PSG : Neymar et le Parc des Princes, une relation brouillée en 5 épisodes clés

Un grand public, un grand joueur mais une relation toujours chargée de rancœur. Six ans après son arrivée, Neymar et le Parc des Princes n'ont toujours pas fluidifié des relations orageuses ces derniers mois. Dans l'enceinte parisienne, il est désormais de coutume que le Brésilien quitte la pelouse sans un coup d'œil vers les tribunes parisiennes, même lorsque ses coéquipiers vont communier avec le Collectif Ultra Paris. Au point que le CUP espère désormais réparer une relation abîmée. Comment a-t-on pu en arriver là ? Retour sur cinq épisodes clés.

Un feuilleton haletant et une arrivée enfin scellée. Ce 5 août 2017, le PSG a beau défier Amiens, tout le monde ne parle que de lui, pourtant pas qualifié pour le match. Recruté contre 222 millions d'euros, record historique encore à l'ordre du jour, le Brésilien est présenté en grande pompe au Parc des Princes, accompagné de Nasser Al-Khelaifi. Selon des fuites des Football Leaks, le PSG dépense près de 550 000 euros pour le storytelling entourant l'arrivée de sa rock-star : Tour Eiffel illuminée, vidéo sur le toit du Parc… tout y passe.

Déjà très bruyant la veille lors de sa présentation à la presse, le CUP en remet une couche le samedi. "Neymar, Neymar" sur un air de samba retentit dans le Parc et le Brésilien semble surpris et charmé d'une telle intensité pour son arrivée. Ce tour de stade lance des débuts idylliques pour lui à domicile avec notamment un match exceptionnel face à Toulouse pour sa première au Parc (6-2, 2 buts, 2 passes). La suite, ce sont six mois absolument incroyables, ponctués de 17 buts et 12 passes en 20 matches.

L'illustration parfaite d'une incompréhension totale. En ce 17 janvier 2018, Neymar réalise un véritable récital, certainement l'un de ses plus marquants sous le maillot parisien. Il le débute avec une passe décisive pour Angel Di Maria avant d'enchaîner les buts. Le premier sur un coup franc caressé en pleine lucarne. Le deuxième en opportuniste, du gauche, sur un ballon mal renvoyé par la défense dijonnaise. Puis le troisième, fabuleux, au bout d'une course irrésistible où il passe en revue plusieurs joueurs avant de marquer d'une frappe croisée.

L'ancien Barcelonais régale encore avec un caviar converti par Kylian Mbappé, tout juste entré en jeu, à l'entame du dernier quart d'heure. Le Parc est conquis. Mais il n'attend qu'une chose : un but de son idole, Edinson Cavani, pour voir le Matador devenir le meilleur buteur de l'histoire du club devant Zlatan Ibrahimovic. Mais quand l'Uruguayen obtient un penalty quelques minutes plus tard, c'est Neymar qui vient le tirer. Une partie du public scande le nom de Cavani mais une autre, encore plus audible, conspue le Brésilien alors qu'il s'apprête à exécuter la sentence pour signer un quadruplé.

Neymar, désigné comme tireur de penalty du PSG après le fameux "penaltygate" est incrédule. Même dégoûté. Quelques minutes plus tard, au coup de sifflet final, il quittera directement la pelouse sans communier avec le public après cet éclatant succès. Il recevra son trophée d'homme du match du bout des doigts avant de le donner rapidement à un membre du staff et de s'éclipser. Il vient de se faire siffler par ses propres supporters après avoir inscrit un quadruplé. Un phénomène inimaginable qui a inexorablement provoqué une première rupture entre la star brésilienne et le Parc.

2019 est l'année de tous les cauchemars pour Neymar. Forfait lors de la remontada de Manchester United en C1 (2-0, 1-3), à cause d'une blessure au cinquième métatarse du pied droit, le Brésilien, accusé de viol au printemps, sera le principal animateur de l'été parisien. En coulisses, il pousse pour retrouver Barcelone et Lionel Messi, lassé des échecs parisiens et de l'hystérie autour de son cas personnel. Le 11 août, pour PSG-Nîmes, il est grossièrement insulté par les supporters parisiens, avec des banderoles explicites et un chant repris en cœur par les tribunes.

Mais l'affaire capote. Un mois plus tard, Neymar fait donc son retour au Parc face à Strasbourg (1-0). Bombardé de sifflets pendant 90 minutes, il répond par un retourné acrobatique qui offre la victoire aux siens dans le money-time. "Je n'ai aucun message pour les supporters, je les comprends, s'ils veulent me huer, libre à eux", explique-t-il en zone mixte. Mais, auprès des télés brésiliennes, il se fait plus explicite.

"Je sais que maintenant je vais jouer tous mes matches à l'extérieur, lâche-t-il. C'est dommage. Je n'ai aucun souci avec les supporters. Tout le monde sait que je voulais partir. Je l'ai bien dit et répété. Maintenant je suis un joueur du PSG. La page est tournée".

Sans doute pensait-il au déclic. Alors que sa carrière parisienne fut jalonnée de blessures au pires moments possibles jusqu'en 2020, Neymar réussit sa course contre-la-montre pour revenir à temps avant le 8e de finale face à Dortmund. Buteur à l'aller mais éclipsé par la révélation Erling Haaland, le Brésilien récidive au retour pour lancer Paris vers la qualification (2-0). Tout n'est pas parfait mais le voilà enfin guerrier et décisif.

Malgré le huis-clos annonciateur de la période qui allait suivre, les Ultras parisiens se réunissent aux abords du Parc pour célébrer leur troupe. Si Di Maria est acclamé, Neymar est bien présent pour les célébrations, comme conquis par la folie inhérente au public parisien. La suite, c'est peut-être sa meilleure période parisienne, avec ce Final 8 de haute-volée dans le jeu, uniquement gâché par ce déficit à la finition. A défaut d'être complètement rétablie, la connexion Neymar-supporters semble repartir sur de nouvelles bases.

Le PSG s'y attendait. Paris sort d'une humiliation en mondovision à Madrid, où il a été éliminé en 8e de finale de la Ligue des champions en craquant totalement dans la dernière demi-heure du match. L'accueil du Parc des Princes, quatre jours plus tard lors de la réception de Bordeaux en championnat, s'annonce des plus hostiles. Elle l'est. Tous les joueurs parisiens sont copieusement hués à l'annonce de la composition des équipes, sauf Kylian Mbappé. En particulier Neymar, pourtant auteur d'une passe décisive pour Mbappé à Santiago-Bernabeu.

Le Brésilien est systématiquement conspué à chaque fois qu'il touche le ballon. Il n'en réalise pas moins une prestation plutôt aboutie. Et ponctuée d'un but, à la réception d'un centre d'Achraf Hakimi, en début de seconde période. Les tribunes latérales du Parc applaudissent, mais le bruit des sifflets des virages prend très rapidement le dessus. L'ancien Barcelonais reçoit même une bordée d'insultes, comme son coéquipier Leo Messi. "Neymar, hijo de p...", scande une partie des supporters parisiens.

La rupture est totale. Les relations déjà fraîches entre l'ancien Barcelonais et les ultras parisiens avaient encore pris une tournure quelques semaines plus tôt. "Je sais que je ne me sentirai jamais chez moi aussi", avait-il lâché dans le documentaire 'Neymar, le chaos parfait', diffusé sur Netflix à la fin du mois de janvier. Une phrase qui faisait référence à la période où il souhaitait quitter le club, en 2019. Depuis, il a prolongé son contrat avec le PSG jusqu'en 2025. Mais avec les supporters, la fracture reste difficile à résorber.