Rennes - Lilles - Plus fort face au PSG que face à Lorient : Les mystères de Genesio
Bruno Genesio cultive dans sa vie d'entraîneur un bien curieux paradoxe : ses équipes ont renversé les meilleurs clubs du monde mais elles se sont vautrées, aussi, face à des formations sans lustre. Depuis des années, il nourrit une forme de constance incarnée cette année par ses victoires contre les deux clubs de Madrid et ses défaites face à Dunkerque, Le Havre ou Saint-Etienne.
Faut-il virer Labrune pour sauver les clubs de L1 ?
Video credit: Eurosport
Bruno Genesio est un personnage toujours modéré. Jamais vous ne le verrez hurler après une défaite ni sortir les cotillons pour fêter une victoire. C'est un homme de mesure. Pourtant, sa carrière ressemble à un immense grand huit avec des haut très hauts et des bas très bas. Il trimballe depuis ses débuts sur le banc à Lyon, en janvier 2016, une singulière habitude devenue, au fil du temps, une ADN : ses équipes s'adaptent à l'adversité. Elles sont souvent excellentes contre les gros et bien moins inspirées contre les sans-grades. À Lyon, Rennes ou Lille, le théorème se vérifie.
Exemple, parfait, de cet éternel grand écart : la saison en cours. Le LOSC a réussi l'exploit de battre le Real Madrid de Carlo Ancelotti, Vinicius et Jude Bellingham ainsi que l'Atlético Madrid d'Antoine Griezmann. Mais il s'est aussi incliné face à l'AS Saint-Etienne et Le Havre, deux des pires équipes du championnat, et s'est fait éliminer en Coupe de France par une formation de Ligue 2, Dunkerque.
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Rémy Cabella et Lille bousculés par Le Havre.
Crédit: Getty Images
Son OL souffrait déjà des mêmes symptômes. Il avait rendu fou le Manchester City de Pep Guardiola (une victoire et un nul) mais perdait régulièrement ses moyens, surtout à l'extérieur, contre des équipes de rang inférieur (Dijon, Nantes, Reims, Strasbourg). Il avait même fait, par deux fois, une croix sur une Coupe de France qui lui tendait les bras après une défaite à Caen et une autre, celle de trop, à domicile contre Rennes.
Bruno, c'est un état d'esprit
En Bretagne, justement Génésio s'est fait une spécialité : battre la meilleure équipe de L1 et l'un des cadors européens, le PSG. Trois victoires en six matches qui lui ont permis d'acquérir le statut de bête noire des champions de France. Mais chaque fois que Rennes pouvait prétendre à rêver plus grand, Clermont, Reims ou d'autres le faisaient retomber sur terre. Son bilan est curieux. Depuis 2016, les ratios de victoires de Bruno Genesio face au PSG (42%), Monaco (42%) et Marseille (44%) en Ligue 1 sont supérieurs à ceux face à Reims (37%), Nice (28%) ou Lorient (37%). "On va dire que l’on arrive à faire de grandes performances face aux grosses équipes et que l’on a un peu plus de mal à battre des équipes qui sont moins bien classées", reconnaissait-il lui-même mi-janvier après des nuls face à Auxerre et Nantes.
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Bruno Genesio avec le Stade Rennais
Crédit: Getty Images
Comment l'expliquer ? Gilles Rousset, son ancien adjoint à Lille ou au Beijing Guoan en Chine, sait pourquoi l'ancien Gone arrive à faire mal aux équipes censées être supérieures : "Bruno n'a pas peur de tenter des choses contre les gros, nous explique l'ancien gardien de Lyon. Je me rappelle quand l'OL joue City, il n'avait pas eu peur d'aller les chercher très haut et quasiment de faire du un contre un pour les empêcher de ressortir le ballon. Son point fort, c'est qu'il arrive à faire comprendre aux joueurs qu'ils ont à un coup à jouer. Bruno, c'est un état d'esprit."
Meilleur contre Pep Guardiola que contre Régis Le Bris
Voilà comment il est devenu, avec Jürgen Klopp, le seul entraîneur au monde à avoir vaincu des équipes de Pep Guardiola, José Mourinho, Carlo Ancelotti et Diego Simeone. Mais alors pourquoi ne maintient-il pas le même niveau d'exigence face au commun des mortels en L1 ? Pourquoi y'arrive-t-il mieux face à Pep Guardiola que face à Régis Le Bris ? "Très franchement, je n'en sais rien parce qu'il ne prend personne de haut, continue l'ancien gardien des Bleus. Il met la même application dans la préparation des matches, quel que soit l'adversaire."
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Bruno Genesio et Pep Guardiola se serrent la main
Crédit: Getty Images
Les faits sont pourtant là. Comme Lille lors des derniers jours, ses équipes peuvent se relâcher quand plus personne ne s'y attend et c'est aussi pour cela qu'il n'a encore gagné aucun titre. Dunkerque, Nancy, Caen : avec Lille, Rennes ou Lyon, il a perdu face à des adversaires bien plus faibles en Coupe de France. En Ligue 1, c'est la même chanson. Mais au fond, Genesio a aussi subi l'histoire des clubs dans lesquels il est passé. Voilà plus de dix ans que l'OL est un club de coups sans régularité ni constance dans ses résultats. L'histoire très récente du Stade Rennais épouse un peu la même trajectoire. Contrairement à Christophe Galtier ou Rudi Garcia, Genesio n'a jamais pris les rênes d'une grande équipe européenne. Aujourd'hui, même si ses responsabilités sont réelles, il se heurte aussi à la limite de son CV.