Ligue 1 | 14e journée | Pour Corentin Tolisso, la voie de l'équipe de France passera par l'excellence au quotidien

Auteur d’un triplé face au Maccaibi Haifa, Corentin Tolisso enchaîne les performances avec Lyon, qui accueille Nantes en clôture de la 14e journée de Ligue 1. Décrit comme un "grand joueur" par son entraîneur, le milieu de terrain n’a pas pour l'heure les faveurs de Didier Deschamps. A 31 ans, le milieu se dit de son côté dans la forme de sa carrière et s'est fixé la Coupe du monde comme objectif.

"Pour moi, Platini est un plus grand joueur que Zidane"

Video credit: Eurosport

Il y a parfois des joueurs dont la carrière ne semble pas avoir eu de milieu. Ce pour qui on fredonnerait avec Aznavour "où sont-ils à présent (ses) vingt ans". C’est peut-être quelque chose de très personnel dans l’appréciation, mais Corentin Tolisso fait partie de ceux-là qui ont eu des débuts flamboyants, et qui se sont métamorphosés en un clin d’oeil en vieux briscards du groupe sans que le moment idoine se soit complètement matérialisé.
Dans le cas du Lyonnais, il y a tout de même des éléments pour rationaliser ce sentiment. Déjà, il y a eu ce talent précoce, indéniable, symbolisé par cette alliance rare de puissance, de technique, et un sens certain du but. A 24 ans, Tolisso était déjà une star à Munich, champion du monde. Mais il était aussi souvent remplaçant, joker de luxe dans des groupes garnis plus que de raison. Ce n’était pas grave, l’avenir, notamment chez les Bleus, était pour lui.

"Grand joueur" cherche grande heure

Il y a aussi les blessures, et cet avenir international à l'arrêt depuis 2021, comme un symbole de cette cassure dans une carrière en forme de fusée dont le dernier étage ne s'est pas tout à fait lancé. Il y a enfin le froid constat de l'âge : aujourd'hui, à 31 ans, c'est le moment où jamais pour le milieu de terrain. Heureusement, physiquement, tout va mieux. Le joueur est le poumon d’un OL surprenant. Il vient de s’offrir face au Maccaibi Haifa un triplé retentissant, démontrant sa capacité habituelle à débloquer des situations.
"Je pense que Tolisso est un grand joueur. Lorsqu'il est positionné plus haut, près de la surface, c'est un joueur capable de faire la différence. Sur ce match, il a su faire preuve de patience et se placer dans les bons espaces, ce qui lui a permis de marquer", a salué Paulo Fonseca après le match. "J'ai toujours aimé marquer. Quand j'étais plus jeune, j'étais avant-centre. J'ai changé de poste à 13 ans. J'ai cette détermination avant chaque match de vouloir marquer", a commenté le joueur dans sa conférence de presse avant le match face à Nantes.
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"Chevalier n’est pas devenu mauvais, mais il ne faut pas que ça dure six mois…"

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Il y a quelque chose de symbolique dans cette déclaration, qui rappelle plus les prises de parole de jeunes joueurs présentant leur CV, que de vétérans dont les qualités sont tout de même connues du grand public et du sélectionneur. Comme si Tolisso savait que les Bleus ne l'avaient jamais vraiment découvert, qu'il était passé de l'autre côté de la barrière sans avoir le temps de laisser son empreinte, et qu'il lui fallait redoubler d'effort pour prouver ses qualités. Ce samedi, les questions ont d'ailleurs plus tourné autour de l'équipe de France que de Nantes. "La Coupe du monde est un objectif", a-t-il reconnu de but en blanc. "Cela m'aide à performer sur le terrain puisque je sais où je veux aller".
Je ne lâcherai pas"
"Je pars de loin", a tempéré Tolisso, visiblement déterminé à convaincre le sélectionneur Didier Deschamps, qui l'avait laissé de côté lors du dernier rassemblement malgré les nombreuses blessures au milieu. "J'ai ce petit regret de ne pas aller au-dessus quand je me sens bien comme ça," a ajouté le joueur, insistant cependant sur le fait "qu'il respecte énormément les décisions, pour moi, c'est toujours à moi de faire plus pour être sélectionné".

De la place, mais...

Le paradoxe dans l’absence du joueur chez les Bleus, c'est que si l’on compare le Tolisso de 2018 et celui d’aujourd’hui, difficile de donner la primeur au premier. Certes est-il un peu moins vif, mais la vitesse n’a jamais été sa qualité première. En revanche, il est plus mûr, plus décisif, plus leader qu’il ne l’était. Et il contrôle mieux ses coups de sang. Il ne serait donc pas si absurde de le considérer meilleur aujourd’hui qu’à l’époque. "Je suis dans la meilleure forme de ma carrière", a-t-il confirmé face aux médias.
Il postule en outre dans une période où il y a tout de même plus de place. Si Aurélien Tchouaméni est bien installé, il n'est pas encore l'équivalent de ce qu'était Paul Pogba en bleu. Tout Madrilène qu’il est, son compère Eduardo Camavinga n'est pas une référence indiscutable sous le maillot tricolore comme N’Golo Kanté ou Blaise Matuidi ont pu l’être. Et si Warren Zaïre-Emery est là, pourquoi pas Tolisso ?

Trouver la bonne case

Le problème, c'est que sa non-sélection n'est pas qu'une question de niveau de jeu. Ce n'est pas la première fois qu'il joue (très) bien sans être rappelé. L’âge n’est pas qu’un numéro ou une question de physique. C'est aussi une perception extérieure ainsi qu'une construction sur le long terme, un équilibre à trouver. Longtemps trop jeune, voilà le Lyonnais trop vieux, si l’on suit les propos de Didier Deschamps à son sujet après la dernière liste "Il a fait partie de la génération victorieuse, je ne l'oublie pas. Mais je vois ça dans un avenir un peu plus lointain. A partir du moment où je fais certains choix sur des jeunes qui ont moins d'expérience et de temps de jeu, je préfère prendre cette option-là". 
Evidemment, d’aucuns pointeront du doigt un argument fragile de la part du même sélectionneur qui donne toujours une chance à N’Golo Kanté et ses 35 ans, mais force est de reconnaître qu’il y a aussi une logique. S’il revient, Tolisso ne peut plus postuler chez les Bleus en tant que jeune espoir de demain. Il ne peut revenir que dans la position de cadre, sur le terrain ou en dehors. Sa concurrence se nomme Adrien Rabiot, pas Warren Zaïre-Emery. Le Lyonnais est-il intrinsèquement moins fort que l’actuel milieu du Milan ou que les milieux du Real ? Chacun aura son opinion là-dessus. Mais, là encore, c'est plus compliqué que cela.
Si l’on se fie aux habitudes de Didier Deschamps, un tien vaut souvent mieux que deux et demi tu l’auras. Pour prendre sa place, Tolisso doit faire mieux que mieux vis-à-vis de ses concurrents. Il faut de la régularité, devenir une évidence. Une solution plutôt qu’un casse-tête à régler pendant la Coupe du monde. "Le sélectionneur l'a dit, je ne peux rien faire de plus, il y a de la concurrence. À moi d'être régulier, de performer et je crois vraiment au fait que le travail va être récompensé, j'y crois dur comme fer", a-t-il expliqué ce samedi, comprenant visiblement la tâche qui lui incombe s'il veut renouer le fil de son histoire. Avec son triplé, Tolisso a braqué les projecteurs sur lui. A lui de confirmer au quotidien pour forcer la main du Basque, et cela commence par une capacité à enchaîner face à Nantes ce dimanche à 20h45.
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