro qui s'est révélé incapable d'honorer ses engagements financiers en tant que détenteur des droits TV du football français, le travail continue dans la morosité avant la fin de la diffusion des matches. Pour les transmettre quand, dans quelles conditions ? Là est la question.

Une caméra de Mediapro filme un match de L1

Crédit: Getty Images

Le groupe Mediapro a fait une croix sur les droits TV du football français, mais sa chaîne Téléfoot continue d'émettre... jusqu'à quand ? Pris dans cette situation paradoxale et incertaine, les salariés remplissent tant bien que mal leur mission, avant de plonger dans l'inconnu. Chaque week-end, la cinquantaine de journalistes de la rédaction située à Aubervilliers est sur le pont pour animer la diffusion des huit matches de Ligue 1 et de Ligue 2 au programme de la chaîne. Mais depuis la validation fin décembre d'un accord de retrait pour Mediapro, incapable de payer la note pour 80% des droits TV du football français, ces salariés savent que leurs journées de Championnat sont comptées.
L'accord homologué fin 2020 par le tribunal de commerce de Nanterre implique en effet que Téléfoot retransmet les rencontres gratuitement tant qu'aucun autre diffuseur n'a été trouvé par la Ligue de football professionnel (LFP), et ce, jusqu'au 31 janvier. Passée cette date, c'est la grande inconnue. "Il faut simplement faire le boulot jusqu'au bout, on le doit aux clubs. On est redevables vis-à-vis d'eux : tout ce qu'on avait planifié de faire avec eux, on l'a fait et on continue de le faire. Le caractère complètement ubuesque de cette situation, c'est qu'on fait le job et qu'on ne se dit rien de plus", explique à l'AFP Jean-Michel Roussier, le directeur éditorial.
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Un camion de Mediapro Téléfoot avant Nantes - Dijon en Ligue 1 le 13 décembre 2020

Crédit: Getty Images

Dans l'attente

Pour l'heure, comme si de rien n'était, la LFP programme ses matches sur Téléfoot jusqu'à la 23e journée le 3 février. Ira-t-on jusque-là ? Possible, au vu des négociations qui patinent entre la LFP et Canal+, le favori de la reprise des droits TV via un appel d'offres dont les contours doivent encore être précisés. Plusieurs salariés interrogés s'attendent en effet à poursuivre dans les semaines à venir, alors que les grilles sont prêtes jusqu'à fin janvier. Le "professionnalisme" prévaut, selon les mots de ces employés. "Tout le monde est sur le qui-vive en attendant qu'il y ait un nouveau diffuseur. On fait notre boulot au quotidien", raconte l'un d'entre eux, un autre évoquant malgré tout "un état d'esprit particulier".
Les regards restent tournés vers la LFP, qui devra faire un choix sur les modalités de diffusion de ses matches à partir de février. Mediapro est en tout cas prête à poursuivre l'aventure via sa chaîne Téléfoot, selon plusieurs sources proches du dossier qui indiquent qu'un nouvel accord devrait dans ce cas être conclu entre la Ligue et le groupe sino-espagnol.
L'hypothèse d'une reprise "clé en main" de la chaîne et de ses moyens techniques et éditoriaux par la LFP ou un autre opérateur, pour une diffusion provisoire, est avancée par ces sources, alors que Téléfoot propose déjà actuellement des offres à la journée ou à la semaine pour les téléspectateurs. De son côté, Canal+ a aussi proposé une solution provisoire, via une diffusion en "pay per view", un paiement à la séance, sur ses plateformes... Une hypothèse qui mettrait sans doute fin à Téléfoot, mais encore faut-il que la Ligue s'engage sur cette voie risquée.
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Julien Bergeaud, en charge de la distribution de Téléfoot, aux côtés de Jaume Roures, le patron de Mediapro

Crédit: Getty Images

"Floués et tristes"

L'avenir est donc très incertain pour les salariés, dont deux représentants ont fait part des inquiétudes de la rédaction lors des débats de mi-décembre au tribunal de commerce de Nanterre. Ils avaient alors demandé "des assurances" des dirigeants, estimant que "la pérennité" de l'entreprise n'était "pas assurée" malgré la promesse d'un "plan de sauvegarde de l'emploi", selon la décision du tribunal consultée par l'AFP.
Un mois plus tard, selon plusieurs salariés, les contours de ce plan de sauvegarde restent inconnus car ils dépendront des modalités de fermeture de la chaîne. Si les journalistes continuent leur mission, l'amertume est bien présente. Même si certains estiment qu'il est "trop tôt" pour évoquer "le gâchis" de la création de la chaîne, plusieurs actions ont été menées avant les fêtes. Une minute de silence a été respectée par les commentateurs au début du multiplex du 23 décembre, l'animateur Thibault Le Rol décrivant à l'antenne les membres de la rédaction comme les "dindons de la farce".
"On se sent floués et tristes, car l'aventure était assez belle", s'émeut un employé. "Le boulot éditorial, honnêtement, est remarquable. Je pense que, malheureusement, tous les acteurs, du directeur général au pigiste, ont été embarqués dans un truc où ils n'avaient pas de maîtrise".
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