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Un psychologue au chevet du PSG ? Mais pour quoi faire

Glenn Ceillier

Mis à jour 27/07/2022 à 11:15 GMT+2

LIGUE 1 – Selon L'Equipe, le PSG songe à faire appel cette saison à une psychologue pour travailler à temps plein avec ses joueurs. Le club champion de France voudrait renforcer l'esprit d'équipe de son groupe. Sophie Huguet, psychologue du sport, et Thomas Sammut, préparateur mental, nous expliquent ce que cela implique. Et ce que ça peut donner.

Neymar sur le banc du PSG avec Lionel Messi et Marquinhos

Crédit: Getty Images

C'est de plus en plus courant dans le sport de haut niveau. Mais la révélation de L'Équipe a fait réagir : le PSG songerait à embaucher un psychologue pour aider son équipe à passer de nouveaux caps. Le board parisien a ça en tête depuis la déconvenue face au Real Madrid en huitième de finale de la Ligue des champions la saison dernière et voudrait quelqu'un à plein temps pour épauler ses joueurs cette saison. "Les footballeurs vivent une telle pression qu’il est nécessaire d’avoir quelqu’un qui puisse être dans le staff, qui soit neutre et sans jugement et qui leur donne les clés pour mieux se comprendre", félicite Sophie Huguet, psychologue du sport qui travaille avec un club de L1.
Faire appel à une personne pour optimiser ses performances et mieux gérer ses émotions n'est plus un sujet tabou dans le monde du sport. De nombreux grands champions tricolores comme Teddy Riner, Tony Estanguet ou encore Florent Manaudou ont par exemple reconnu avoir eu recours à des psychologues ou des préparateurs mentaux et en avoir récolté les fruits. Leurs témoignages a aidé à faire avancer le sujet. Se faire accompagner quand on est un sportif de haut niveau, n'est plus un aveu de faiblesse dans de nombreux sports. Et un sujet tabou comme il y a encore quelques années. Mais si cela a fait réagir avec le PSG c'est que cela prend encore un peu plus de temps dans le milieu du football.
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Teddy Riner, en marge du match de Ligue 1 PSG-SCO Angers, le 15 octobre 2021

Crédit: Getty Images

Le football en retard : "C'est un sport extrêmement fermé sur lui-même"

Si certaines sélections – outre-Manche notamment – n'ont pas hésité à passer le cap, les clubs commencent juste depuis quelques années à s'ouvrir sur l'aspect psychologique et à prendre conscience de son importance. Mais ils communiquent encore peu sur le sujet. "C'est lié à beaucoup de facteurs. Le football reste notamment un sport très macho, remarque Thomas Sammut, préparateur mental ayant collaboré avec de nombreux grands sportifs ces dernières années. C'est un milieu qui a encore du mal à dire ouvertement qu'on s'entoure de préparateurs mentaux pour continuer à grandir. C'est un sport extrêmement fermé sur lui-même et qui n'est pas forcément ouvert à la modernité. Je l'ai vécu. Et je peux le comprendre car il y a beaucoup de personnes qui gravitent autour et cherchent à y pénétrer. Il y a tellement d'argent en jeu."
La crainte de montrer aux grands jours les failles de certains de ses joueurs peut aussi expliquer cette frilosité, de peur de voir des transferts capotés alors que le moindre détail doit être pris en compte étant donné les sommes mises en jeu. Désireux de trouver les solutions pour faire passer un cap sur la scène européenne à son groupe et ne pas revivre les traumatismes du passé, le Paris Saint-Germain serait donc prêt à balayer tout cela d'un revers de main et de prendre en compte le besoin de ses joueurs. "On voit qu'aujourd'hui au PSG, c'est une addition de talents qui ne fonctionne pas avec le meilleur rendement possible sur le plan collectif. Il y a tout intérêt à travailler dans cette direction-là, remarque Thomas Sammut, qui collabore actuellement avec le Stade Brestois après avoir travaillé quatre ans à l'OGC Nice mais aussi avec l'équipe de water-polo à Marseille qui est devenue championne d'Europe.
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Kylian Mbappé après l'élimination du PSG en huitièmes de finale de Ligue des champions face au Real Madrid.

Crédit: Getty Images

Tant que les joueurs sont au-dessous de l'institution, ça ne peut pas marcher
L'idée du board parisien serait de renforcer notamment l'esprit d'équipe avec cette approche. "Il est possible de travailler la dynamique de groupe, mais il faut avant tout que l’entraîneur soit demandeur également et y trouve un intérêt, prévient Sophie Huguet. C’est un travail de collaboration avant tout. Travailler sur l’individuel est très important, mais arriver à travailler sur la dynamique de groupe peut aussi avoir un impact significatif: comme d’arriver à mieux se connaître, mieux se comprendre, verbaliser le ressenti. Il y a peu d’espace dans leur quotidien où ils s’expriment réellement ensemble: cela permet d’améliorer les relations dans le groupe et aussi de se rassembler sur des valeurs communes et des objectifs communs par exemple".
Il faut cependant que tous les membres de l'équipe adhèrent à ce travail sur soi. Que tous se prennent au jeu. Et notamment les leaders du vestiaire bien entendu. "Tant que les joueurs sont au-dessous de l'institution, ça ne peut pas marcher. Dans tous les systèmes où je suis passé, quand ça ne marche pas, c'est uniquement à ce moment-là : quand l'ego des joueurs prend le dessus et que la base du football n'est pas respectée", prévient le préparateur mental Thomas Sammut, qui s'interroge sur l'efficacité de cette intervention si des décisions fortes ne sont pas prises pour changer en profondeur à Paris : "Soit il y a un changement radical, et on peut espérer des changements. Soit il ne faut pas rêver. Ce n'est pas une personne qui va tout changer".
Ils se feront nécessairement plus confiance à partir du moment où ils se connaissent mieux
Si un virage est pris et que les joueurs Parisiens acceptent de se plier à l'exercice, les bénéfices peuvent se voir assez vite cependant. "Tout dépend de la disponibilité des joueurs et de leur état d'esprit par rapport à ça. En trois à six mois, il peut y avoir des changements, note Thomas Sammut. Ca peut être moins long que dans un sport individuel où tout repose sur une seule personne et où il a un travail de fond pour que la personne parvienne à s'exprimer pleinement. Là, ça peut aller assez vite si c'est fait avec finesse et qu'il y a de l'écoute".
Pour cela, les séances peuvent alors prendre plusieurs formes. "Soit il s’agit de les réunir sur des thématiques communes, soit de les faire verbaliser, soit de participer à des ateliers qui les réunissent autour d’activités ludiques", nous explique Sophie Huguet. Avec un but : en sortir plus fort collectivement. Plus soudés pour affronter l'adversité et savoir comment répondre en groupe dans les moments difficiles. "A partir de là, quand il se regroupent sur des temps où ils apprennent à se découvrir autrement, l’esprit d’équipe s’améliore réellement notamment parce que chacun trouvera sa place dans l’équipe et pourra s’exprimer dans un environnement où il y aura une sécurité psychologique. Ils se feront nécessairement plus confiance à partir du moment où ils se connaissent mieux et cela aura un impact positif sur leur performance."
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