Toulouse - Saint-Etienne - Les Verts : recrutement raté, saison pourrie ?

L'AS Saint-Etienne aurait pu jouer dix heures d'affilée dimanche dernier face à l'OM sans que Geronimo Rulli ne tâche son short. L'incapacité des Verts à se montrer dangereux fut proprement ahurissante. Le problème, c'est que ce n'est pas la première fois qu'ils sont complètement démunis depuis le début de saison. Les claques à Rennes (5-0) et Brest (4-0) ou l'humiliation à Nice (8-0) traduisent l'écart de niveau entre l'ASSE et la plupart des équipes de L1. Près de la moitié des matches que les Stéphanois ont semblé scellé dès l'heure de jeu.

Et si les revers face à Marseille (0-2), Lens (0-2) ou Lyon (1-0) demeurent plus raisonnables, il ne faut pas se fier au score tant les Verts ont subi les évènements. Bref, le retour en Ligue 1 se passe mal et s'il ne faut pas circonscrire leurs ennuis à un seul et même facteur, le recrutement mené par les nouveaux propriétaires est l'une des principales explications du début de saison raté. Il suffit de faire du cas par cas pour que l'évidence crève les yeux. Parmi les 9 recrues, seul Zuriko Davitashvili (5 buts), quoiqu'inconstant, donne satisfaction et a vu sa valeur grimper sur le site de référence Transfermarkt. 

Lucas Stassin est le symbole des ratés de l'été. Parce que Saint-Etienne n'avait jamais dépensé autant d'argent pour un joueur (10 millions d'euros) et qu'il n'a toujours pas marqué. Pire, le jeune avant-centre de 20 ans n'a tiré que 6 fois au but en 11 matches ! Il ne pèse jamais sur les défenses, se fait trop souvent dominer par son adversaire direct, comme Balerdi qui s'est régalé dimanche, et donne l'impression de ne pas être encore prêt pour l'intensité de la L1.

Trop tendre, trop vert, trop gentil. L'international Espoirs belge se débat avec ses armes du moment. Stassin est typiquement le genre d'attaquant qui doit grandir tranquillement sur le banc à l'ombre d'un avant-centre confirmé. Lancé dans le grand bain trop vite, il n'est pas prêt et voit sa confiance s'éroder au fil des semaines. C'est une constante parmi les recrues stéphanoises : elles n'ont globalement pas prouvé qu'elles avaient le niveau du championnat de France.

Pierre Cornud, le défenseur gauche, est en naufrage constant depuis ses débuts jusqu'à son alignement dramatique sur l'ouverture du score de l'OM dimanche dernier. A Nice lors du 8-0, l'ancien défenseur du Maccabi Haïfa a sombré dans des proportions inquiétantes et si le côté gauche des Verts est leur point faible depuis août, il en est la principale raison. Augustin Boakye et Ben Old non plus ne connaissaient rien de la L1. Le premier n'a jamais pesé sur le cours d'une rencontre, le second a montré un semblant de quelque chose lors de la victoire face à Auxerre (3-1) avant de se blesser. Pierre Ekwah est important pour stabiliser le onze mais il manque encore d'épaisseur pour s'affirmer complètement.

Reste le cas Younès Abdelhamid, seule valeur sûre de L1 débarquée cet été. Un corner stupide concédé face au Havre qui coûte un but, des duels perdus à Brest, responsable de quatre buts à Nice, sifflé par son propre public face à Lens : il vit un enfer depuis son arrivée. Il a longtemps incarné la détresse de la deuxième pire défense d'Europe. Ses dernières sorties sont un peu plus encourageantes mais son manque de vitesse met trop souvent l'ASSE dans l'embarras.

Au lieu de renforcer le promu, le recrutement orchestré par les nouveaux férus de la data l'a fragilisé. Aujourd'hui, privé d'Irvin Cardona, homme central de la montée, et de Nathanaël Mbuku, l'équipe semble bien moins armée qu'en Ligue 2. C'est un comble. Avec 13 points en 14 matches, l'ASSE file tout droit dans l'ascenseur… à moins de réussir son mercato d'hiver.