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Ligue 1 - Sérénité, proximité, sobriété… King Eric, l’homme qui a “tout changé” à Brest

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 10/05/2024 à 19:31 GMT+2

Quelques mois après avoir lutté pour le maintien, le Stade Brestois est à deux matches d’une première participation historique à la Ligue des champions, lui qui n’avait encore jamais connu la Coupe d’Europe. L’apothéose d’une saison exceptionnelle, à l’image de son entraîneur, Eric Roy dont le management proche de ses joueurs aura été la clé du succès brestois.

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La magie du football n’a aucune limite. Elle dépasse tout, y compris l’imagination des plus audacieux. Car bien rares étaient ceux qui auraient osé penser au Stade Brestois en Coupe d’Europe lorsqu’Eric Roy a repris les rênes, en janvier 2023, d’un club alors relégable (17e). Même sur Football Manager, la tâche semblait impossible. Et pourtant, voilà le club breton à deux matches d’une première participation à la Ligue des champions, au terme d’une première année et demie folle de Roy sur le banc brestois. "Quand j'ai choisi Eric, beaucoup de gens ne s'y attendaient pas, ce que je peux comprendre, a reconnu le directeur sportif de Brest, Grégory Lorenzi, dans l'After Foot il y a une semaine. Il n'avait plus entraîné depuis dix ans, beaucoup de gens l'avaient oublié". Mais le choix était beaucoup plus réfléchi qu’on aurait pu le penser au départ.

Une approche complètement différente

"C'était un choix surtout émotionnel dans le sens où je connaissais très bien mon vestiaire, mes joueurs, et je savais très bien ce dont ils avaient besoin, poursuit-il. Pour avoir échangé plusieurs fois avec Eric, c'est celui qui me semblait le plus en adéquation avec ce dont pouvait avoir besoin mon vestiaire en termes de management, d'aura, de discussion". Force est de constater qu’il avait raison. Depuis l’arrivée d’Eric Roy, Brest engrange les points à une vitesse irréelle. Depuis le 1er avril 2023, le club breton a pris 77 points en 42 matchs de championnat, soit 1,83 point par match en moyenne ! Seul Paris (89) fait mieux sur la même période. Le secret du Niçois ? Son management, assez unique.
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Eric Roy (Stade Brestois) félicite ses joueurs après le nul à Paris

Crédit: Getty Images

Dès qu’il est arrivé, les résultats et la manière de jouer ont changé, il a eu une approche complètement différente du coach précédent, explique Pierre Lees-Melou dans L'Équipe. Je ne critique pas Michel Der Zakarian mais Eric a apporté une certaine fraîcheur, un nouveau système et ça a pris tout de suite”. Sa force, le coach brestois la tire de ses joueurs, et inversement. Très proche de son groupe, il est presque plus la figure paternelle de la famille que représente le vestiaire qu’un entraîneur. “Il échange avec les familles les soirs de match, il fait la connaissance de tout le monde, s’intéresse à votre vie privée”, poursuit Lees-Melou. Et ça plait.
J’ai senti un coach proche de ses joueurs et pas un coach aux idées arrêtées
Je me souviens qu’à son arrivée, il nous avait tous reçus un par un, racontait en janvier Hugo Magnetti dans une interview accordée au site de la LFP. Il voulait créer de la proximité avec les joueurs, ce qui était un peu différent de ce que l’on avait connu auparavant. Avec Michel Der Zakarian, je dirais que, dans son management, il y avait un peu moins de proximité et davantage de rigueur. J’ai immédiatement vu un coach qui était très proche de ses joueurs. J’ai senti une écoute et pas du tout un entraîneur qui venait avec des idées arrêtées. Ça a fait la différence selon moi”. Et si les résultats ont tardé à suivre (2 victoires, 5 nuls et 4 défaites sur les 11 premiers matches l’an passé), tout l’effectif a fini par prendre le sillage de son entraîneur, qui n’a jamais cessé de transmettre de la confiance et de la sérénité à son groupe.
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Eric Roy prend dans ses bras Romain Del Castillo, héros brestois à Lorient (0-1)

Crédit: Getty Images

Étant donné notre situation à son arrivée, il nous a d’abord apporté des ondes positives, expliquait Hugo Magnetti. Malgré le bon intérim de Grougi-Bourgis-Lachuer avant lui, on ne gagnait plus beaucoup à cette époque… Alors, son état d’esprit nous a boostés. Il a apporté son calme, sa sérénité”. Et rien ne vaut la confiance. “Pour un joueur c’est très important quand un coach te fait confiance, avouait Romain Del Castillo dans un entretien pour Free Ligue 1. En plus, lui il arrive à faire confiance à tout le monde, même ceux qui ne jouent pas. Je pense qu’ils sentent la confiance du coach et, pour le groupe, c’est primordial”. Avec la confiance viennent les performances et avec les performances viennent les résultats. “Éric Roy a changé le Stade Brestois, assure Magnetti. Car ce que l’on fait cette saison, je pense que l’on savait le faire l’année dernière. Mais avant, on ne voulait pas prendre le risque de perdre. Désormais, nous parvenons à le faire tout en prenant du plaisir”. Sans oublier la base du jeu brestois
C’est plus un manager qu’un coach
Il nous a transmis une identité, celle de jouer avec nos valeurs, ce qui revient pour nous à ne jamais rien lâcher, explique le milieu de terrain brestois. On se sent comme dans une famille. On a tous envie de se battre les uns pour les autres. Il a déjà eu plusieurs casquettes dans ses clubs par le passé au sein des directions sportives donc cela lui a permis d’avoir un regard différent de celui d'entraîneur”. Mais si la méthode Roy fonctionne aussi bien, c’est aussi car son management plaît à ses joueurs par sa, relative, douceur.
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C’est plus un manager qu’un coach, assure Lees-Melou. Il ne va pas souvent crier, pas beaucoup parler sur une séance. Il va prendre les mecs à part, leur parler en tête-à-tête”. Une méthode qui ne date pas d’hier. “Son style, c’est entre les méthodes des anciens coachs et les nouveaux, expliquait en janvier 2023 son ancien joueur à Nice Danijel Ljuboja. Tout est programmé, il ne fait rien à moitié. Il sait les moments où il faut être calme et ceux où il faut gueuler”. Que ce soit pour défendre son équipe ou se plaindre de l’arbitrage comme pour reprendre ses joueurs lorsqu’ils le déçoivent, à l’image du match contre Montpellier l’an dernier.

King Eric

Tu peux avoir un match sans, j'ai été joueur également, mais ce qui m'a fortement déplu, c'est l’attitude des uns et des autres", fulminait-il alors. Car, pour King Eric (“il déteste qu’on l’appelle ainsi”, rigole Lees-Melou), le principal mot d’ordre est de ne jamais rien lâcher. “Ce qu’il nous répète beaucoup, c’est qu’il faut que l’on soit une équipe chiante à jouer, difficile à battre, que pour cela, il faut mettre de l’intensité”, explique Magnetti, symbole de ce Stade Brestois qui n’en finit plus de surprendre. Au point que la surprise n’en est plus une. Et que le choix Eric Roy a désormais tout du coup de génie.
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