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Jean-Michel Aulas n'est plus le Président de l'OL : Comment il a peu à peu perdu la main

Christophe Gaudot

Mis à jour 08/05/2023 à 19:16 GMT+2

Trois ans. C'était la promesse mutuelle faite par Jean-Michel Aulas et John Textor. Mais l'idylle qui devait permettre une transition en douceur pour l'Olympique Lyonnais n'a pas duré aussi longtemps. De fait, la prise de pouvoir financière de Textor avait programmé la fin d'Aulas mais le président tout-puissant a peu à peu perdu son club, au gré de mauvaises décisions depuis une dizaine d'années.

Aulas-Textor, une rupture prévisible ? "Deux visions s'affrontaient"

Souvenez-vous du printemps 2010. Au bout d'une décennie qui l'a vu courir derrière ce qui pour certains étaient une chimère, pour d'autres un objectif atteignable, à raison sans doute, l'Olympique Lyonnais était enfin du Top 4 européen. Paradoxal puisque le club de Jean-Michel Aulas avait en fait déjà entamé sa mue que le Président espérait bénéfique. Elle fut en fait catastrophique et si Lyon glanait en 2012 la cinquième Coupe de France de son histoire, elle reste à ce jour son dernier titre.
Chacun se souvient de l'incroyable épopée du club rhodanien et ses sept titres de champion de France entre 2002 et 2008. On oublie parfois d'accoler à cette fantastique réussite les 13 podiums de suite entre 1999 et 2011. L'année suivante, l'OL terminait à la quatrième place et devait manquer la Ligue des champions 2012-2013. Une première depuis dix ans. Toujours cette année 2012 qui marque un premier recul de l'OL dans la hiérarchie, européenne évidemment mais plus embêtant, française aussi.

Gourcuff et le grand stade, la bascule

Mais à cette époque, Jean-Michel Aulas a une obsession : le grand stade dont son club serait propriétaire. Un passage obligé pour grandir et rejoindre définitivement le gratin européen. Sa construction l'aura accaparé pendant de longues années tout en grevant franchement les finances du club. L'achat de Yoann Gourcuff à l'été 2010 (22 millions d'euros et un salaire mirifique) marque une rupture. Finis les mercatos "bling-bling" et place aux vaches maigres. Entre 2011 et 2014, l'OL ne dépense que 22 millions et vend Miralem Pjanic, Hugo Lloris ou Lisandro Lopez. De l'autre côté, Gaël Danic, Arnold Mvuemba ou Lindsay Rose arrivent…
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Tifo lyonnais au Groupama Stadium

Crédit: AFP

Aulas assume le retour en arrière qu'il prend comme un tremplin pour la suite. Et à l'été 2015, il réenclenche la marche avant. L'OL sort à nouveau le chéquier (41 millions en 2015-2016, 58 en 2017-2018 et même 126 en 2019-2020). Alors, Lyon de retour au plus haut niveau ? Pas tout à fait, même s'il se hisse deux fois à la place de dauphin derrière le PSG (2015 et 2016). Ces deux réussites et la demi-finale de C3 laissent penser que Lyon est toujours Lyon. La suite va calmer les ardeurs et le retard s'accumule déjà en coulisses.

Aulas a défendu Cheyrou jusqu'au bout

Au tournant des décennies 2010 et 2020, l'OL a sérieusement reculé et il ne fait désormais plus partie du gotha français. Chacun comprend alors que la planète lyonnaise ne tourne plus rond et qu'en interne, Jean-Michel Aulas n'a pas trouvé les solutions. Entre 2002 et 2011, il use quatre entraîneurs (Le Guen, Houllier, Perrin et Puel). De 2011 à 2022, ils sont sept à se succéder (Garde, Fournier, Genesio, Sylvinho, Garcia, Bosz et Blanc). Preuve que le Président court après la bonne formule alors que le recrutement laisse à désirer.
Ces derniers mois, la cellule menée par Bruno Cheyrou a été montrée du doigt. Problème pour "JMA", il a défendu celui-ci jusqu'au bout, lui promettant même un poste de directeur sportif dans une interview au Monde en janvier dernier. Le symbole d'un Président dépassé dans un club plus tout à fait en phase avec le football moderne. Dans l'Hexagone, Lyon passe pour une entité aux méthodes d'un autre temps et si Aulas avait pris du recul ces dernières années, il apparaît évidemment comme responsable aux yeux des nouveaux propriétaires.
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Pourquoi l'OM marche mieux que l'OL ? "Le modèle Longoria a ringardisé le modèle Aulas"

L'erreur Juninho

La tentative de promotion de Juninho à un poste de directeur sportif a vite tourné au fiasco. Si Aulas fut à l'initiative de la venue de la légende du club, il s'en est vite écarté, préférant défendre d'autres membres importants de l'organigramme face à un Brésilien sur qui il a mis tous les maux du club jusqu'à son départ, et même après.
Au fond, l'OL se cherche depuis dix ans. Après avoir mis un stop aux dépenses somptueuses, il s'est appuyé sur sa formation puis a misé sur la post-formation (Tanguy Ndombele, Ferland Mendy…) avant de revenir sur sa volonté de promouvoir ses jeunes du centre. Dans ce méli-mélo, Jean-Michel Aulas a lui aussi changé. On en veut pour preuve le départ de Bruno Genesio. Dans ces colonnes, Aulas lui-même reconnaissait avoir cédé à une partie du public et pensait s'être trompé.
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Juninho et Jean-Michel Aulas lors de la présentation de Tino Kadewere à l'OL

Crédit: Getty Images

Savait-il quand Eagle Football a pris possession de 77,5% du capital d'OL Group que ses jours étaient plus comptés que prévus ? Lui se voyait encore maître à bord pendant trois ans. Mais après une phase d'observation, John Textor et sa bande ont sans doute mesuré le retard pris par le club dans la décennie écoulée. Le dernier mercato hivernal a mis les différends sur la place publique. Le ver était dans le fruit et Textor n'a même pas attendu la fin de saison pour écarter le Président historique. Sans doute a-t-il évalué la montagne de travail qu'il fallait accomplir pour gommer une décennie de retard accumulé.
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