Avant Lille-Marseille - Suspendu par la LFP, absent du groupe : Dimitri Payet, fin de saison ou fin de carrière ?

Dimitri Payet a-t-il disputé le dernier match de sa riche carrière marseillaise contre Angers, dimanche dernier ? Ce scénario prend de l'épaisseur avec sa mise à l'écart du groupe pour le déplacement à Lille samedi soir. D'après les informations de RMC, le coach Igor Tudor n'aurait pas goûté le comportement du Réunionnais à l'entraînement cette semaine. Ce couac, combiné à sa suspension de trois matches fermes et de deux matches avec sursis pour une claque administrée à Yannick Cahuzac le 6 mai à Lens, pourrait ainsi signer la fin de son aventure phocéenne par la toute petite porte.

Le conditionnel est d'usage dans cette affaire, puisque l'OM a contre-attaqué dans un communiqué au vitriol et annoncé, jeudi, la préparation d'un recours. En attendant le dénouement du dossier, une question demeure : reverra-t-on le milieu offensif de 36 ans jouer avec le maillot marseillais ?

L'interrogation est sur toutes les lèvres à Marseille, où l'international français a fait la pluie et le beau temps depuis son arrivée en 2013. Son toucher de balle soyeux a fait chavirer le Vélodrome plus d'une fois ; sa personnalité clivante lui a valu de vivre des moments compliqués. Mais le Réunionnais reste un élément apprécié par la communauté olympienne, qui le sait capable de changer le cours d'un match sur un geste. L'explosion de joie du Vélodrome après son but du 2-1 contre Angers le week-end dernier est là pour le rappeler.

En juin 2020, Jacques-Henri Eyraud l'avait estampillé "Marseillais à vie", comme Steve Mandanda. L'ancien président de l'OM avait joint les actes aux mots en lui faisant signer une prolongation de contrat jusqu'en juin 2024. Cette extension particulière, à laquelle ne goûterait guère l'actuel patron Pablo Longoria, offre la possibilité au natif de Saint-Pierre d'entamer une reconversion au club dès cet été.

Au sortir d'une saison compliquée, Payet n'a pas encore annoncé sa décision. Mais la perspective de cirer le banc une nouvelle année ne l'enchanterait pas spécialement, quand bien même il mettrait un terme à son aventure marseillaise sans avoir mis la main sur le moindre trophée.

Clé de voûte de l'escouade de Jorge Sampaoli la saison dernière (46 matches, 16 buts et 13 passes toutes compétitions confondues, épopée en Conference League), le milieu offensif a vu son influence chuter de manière considérable avec l'arrivée d'Igor Tudor à l'été 2022. Un problème de compatibilité tactique, pour faire simple. Avec le technicien croate, chantre du 3-4-2-1 et des efforts répétés, le n°10 n'a pas souvent eu son mot à dire. Supplanté par Alexis Sanchez pour le premier rôle offensif de l'OM, joker de luxe de Cengiz Under et Ruslan Malinovskyi, l'esthète de la Réunion a débuté seulement 9 des 24 matches qu'il a disputés en championnat cette saison, pour des statistiques faméliques (4 buts, 3 passes).

"Il n'y a aucun problème Tudor-Payet. Ce sont ses choix, c'est lui le patron et il faut le respecter", déclarait-il le 28 août après sa première titularisation en Ligue 1 contre l'OGC Nice. L'international tricolore s'est assagi avec les années et ne partage plus médiatiquement ses états d'âme. "Si le coach fait des choix et pense que l'équipe peut être meilleure sans moi, c'est qu'il a ses raisons. A moi de lui donner tort, de lui mettre des problèmes dans la tête à chaque fois que je suis sur le terrain, à l'entraînement ou en match", préférait-il avancer en conférence de presse, fin novembre.

Son entrée à Monaco avant la Coupe du monde, ponctuée de deux passes décisives (3-2), aurait pu lui conférer un autre statut pour la deuxième partie de saison. On le pensait revenu dans les petits papiers de l'entraîneur. Pourtant, son temps de jeu n'a cessé de s'étioler. Entre le 14 janvier et le 23 avril, Payet s'est contenté de 121 minutes de jeu en championnat et d'une titularisation contre Annecy en Coupe de France. Son déclassement express sur le terrain s'est accompagné de la perte du brassard de capitaine au profit de Valentin Rongier.

Dans un entretien accordé à L'Equipe le 28 mars, Tudor avait loué le "très bon comportement" de son joueur tout en disséminant quelques messages sur la suite de leur cohabitation : "Je vois qu'il aime ce club. (...) Je suis désolé de cette situation, parce qu'il a très bien joué la saison dernière, c'était un autre foot, à un autre rythme, davantage fait pour ses qualités. Mais moi, ce football-là, je ne sais pas faire, et si je suis venu ici, je dois faire ce que je sais faire et ce en quoi je crois. Je dois suivre mon idée de jeu et choisir ceux qui vont avec cette idée."

Après 20 minutes contre Auxerre, le milieu marseillais a profité de ses apparitions à Lens et face à Angers pour inscrire ses 102e et 103e buts en Ligue 1 et rappeler son importance dans la dernière ligne droite. Une maigre consolation dans sa saison galère, qui a donc de grandes chances de se terminer samedi soir à Lille. Dans son édition de jeudi, La Provence n'a pas laissé de place au doute. Le quotidien régional a affirmé que Payet ne faisait "pas partie des plans pour le prochain exercice dans un secteur très fourni".

A ce titre, la volonté du club phocéen de défendre son milieu face à la commission de discipline de la LFP peut être perçue de plusieurs manières. Disposer d'un effectif complet pour chiper la deuxième place à Lens ? Offrir à son artiste une dernière danse au Vélodrome face à Brest ? A l'heure actuelle, il existe un monde où les fidèles de Payet se sont enflammés une dernière fois pour lui contre Angers...