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Résultats convaincants, jeu poussif : le paradoxe Nice

Fabien Esvan

Mis à jour 08/11/2020 à 15:25 GMT+1

LIGUE 1 - Quatrième de Ligue 1, Nice réalise l’un des meilleurs débuts de saison de son histoire. Pourtant, malgré des résultats convaincants, le Gym et Patrick Vieira ne semblent pas forcément faire l’unanimité, la faute à des performances irrégulières notamment dans dans le jeu. Mais faut-il pour autant s’inquiéter ? Tentatives d’explications.

Les joueurs de l'OGC Nice célèbrent un but face à l'ASSE en Ligue 1

Crédit: Getty Images

Nouveau constat amer pour les Aiglons jeudi soir. Battus par le Slavia Prague en Ligue Europa (3-2), les Niçois ont, une nouvelle fois, déçu sur la pelouse du champion de République tchèque. Sans solution, sans allant, les coéquipiers de Pierre Lees-Melou sont rentrés à Nice avec une performance plus que poussive dans les valises. Une situation qui pose question pour certains cadres comme Morgan Schneiderlin, lucide après la rencontre. "On le sait tous, il faut changer de mentalité. C’est dur de parler, il faut des actes."
Car depuis le début de saison, mais pas que, les pensionnaires de l’Allianz-Riviera évoluent sur courant alternatif. Quatrièmes, à seulement quatre unités du PSG, les Niçois sont capables de montrer de belles choses sur les pelouses hexagonales avec des séquences de jeu de grande qualité. Mais très vite, les joueurs de Patrick Vieira peuvent également complètement déjouer, quitte à bafouer leur football. Comme un sentiment de frustration.
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Kephren THURAM of Nice celebrate his goal during the Ligue 1 match between OGC Nice and FC Nantes at Allianz Riviera on October 3, 2020 in Nice

Crédit: Getty Images

Des Aiglons à réaction

Ce goût d’inachevé, Nice l’entretient depuis plusieurs mois déjà. Sèchement balayés à Leverkusen en Ligue Europa (6-2), ils avaient vite relevé la tête trois jours après, face à Lille. Comme un sursaut d’orgueil. "Face à Lille, c’était probablement l’un de leurs meilleurs matches", confie Vincent Menichini, journaliste pour Nice-Matin. "Ils sont beaucoup mieux depuis Leverkusen et depuis qu'ils sont passés dans un système à trois derrière. Ils ont l'air de mieux comprendre ce que veut mettre en place Patrick Vieira."
Mais quelques jours plus tard à peine, Nice est retombé dans ses travers à Prague. De quoi raviver l’éternel débat de la régularité côté niçois. Une anomalie imputable aux joueurs, mais qui semble aussi se poser à l’entraîneur.
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Jordan Lotomba (Nice) contre le Slavia Prague

Crédit: Getty Images

"Vieira progresse malgré tout..."

Débarqué avec de prometteuses intentions il y a trois saisons, l’entraîneur tricolore ne semble pas avoir trouvé la formule durable pour son Gym, malgré quelques fulgurances. "Vieira progresse malgré tout. Sur ce début de saison, c'est mieux par rapport aux autres années. Les matches à Angers et face à Lille le montrent", souligne Jean-Philippe, également connu sous le surnom de Sky, sur le podcast Avanti Nissa.
De plus, cette situation ne semble pas inquiéter Dante, le capitaine niçois, victime d’une rupture des ligaments croisés et absent pour la saison. "Le coach est un jeune entraîneur. Il y a du jeu, mais il faut être patient. On met quelque chose en place", déclarait l’international auriverde sur RMC il y a quelques jours.
Cependant, du côté des supporters, la grogne semble peu à peu monter. "Il est de plus en plus décrié car il a entamé sa troisième saison à Nice. Et personne ne saurait vraiment définir ce qu'est l'empreinte de Patrick Vieira et ce qu'il veut faire de cette équipe", concède Jean-Philippe.
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Patrick Vieira

Crédit: Getty Images

Et le grand ménage effectué cet été dans l’effectif (onze arrivées, dix-huit départs) joue forcément dans les productions niçoises. "On a l'impression que c'est un peu complexe à comprendre pour certains joueurs", esquisse notre confrère de Nice-Matin. "Il y a souvent des changements de système, des changements de 11 qui font que les joueurs sont perdus et n'arrivent pas à développer des automatismes. Cette année, comme d'habitude, tu retrouves un peu les stigmates d'une équipe qui performe surtout par ses individualités que par son collectif", complète "Sky".

Un seul être vous manque

Pour ne rien arranger, Patrick Vieira a perdu son taulier. "La blessure de Dante, c'est un vrai coup dur notamment car il dégage quelque chose de fort dans le vestiaire et sur le terrain. En terme de leadership, c'est une immense perte pour le club", explique Vincent Menichini. Une vision partagée par le chroniqueur d’Avanti Nissa. "Dante représentait un idéal à atteindre pour tout le monde."
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La joie de Dante, buteur face à Nantes, le 3 octobre 2020.

Crédit: Getty Images

De quoi bousculer l’effectif ? Cette longue absence pourrait, au contraire, permettre à certains joueurs de s’affirmer. Une nécessité selon le coach niçois, qui a évoqué le sujet en conférence d’après-match. "Le problème est collectif. En l’absence de Dante, plusieurs joueurs doivent prendre leurs responsabilités."

Jeunesse prometteuse, manque de cadres ; le cocktail imparfait

Mais Nice est probablement une équipe avec les défauts de ses qualités. Forte de sa jeunesse talentueuse incarnée par un Amine Gouiri de gala, l’OGCN peine à trouver une alchimie collective pour performer dans la durée, faute de cadres. "Tu as l'impression que certains joueurs se laissent porter pour différentes raisons. Mais surtout il y a un gros manque de cadres. Qui prend une décision ? Qui tape du poing sur la table ? Après, ce sont des jeunes joueurs et tu ne peux pas leur reprocher d'être au top niveau à chaque match", explique Jean-Philippe d’Avanti Nissa.
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Amine Gouiri, auteur d'un doublé face à Lens

Crédit: Getty Images

Même son de cloche pour notre confrère de Nice-Matin, qui suit le Gym au quotidien. "Cette saison, tu sentais que ça devenait intéressant avec ce schéma en 3-4-3, même si c'est encore imparfait. Je pense qu'il avait trouvé son bon schéma mais c'est aussi aux joueurs de le lui rendre. Certains joueurs n'évoluent pas à un niveau suffisant."
Performants en championnat, les Azuréens semblent se satisfaire de leur dynamique domestique. Prime aux résultats, donc ? C’est visiblement ce qui semble convenir aux décideurs azuréens, Ineos en tête, pour l’instant. "On a tout, mais on est incapable d'expliquer ce qu'il manque réellement pour que ça fonctionne dans la durée", résume Jean-Philippe.
Avant un derby très attendu contre l’AS Monaco, c’est pourtant sur ces promesses entrevues sur les pelouses de l’Hexagone qu’il faudra capitaliser. Pour enfin permettre aux Aiglons de prendre leur envol dans la durée.
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