Ligue 1 | Saint-Etienne - Lyon | Le problème n'est pas François Letexier mais le système derrière la VAR
Mis à jour 23/04/2025 à 10:24 GMT+2
François Letexier n'officiera pas en Ligue 1 ce week-end. L'arbitre a été mis au repos forcé après avoir été désigné coupable d'une grosse erreur en choisissant de ne pas exclure Lucas Stassin lors du match entre Saint-Étienne et Lyon. En réalité, son cas met plutôt en exergue les travers d'un système très imparfait construit autour de l'assistance vidéo à l'arbitrage.
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Video credit: Eurosport
Il faut toujours trouver un coupable et puisqu'il est arbitre, François Letexier a la gueule de l'emploi. Depuis dimanche et un derby entre Saint-Étienne et Lyon (2-1) qu'il a considérablement influencé avec une mauvaise décision, l'homme au sifflet est vilipendé y compris par certains (parmi lesquels Antoine Kombouaré) qui, il y a quelques semaines à peine, réclamaient de soutenir l'arbitrage français.
Letexier s'est trompé et l'a vraisemblablement admis, à en croire John Textor. Pas sûr que dans son cas, une faute avouée soit à moitié pardonnée. Mais il faut aussi se souvenir qu'il n'aurait jamais dû se retrouver dans cet infernal tourbillon de critiques : à l'origine, il avait pris la bonne décision en excluant spontanément Lucas Stassin, coupable d'une vilaine semelle sur Corentin Tolisso.
Il s'est ensuite retrouvé piégé par tous les travers qui entourent le VAR. Dans ses textes, l'IFAB - l'instance qui détermine et fait évoluer les lois du jeu - précise que "l'arbitre assistance vidéo [...] peut uniquement aider l'arbitre en cas 'd'erreur manifeste' ou 'd'incident grave manqué' [...] dans une situation de carton rouge direct." Autrement dit, jamais il n'aurait dû être interpellé à la suite de sa décision et si coupable il y a, celui-ci ne se trouvait certainement pas sur le terrain dimanche.
Une technologie et plusieurs hommes
Mais François Letexier a été invité à revoir les images et, comme dans tous les cas comme celui-ci, cela suggérait déjà qu'il s'était trompé. Car sans "erreur manifeste", pas d'appel des assistants vidéo. Ce sont les textes qui le disent. Problème, la vidéo est un support technologique autour duquel des décisions sont prises par des arbitres qui, comme tous les humains normalement constitués, ne voient pas qu'un défilement d'images : ils les interprètent avec leur vécu, leur expérience, leur recul, leurs connaissances d'un règlement pas toujours très clair (on vient de le démontrer) et leur sensibilité.
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Video credit: Eurosport
Il n'y a donc plus qu'un seul officier qui décide sur le terrain mais plusieurs. Dimanche, c'est Willy Delajod, l'arbitre assistant vidéo, qui a invité François Letexier à revoir des images choisies par un opérateur pour mettre en exergue une "erreur manifeste". "Face aux images, il aurait été souhaitable de proposer à l'arbitre d'autres angles de caméras (notamment celui de la caméra "loupe gauche") qui auraient alors permis d'identifier avec davantage de précision la nature du geste et d'éviter que l'arbitre n'infirme sa décision initiale", a expliqué la direction de l'arbitrage dans son débrief de matches publié lundi. Multiplier les interprétations n'a jamais été un bon moyen d'obtenir de la cohérence.
L'injustice est devenue encore plus insupportable
On pourra toujours trouver une légitimité au VAR : c'est ce que la DTA tente de faire, chaque saison, en dévoilant dans un rapport le taux d'erreurs corrigées - c'était 72% l'année dernière - grâce à elle. Un pourcentage élevé qui n'empêche pas, donc, que des fautes graves passent à travers les mailles du filet pendant des rencontres à la fois importantes au niveau régional mais aussi capitales dans la course au maintien ou à l'Europe
Ce type de données crée une croyance selon laquelle le football est devenu plus juste. Libre à chacun de se forger son propre avis autour de cette théorie. Mais force est de constater, aussi, qu'elle a rendu les injustices beaucoup moins digestes : il est beaucoup plus difficile d'accepter des mauvaises décisions lorsqu'elles sont confirmées face à l'évidence plutôt que lorsqu'elles l'étaient sur une analyse spontanée voire intuitive. Le coupable n'a donc pas de nom mais il se cache souvent derrière trois lettres, V-A-R, au sens propre comme au figuré.