Ligue 1 - John Textor sous pression de la DNCG : l'OL est dans le flou à tous les étages

La saison lyonnaise s'est terminée à une décevante 7e place. La prochaine se prépare... au ralenti. Après un mois de mai animé par le départ de Jean-Michel Aulas et l'échec d'une qualification en Coupe d'Europe, juin est beaucoup plus calme vu de l'extérieur à l'OL. Mais en interne, la température monte d'un cran pour John Textor. Selon L'Equipe, la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG) a demandé au nouveau propriétaire des Gones de réunir 60 millions d'euros avant le 30 juin. Un exemple de plus du flou qui entoure le club rhodanien actuellement.

Commençons donc par là. L'officialisation du rachat des Gones par Textor était intervenue le 19 décembre dernier, après plusieurs reports qui avaient alimenté les doutes. De doutes sur le rachat, il n'y a plus, naturellement, mais le scepticisme sur les ressources de l'homme d'affaires américain, qui a apporté peu de fonds propres en s'appuyant en grande partie sur le fonds d'investissement Ares, est toujours présent.

Par ailleurs, l'OPA (offre publique d'acquisition) qui devait être lancée le 15 février dernier concernant les 12% d'actions pas encore acquises a pris beaucoup de retard, non sans générer une certaine impatience. Dans le cadre de cette OPA, Textor pourrait d'ailleurs proposer aux investisseurs, selon Bloomberg, la possibilité d'une cotation directe des actions de l'OL à la New York Stock Exchange ou au Nasdaq. Alors que le club rhodanien était censé quitter la Bourse après le rachat.

Dans ce contexte, difficile d'imaginer un mercato ambitieux. Textor compose aussi avec les conséquences d'une gestion dont il n'était pas responsable, et a plusieurs arguments dans son sac pour négocier avec la DNCG, mais le budget sera inévitablement limité. Avec qui pour le gérer ?

Qu'il est difficile de savoir à qui s'adresser à l'OL actuellement. Textor n'est présent en France que ponctuellement et n'est un directeur général que par intérim. Son remplaçant, lui, se fait sérieusement attendre. Le patron lyonnais a par ailleurs précisé qu'il ne nommerait finalement pas de directeur sportif propre au club rhodanien - L'Equipe précise que Dougie Freedman, directeur sportif de Crystal Palace, sera un conseiller "très écouté" de Textor -, mais un un responsable du recrutement aux responsabilités élargies. Matthieu Louis-Jean est très fortement pressenti pour occuper cette fonction à la fin de son contrat à l'OM, fin juin.

Vincent Ponsot est toujours présent mais ne sera plus le directeur du football, Bruno Cheyrou a été rétrogradé et s'occupera désormais du "bien être des joueurs", selon Textor. Pour le reste, Ludovic Giuly, qui s'occupait des attaquants, a quitté son poste pour "raisons personnelles", alors que Pierre Sage, ancien coach des U16, retrouve le club en tant que directeur de l'Académie. Le désormais ex-patron du centre de formation, Jean-François Vuillez, sera directeur technique. "Le reste de l’organigramme et de la nouvelle organisation seront dévoilés prochainement", pouvait-on d'ailleurs lire dans le communiqué sur ces derniers mouvements. Il est grand temps.

Mahamadou Diawara, milieu de terrain de 18 ans formé au PSG, vient de signer son premier contrat professionnel à Lyon. Mais pour le reste, impossible de se projeter tant que les deux précédents problèmes n'auront pas été résolus. Au milieu d'un océan d'incertitudes, un élément semble clair : le profil des joueurs attendus. Laurent Blanc réclamerait un latéral droit expérimenté, un défenseur central et un milieu défensif. Dans un entretien accordé à L'Equipe le 3 juin dernier, Textor confirmait. "Recruter un latéral droit expérimenté est une bonne idée. Un défenseur central supplémentaire serait bien". Déjà ça de pris, même si L'Equipe explique que les profils soumis par le duo Blanc-Cheyrou début mai ont été balayés.

Hormis la rumeur Samuel Umtiti, peu de noms circulent pour le moment en défense. Déjà visé l'hiver dernier, Ellyes Skhiri est toujours cité. Pour le reste, deux noms japonais beaucoup moins connus sont sortis : ceux de l'ailier de LASK (Autriche) Keito Nakamura, et du portier de Portimonense Kosuke Nakamura. Mais il y aura, avant tout, les retours de prêts à gérer. Karl Toko-Ekambi, en conflit ouvert avec le public lyonnais, sera un cas épineux à gérer car les clubs, conscients de la situation, ne se bousculeront pas dans un premier temps. On pense aussi à Romain Faivre, Tino Kadewere, Jeff Reine-Adélaïde ou encore Youssouf Koné, pour ne citer qu'eux.

Dans le sens inverse, Moussa Dembélé, Houssem Aouar (AS Rome) et Jérôme Boateng sont partis en fin de contrat, Julian Pollersbeck a résilié et Cenk Ozkacar a vu son option d'achat être levée au terme de son prêt au FC Valence. Castello Lukeba pourrait être la grosse vente de l'été, alors que Bradley Barcola et Rayan Cherki ne manqueront pas de convoitises. L'objectif affiché est de conserver les éléments majeurs. Mais la réalité financière pourrait bien rattraper l'OL.

C'est la dernière annonce forte de Textor, dans les colonnes de Globo. L'OL et Botafogo, autre club détenu par Eagle Football avec Crystal Palace et le RWD Molenbeek, vont entretenir des liens étroits sur le marché. "Nous envisageons d'utiliser Lyon pour recruter des joueurs d'Amérique du Sud qui joueront ici (à Botafogo, ndlr) en premier. Ils seront achetés par Lyon, mais passeront par Botafogo. Cela pourrait être un prêt, ou un achat collaboratif avec les clubs partageant les droits (...) Cet été, je promets que l'OL s'intéressera à un joueur et le laissera dans l'effectif de Botafogo".

Le symbole d'une stratégie pas encore très claire, et surtout fluctuante. Au moment de présenter son projet en décembre dernier, l'Américain assurait en effet ne pas vouloir créer de synergie pure entre les différents clubs d'Eagle Football. Mais le transfert de Jeffinho l'hiver dernier n'a visiblement été que la première d'une longue série de transactions.

A l'arrivée, Textor est concentré dans des manœuvres de fond, sans avoir nommé tous les hommes pour gérer le terrain. Alors que le marché des transferts a ouvert ses portes il y a une semaine, ce n'est pas franchement rassurant.